BACHAR
ASSAD A L'ELYSEE:
"L'EUROPE ET LA FRANCE, EN PARTICULIER,
ONT UN
ROLE ESSENTIEL A JOUER DANS
LE PROCESSUS DE PAIX"
Au lendemain
du sommet d’Oslo ayant réuni, dans la capitale norvégienne,
le président Bill Clinton, Ehud Barak, Premier ministre israélien
et Yasser Arafat, chef de l’Autorité palestinienne, Paris a pris
le relais et fut, durant plusieurs jours, le théâtre d’une
intense activité diplomatique centrée sur le Proche-Orient.
Le président Jacques Chirac a reçu à l’Elysée
le président Hosni Moubarak, venu à Paris pour des examens
médicaux au Val de Grâce; le Dr Bachar Assad, fils du chef
de l’Etat syrien; MM. Barak et Arafat venus pour participer au Congrès
de l’Internationale socialiste.
Le président Jacques Chirac conversant
avec le Dr Bachar Assad à l’Élysée...
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Aparté chaleureux
entre Barak et Arafat.
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Evidemment, la rencontre la plus spécifique fut celle du président
Chirac avec le Dr Bachar Assad qui a choisi la capitale française
pour faire son entrée politique sur la scène internationale.
Médecin ophtalmologue, âgé de 34 ans, il a été
promu en janvier 1999 colonel de l’armée syrienne. Il n’a pas de
fonction officielle, mais son père l’a chargé du dossier
libanais, qui fut durant de longues années, l’apanage de M. Abdel-Halim
Khaddam.
Le jeune colonel-médecin a déjà effectué
plusieurs voyages dans les pays arabes de la région, a été
reçu par les rois Abdallah II de Jordanie et Fahd Ben Abdel-Aziz
d’Arabie.
Après la mort de son frère aîné Bassel,
en 1994, le fils cadet du président Assad apparaît comme le
successeur probable du chef de l’Etat syrien qui, d’ailleurs, le prépare
à cette tâche en lui confiant différentes missions.
INVITÉ PAR CHIRAC
Le président Chirac a reçu Bachar Assad à l’Elysée
le dimanche 7 novembre. Le tête-à-tête qui a duré
plus de deux heures de temps, a été suivi d’un déjeuner
officiel, à l’issue duquel M. Chirac a raccompagné son jeune
hôte sur le perron du palais.
“Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la concertation active
de la France avec les pays du Proche-Orient”, a précisé un
porte-parole de l’Elysée. Elle a, d’ailleurs, eu lieu à la
veille de la visite que M. Hubert Védrine, ministre français
des A.E., devait effectuer dans la région et qui l’a mené
au Liban, en Syrie et en Egypte.
Pour sa part, le Dr Bachar Assad a souligné qu’il est venu,
à Paris, “à l’invitation du président Chirac pour
défendre “le rôle essentiel” que peut jouer l’Europe et la
France, en particulier, dans les négociations de paix syro-israéliennes.
“Ce rôle, a-t-il ajouté, est très important et
nous souhaitons qu’il soit efficace.
“La contribution européenne au processus de paix devrait être
complémentaire à celle des Américains et non en contradiction
avec elle et conforter les parrains de la paix dans leur rôle”, a-t-il
conclu.
Dans le cadre d’une interview accordée à Paris, celui
qu’on peut qualifier de “dauphin” de Hafez Assad, a réitéré
la position de son pays concernant les négociations syro-israéliennes
“qui, affirme-t-il, doivent reprendre, au point où elles se sont
interrompues en février 1996 et respecter l’engagement fait par
Yitzhak Rabin d’un retrait total du Golan, la volonté de faire la
paix étant un postulat pour la Syrie”.
... Et avec M. Yasser Arafat,
chef de l’Autorité palestinienne.
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Poignée de mains entre le président
Chirac et le Premier ministre
israélien Ehud Barak.
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DÉCLARATIONS EN FAVEUR DE LA PAIX
“Le moment est venu de faire la paix des braves avec la Syrie”, a affirmé,
de son côté, le Premier ministre israélien, qui a été
reçu dans l’après-midi du lundi 8 novembre, par le président
Chirac à l’Elysée, après s’être entretenu avec
son homologue français, Lionel Jospin.
Les rencontres et prises de position qui, d’ailleurs, ont ponctué
la vie diplomatique parisienne, les jours précédents, étaient
toutes centrées sur le processus de paix au Proche-Orient.
MM. Barak et Arafat ont eu, entre eux, un entretien et rencontré,
séparément, le président Hosni Moubarak qui avait
prolongé son séjour, à cet effet, dans la capitale
française.
Du haut de la tribune de l’Internationale socialiste, les deux responsables
ont exprimé leur position relative au processus de paix. Le chef
de l’Autorité palestinienne a insisté, une fois de plus,
sur la nécessité pour Israël de respecter la résolution
242 de l’ONU et réaffirmé le droit à la création
d’un Etat palestinien, “sans lequel et sans un réel progrès,
dit-il, aux niveaux des dossiers syriens et libanais, il ne peut y avoir
de paix véritable.”
Ehud Barak a, quant à lui, rendu hommage au président
Assad “qui, dit-il, a fait de ses mains la Syrie moderne”, avant d’affirmer:
“Nous n’avons pas encore trouvé la formule permettant de reprendre
les négociations avec la Syrie, mais l’opportunité existe”.
Pour la capitale française, toutes ces rencontres, visites et
déclarations viennent conforter le rôle actif que la France
souhaite plus que jamais jouer au Proche-Orient pour contribuer au règlement
du conflit israélo-arabe. Les relations historiques qu’elle a toujours
eues dans cette région du globe, renforcent sa détermination.
Mais, tel que chacun en est conscient, la France, autant que l’Europe,
ne peuvent jouer un tel rôle, qu’en complémentarité
avec l’action de l’Amérique, parrain incontournable du processus
de paix.
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