PRIX DU MEILLEUR MONTAGE SON AU FESTIVAL DU FILM DE BEYROUTH
MICHEL KAMMOUN: ON A LE'ELEMENT HUMAIN; IL NOUS MANQUE L'INFRASTRUCTURE"
Le Festival du film international a décerné le prix “Meilleur son et effets spéciaux” à “La douche”, dernier court métrage de Michel Kammoun.
“La Revue du Liban” a rencontré le jeune réalisateur.
 

Sur le plateau du tournage.
 
UN FILM DE GENRE
Pourquoi “La douche”?
L’idée du film est née il y a six ans. C’était assez compliqué à faire, puisqu’on a deux personnages principaux, sinon un face-à-face entre l’homme et la salle de bain. “La douche” est un film de genre qui n’a rien à voir avec la guerre. Il peut être projeté à n’importe quel moment et compris, indépendamment d’une culture quelconque. Je voulais réaliser un film de qualité montrant qu’on n’est pas sous-développé; qu’on a l’élément humain même si l’infrastructure manque.

On y remarque l’absence du dialogue?
De nature, je suis très peu bavard dans le cinéma. J’ai déjà fait un court métrage: “Ombres”, sans dialogue. C’est plus difficile et plus intéressant. Difficile de raconter une histoire sans dialogue et que les choses soient claires pour les spectateurs. Aussi, est-ce plus excitant de dire les choses à travers l’image par un langage cinématographique pur, la musique, le son.

LE SON, REMARQUABLE
Le son est vraiment remarquable.
C’est la première fois que je travaille énormément le son. Tout le montage sonore a été fait en postsynchronisation, en postproduction. Je travaillais avec de jeunes Libanais très talentueux et doués: Muriel Abourrousse a travaillé la lumière, l’image; Mohamed Kebbé s’est occupé du montage sonore; la musique de Hani Siblini; Oumeima el-Khalil a interprété une chanson de cinquante secondes à la fin. C’est la première fois que je fais tout le travail ici. Seul le mixage a été réalisé dans un laboratoire à l’étranger. Pour cela, il est important d’avoir une infrastructure au Liban, des laboratoires de cinéma pour être autonome et faire un film sans devoir voyager.

Comment qualifiez-vous votre relation avec Raymond Hosni?
Raymond est un acteur extrêmement doué, très expressif. Lorsque je lui ai proposé le rôle, il m’a avoué être claustrophobe et détester l’eau. Ceci l’a aidé sûrement à mieux incarner le rôle, à mettre tout dans le film et à vivre cet état d’âme.

L’ÉLÉMENT HUMAIN, FACTEUR PRIMORDIAL
Avez-vous eu des difficultés à produire votre film?
Le film a été coproduit par le Festival Ayloul et Talkies qui ont mis à ma disposition toute leur infrastructure.
C’était leur première expérience dans le cinéma; ils avaient envie de se lancer et cela s’est très bien passé. Aussi, Gabriel Chamoun a, tout au long du film, apporté son concours et son soutien à la production. C’est pourquoi, je dis qu’il y a un vent de changement qui encourage.

Comment voyez-vous l’avenir de l’art cinématographique libanais?
Toute une génération de Libanais veut faire du cinéma. Je suis optimiste par rapport à l’élément humain. J’espère que le fond de soutien va aboutir; il faut faire des films et l’Etat va suivre.
Et la coproduction?
Elle ouvre des portes à de financements supplémentaires; a ses avantages et inconvénients, mais c’est un point positif.

LA QUALITÉ PRIME
Quel rôle attribuez-vous aux chaînes télévisuelles libanaises?
A l’étranger, le cinéma est produit par la télévision. Au Liban, c’est un monde à part, assez hermétique à nous autres cinéastes; peut-être par manque de moyens ou par pur désintérêt.

Comment habituer le public au cinéma national?
Les gens provenant de n’importe quels culture ou pays, sont avides de leur image. Il y a le problème du miroir. Or, le cinéma est le miroir de la société; les gens ont besoin de se voir, de s’identifier. Même si les écrans sont envahis par le cinéma américain, ils iront voir un film de bonne qualité qui les touche. La qualité du film prime.

Mais le cinéma libanais est sporadique?
Je ne m’inquiète pas. Les Libanais aiment le cinéma. Toutefois, les distributeurs doivent participer plus activement en aval, outre l’initiative personnelle, le soutien de l’Etat, le concours des chaînes de télévision et les coproducteurs étrangers. La concordance de tous ces facteurs peut aboutir à entamer le processus.

M.A.-K.

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