On y remarque l’absence du dialogue?
De nature, je suis très peu bavard dans le cinéma. J’ai
déjà fait un court métrage: “Ombres”, sans dialogue.
C’est plus difficile et plus intéressant. Difficile de raconter
une histoire sans dialogue et que les choses soient claires pour les spectateurs.
Aussi, est-ce plus excitant de dire les choses à travers l’image
par un langage cinématographique pur, la musique, le son.
LE SON, REMARQUABLE
Le son est vraiment remarquable.
C’est la première fois que je travaille énormément
le son. Tout le montage sonore a été fait en postsynchronisation,
en postproduction. Je travaillais avec de jeunes Libanais très talentueux
et doués: Muriel Abourrousse a travaillé la lumière,
l’image; Mohamed Kebbé s’est occupé du montage sonore; la
musique de Hani Siblini; Oumeima el-Khalil a interprété une
chanson de cinquante secondes à la fin. C’est la première
fois que je fais tout le travail ici. Seul le mixage a été
réalisé dans un laboratoire à l’étranger. Pour
cela, il est important d’avoir une infrastructure au Liban, des laboratoires
de cinéma pour être autonome et faire un film sans devoir
voyager.
Comment qualifiez-vous votre relation avec Raymond Hosni?
Raymond est un acteur extrêmement doué, très expressif.
Lorsque je lui ai proposé le rôle, il m’a avoué être
claustrophobe et détester l’eau. Ceci l’a aidé sûrement
à mieux incarner le rôle, à mettre tout dans le film
et à vivre cet état d’âme.
L’ÉLÉMENT HUMAIN, FACTEUR PRIMORDIAL
Avez-vous eu des difficultés à produire votre film?
Le film a été coproduit par le Festival Ayloul et Talkies
qui ont mis à ma disposition toute leur infrastructure.
C’était leur première expérience dans le cinéma;
ils avaient envie de se lancer et cela s’est très bien passé.
Aussi, Gabriel Chamoun a, tout au long du film, apporté son concours
et son soutien à la production. C’est pourquoi, je dis qu’il y a
un vent de changement qui encourage.
Comment voyez-vous l’avenir de l’art cinématographique libanais?
Toute une génération de Libanais veut faire du cinéma.
Je suis optimiste par rapport à l’élément humain.
J’espère que le fond de soutien va aboutir; il faut faire des films
et l’Etat va suivre.
Et la coproduction?
Elle ouvre des portes à de financements supplémentaires;
a ses avantages et inconvénients, mais c’est un point positif.
LA QUALITÉ PRIME
Quel rôle attribuez-vous aux chaînes télévisuelles
libanaises?
A l’étranger, le cinéma est produit par la télévision.
Au Liban, c’est un monde à part, assez hermétique à
nous autres cinéastes; peut-être par manque de moyens ou par
pur désintérêt.
Comment habituer le public au cinéma national?
Les gens provenant de n’importe quels culture ou pays, sont avides
de leur image. Il y a le problème du miroir. Or, le cinéma
est le miroir de la société; les gens ont besoin de se voir,
de s’identifier. Même si les écrans sont envahis par le cinéma
américain, ils iront voir un film de bonne qualité qui les
touche. La qualité du film prime.
Mais le cinéma libanais est sporadique?
Je ne m’inquiète pas. Les Libanais aiment le cinéma.
Toutefois, les distributeurs doivent participer plus activement en aval,
outre l’initiative personnelle, le soutien de l’Etat, le concours des chaînes
de télévision et les coproducteurs étrangers. La concordance
de tous ces facteurs peut aboutir à entamer le processus.