La
déclaration de M. Hubert Védrine (notre photo) dans laquelle
il s’est opposé à un règlement du dossier palestinien
au détriment du Liban, a été favorablement accueillie,
comme on s’en doute, à Beyrouth où le chef du Quai d’Orsay
était attendu hier, dans le cadre d’un nouveau périple au
P.-O. qui le mènera, également, à Damas et au Caire.
La France s’impliquera-t-elle davantage dans le processus de paix au
Proche-Orient? On a tendance à répondre par l’affirmative,
après les hôtes de marque ayant défilé ces derniers
jours au palais de l’Elysée et à l’Hôtel Matignon.
Après le Dr Bachar Assaf, les présidents Chirac et Jospin
ont conféré séparément, avec le président
Hosni Moubarak, MM. Yasser Arafat et Ehud Barak, à propos des moyens
à mettre en œuvre à l’effet de relancer les négociations
sur les divers volets israélo-libanais, syro-israélien et
palestino-israélien.
Paris voudrait bien jouer un rôle plus actif, forte de l’appui
de l’Union européenne. Il reste à savoir si Washington accepte
de lâcher cette région du globe considérée comme
une chasse gardée par la capitale fédérale.
Quoi qu’il en soit, toutes les parties concernées par le conflit
régional le souhaitent, même l’Etat hébreu qui se montrait
réticent, jusqu’ici, soucieux de ne pas indisposer les Etats-Unis,
unique “parrain” de la paix après le désistement de la Russie.
Le fait pour ce “ballet diplomatique” sur les bords de la Seine de
se dérouler quelques jours avant le nouveau périple du chef
du Quai d’Orsay, devant le mener de Damas au Caire vie Beyrouth,
après sa récente visite à Tel-Aviv, suscite l’intérêt
des observateurs.
Les Libanais attendent la venue de M. Hubert Vedrine avec autant d’impatience
que le chef de la diplomatie française a exprimé son intention
de soulever le problème des réfugiés palstiniens établis
en terre libanaise.
On sait que cette question est devenue depuis peu une priorité
absolue pour le Liban, d’autant plus qu’il craint l’implantation définitive
de quelque 400.000 réfugiés, au risque de rompre le délicat
équilibre intercommunautaire et, partant, de compromettre son avenir.
Les Libanais commencent à craindre une telle éventualité,
depuis que Mme Madeleine Albight, secrétaire d’Etat US a prononcé
lors d’une escale beyrouthine, une petite phrase, insinuant que “le problème
des réfugiés s’inscrit dans le cadre des négociations
sur le statut final.”
M. Védrine a dit encore: “On ne peut obtenir un règlement
israélo-syrien sans traiter la question libanaise, ni régler
le dossier libano-syro-israélien en faisant l’impasse sur le problème
des réfugiés palestiniens résidant en territoire libanais...
On ne peut, non plus, conclure un accord israélo-palestinien au
détriment des Libanais”.
Reprenant un terme employé par le président Emile Lahoud
dans l’une de ses interventions au sommet de la francophonie à Moncton,
le ministre français des Affaires étrangères a dit:
“Si on veut se rapprocher de ce Proche-Orient en paix, il ne faut pas y
laisser de bombe à retardement”.
Ces déclarations indiquent que la France a, enfin, pris conscience
du danger que représente l’implantation des réfugiés
palestiniens dans un territoire comme le nôtre, si exigu que nos
jeunes compatriotes s’expatrient en grand nombre, pour ne pouvoir y trouver
un gagne-pain et s’y assurer une vie digne. |