![]() |
Député
du Chouf, membre du Front de lutte nationale (FLN), bloc parlementaire
de M. Walid Joumblatt, M. Nabil Boustany mène une action inlassable
et suivie pour le retour des déplacés en montagne. Il a déjà
assuré quasiment à ses frais, la reconstruction ou la restauration
de 160 églises et lieux de culte et poursuit ce processus qui lui
tient particulièrement à cœur.
Initiateur de la visite du leader de Moukhtara et de son bloc aux trois Ordres maronites libanais, il a participé à la rencontre entre le président Emile Lahoud, M. Joumblatt et le FLN. “Une rencontre, dit-il, qui a rassuré tout le Liban”. |
Evoquant, en premier lieu, la rencontre avec les trois Ordres maronites,
le député du Chouf affirme: “Suite à l’élection
de nouveaux supérieurs des Ordres libanais maronite, mariamite et
antonin, j’ai proposé à M. Walid Joumblatt et au FLN de leur
rendre visite pour les féliciter. Ma suggestion a été
approuvée et les visites que nous avons rendues aux abbés
Jalkh, Eid et Atallah n’avaient d’autres buts que de les féliciter.
On a inventé, par la suite, un tas d’histoires et rien de ce qui
a été dit n’est vrai.
Les trois rencontres ont été des plus positives, M. Walid
Joumblatt en était très satisfait. Il a fait plus ample connaissance
avec des moines qui ont dans la montagne de nombreux couvents et collèges
de longue date.
Par la suite, lorsque l’abbé Jalkh a rendu leur visite à
M. Joumblatt et à son bloc parlementaire, nous avons abordé
des questions relatives aux problèmes de la montagne.
Précisément, quelles sont les retombées concrètes
de ces rencontres concernant le problème des déplacés?
Le premier résultat est le rapprochement social qui s’est produit
et ne peut qu’être bénéfique à tous les niveaux.
Dans la mesure où ces rencontres se répètent et se
poursuivent, elles vont créer un climat d’entente, d’amitié
et de coopération. La continuité dans la relation et l’entraide
entre les moines, d’une part; les leaderships druze, sunnite et chrétien
de la montagne, d’autre part, ne peuvent que rassurer la base et répandre
un climat de tranquillité, car l’inquiétude persiste dans
les cœurs.
Après la rencontre avec les moines, une autre d’envergure,
à caractère national, a eu lieu entre le chef de l’Etat et
le leader de Moukhtara, accompagné de son bloc parlementaire; qui
a planifié ce rapprochement?
Plusieurs parties y ont aidé. A mon avis, il était déjà,
psychologiquement mûr. Pour cela, d’ailleurs, le climat de la rencontre
fut amical, franc, sincère et ponctué de conversations détendues...
A Baabdate, le président Emile Lahoud nous a réellement
honorés par son accueil élégant et raffiné:
il a même tenu à nous raccompagner jusqu’à la sortie.
Walid bey et nous tous étions touchés par tant d’égards.
Pour cela, dès que la rencontre a pris fin, M. Joumblatt a convoqué
le FLN à une réunion pour mettre au point un plan d’action
afin d’aider le chef de l’Etat à parachever le dossier du retour
des déplacés.
Est-ce le chef de l’Etat qui vous a demandé cette aide?
Oui et lors de la rencontre, M. Joumblatt l’a confirmé.
Est-ce à dire que l’action menée par le ministère
des Déplacés a échoué ou n’arrive pas à
démarrer?
Je ne dis pas cela...
Oui, mais les gens s’interrogent...
La question n’est pas là et nul ne parle d’échec. Mais
il y a des choses dont nul autre que Walid Joumblatt, ne peut s’acquitter.
Tel, par exemple, le cas des villages où il n’y a toujours pas eu
de réconciliation. Celle-ci ne peut se faire que sous sa tutelle.
Pour cela, M. Joumblatt et son bloc parlementaire se sont portés
volontaires pour aider à ce retour. Les comités d’Aley et
du Chouf en charge de ce dossier, se sont déjà réunis
pour mettre au point un plan d’action.
Ceci va embarrasser le ministre en charge du dossier?
Non, il n’y a pas de raison. Car il sait qu’aucun de nous ne cherche
à lui ravir son portefeuille. Lui a ses activités et nous
apportons notre appui au chef de l’Etat en lui présentant nos suggestions
par le biais de M. Jamil el-Sayed.
Comment concevez-vous le retour des déplacés?
Il nous faut tenir compte de deux faits essentiels: en premier lieu,
ce dossier a été pris en charge par de nouveaux ministre
et directeur de la Caisse des déplacés. Ils avaient besoin
d’un laps de temps pour entrer dans tous les rouages du processus.
En deuxième lieu, l’argent a mis du temps à leur parvenir
et ce n’est que depuis un mois et demi qu’ils ont commencé à
payer les évacuations et les frais de restauration.
L’argent disponible est-il suffisant?
Lors de la rencontre de Baabdate, le chef de l’Etat a promis d’assurer
une somme supplémentaire à celle qui existe déjà.
Cette somme prévue pour les trois années à venir est
d’un milliard de dollars. Elle est absolument nécessaire, surtout
que le paiement aux branches des familles a été approuvé,
le ministre Anwar el-Khalil ayant fait une déclaration dans ce sens.
J’ai été à la tête de la campagne menée
à cet effet, car quel intérêt de ramener aux villages,
uniquement les personnes âgées? Après une longue vie,
ils vont décéder et la montagne se videra à nouveau
de toute présence chrétienne. D’où, à mon avis,
la nécessité de payer des indemnités du retour aux
branches de la famille, pour inciter les jeunes à revenir dans leurs
villages, à reconstruire les maisons familiales et à exploiter
la terre.
Vous avez pris, de même à votre charge, la reconstruction
ou la restauration des églises et lieux de culte en montagne. Où
en est ce processus?
Il se poursuit et ne s’est pas arrêté, même lorsque
la Caisse a cessé ses paiements. Car cette affaire me concerne,
personnellement et je poursuis mon action en payant les aides pour la reconstruction
ou la restauration des églises et lieux de culte. Jusqu’à
l’heure, 160 églises ont été reconstruites ou restaurées
dans la montagne et il y a encore beaucoup à faire dans de nombreux
villages. La Caisse des déplacés a commencé à
accorder une aide dans ce domaine et on ne peut que s’en féliciter.
Avez-vous soulevé la question du découpage électoral
avec le chef de l’Etat, lors de la rencontre?
Non, cette question n’a pas été soulevée. Mais
partant de la déclaration du chef de l’Etat, que la loi ne cherchera
à éliminer personne, j’ai, pour ma part, le sentiment que
la montagne serait divisée en trois ou quatre circonscriptions.
Ceci réconforte tout le monde.
D’après vous, le cas de la montagne serait-il, cette fois,
encore une exception?
Je ne le pense pas et souhaite que le mohafazat soit retenu en tant
que circonscription électorale pour assurer une représentativité
juste et saine, l’électeur pouvant connaître les candidats
et vice-versa.
Y compris Beyrouth?
Pourquoi pas? Rien n’empêche que Beyrouth soit partagée
en deux circonscriptions. A Paris, il y a vingt circonscriptions électorales.
Etes-vous toujours d’accord avec ce que dit et fait Walid Joumblatt?
Nous faisons partie d’un bloc où chacun exprime son point de
vue, en toute liberté et démocratie. Nous sommes des alliés
où chacun respecte l’autre et engage avec ses collègues un
véritable dialogue.
Pour en revenir à la visite de Joumblatt et de son bloc au
chef de l’Etat, quel est, selon vous, son impact?
A mon avis, elle a rassuré tout le Liban, de Tripoli à
Saïda et Zahlé, dans la montagne, autant qu’à Beyrouth.
On célèbre, en ce moment, les dix ans de Taëf.
Quelle est votre évaluation de l’accord qui y a été
signé?
En premier lieu, on ne peut que remercier ceux qui ont entrepris cette
tâche, en Arabie séoudite, car c’était l’unique moyen
pour arrêter l’effusion de sang au Liban. Je ne crois pas qu’il y
ait deux Libanais qui ne l’approuvent pas.
Aujourd’hui, on ne peut pas procéder à une véritable
évaluation de Taëf tant que la majorité de ses clauses
n’ont pas encore été appliquées. Il faut savoir que
cet accord élaboré en un lieu et à un moment donné,
dans des conditions et un but précis, n’est ni le Coran, ni l’évangile.
Si en cours d’exécution, on y trouve des failles, rien n’empêche
de les combler, toujours dans le même esprit d’entente nationale
qui a prévalu à son adoption.