TAEF ET LES DESTINEES
DE CET ORIENT
La
récapitulation des événements au plan national a nécessité,
semble-t-il, le retour à Taëf... où le Prophète
arabe a brisé l’idole d’Al-Thâjiât, les dieux qu’ils
adoraient avant l’Islam. Et ce, après qu’il eut supprimé
les idoles d’Al-Kaaba sur l’écho de paroles dignes. Ainsi, le droit
a triomphé et ce qui est vain a été anéanti
jusqu’à atteindre la statue d’Abraham. Il s’est écrié:
“Que Dieu les extermine. C’est notre grand-père; ils en ont fait
une idole parmi les idoles. Abraham n’était ni juif, ni chrétien;
il a été musulman et aucun jour il ne s’est réclamé
des associa-teurs.
Revenons à Taëf... A notre Taëf.
L’étape durant laquelle il n’était pas permis de l’entraver
il y a dix ans. Même le groupe des “portefaix” n’a pu sauver davantage
que ce qu’il était possible, avec l’ardeur des éléments
bien intentionnés et des gens de bien.
Ce jour-là, ceux qui ont accepté
Taëf l’ont fait, parce que dans le cas contraire, ils auraient agi
à la manière de quiconque aurait rejeté l’accord Sykes-Picot
en 1916. D’aucuns l’ont refusé, sous prétexte que l’accord
de Taëf était imposé, alors que tout ce qui est imposé
est rejeté. D’autres ont accepté Taëf à leur
manière. Ils ont gardé le silence, car l’appui était
autant interdit que la dénonciation.
Taëf était la conséquence
de documents et de programmes rédigés par les instances politiques,
civiles, confessionnelles et miliciennes dans la dernière partie
des années quatre-vingts. Mais tous ces papiers n’ont pas été
retenus la plupart des fois. Le texte existait et il était interdit
de ne pas l’approuver. Et même de ne pas tomber d’accord à
son sujet.
Tout cela en faveur du Liban? Non, naturellement.
Mais pour entamer l’élaboration de solutions à la crise du
Proche-Orient. Il fallait assurer, alors, une accalmie sécuritaire
au Liban, afin que ceux qui rejettent les solutions, tantôt dans
le texte et, tantôt, dans le principe, ne puissent pas traduire leur
refus en obus, canons et feu sur la scène libanaise. Nous souhaitons
que cette appellation soit tombée définitivement du lexique
des preneurs de décision.
Taëf était-il une question sécuritaire,
uniquement? Une fois de plus, non, naturellement. Parce que Taëf a
été ajouté au texte constitutionnel, dans une opération
de révision, d’adjonction ou d’élimination n’ayant pas excédé
le cadre de l’article constitutionnel stipulant qu’il est nécessaire
de préserver l’équilibre communautaire, ainsi qu’il était
mentionné dans les deux mémorandums que le président
de la République du Liban avait adressés au haut commissaire
français dans les années trente.
Taëf a donc institué une nouvelle
république. Ceci en prenant en considération le critère
français dont nous avons retenu les principes de la Constitution
de 1926. Le critère selon lequel l’élaboration d’une nouvelle
Constitution crée une nouvelle république.
Taëf a donné à la république
un président constitutionnel. Ceci est vrai, car le président
de la République avait pris, dans la révision de novembre
1943, les prérogatives du haut commissaire.
Taëf a conféré au Conseil
des ministres des attributions dont le gouvernement ne disposait pas auparavant.
Cependant, ni “l’élagage” des prérogatives du président
de la République, ni l’accroissement des attributions du Conseil
des ministres n’ont affecté la marche politique libanaise d’une
manière sérieuse et profonde.
De là, les Libanais doivent, au dixième
anniversaire de Taëf, sortir de la politique de l’action et de la
réaction, car la pérennité n’est pas dans l’impulsivité,
mais dans la “concentration convaincante” sur des constantes stables gérant
le pays dans sa grande marche.
***
Nous sommes devant une étape difficile
au triple plan libanais, régional et international. De la réforme
politique, à l’application de la résolution 425, au parrainage
américain du problème du Proche-Orient par lequel, c’est-à-dire
le parrainage, le président américain veut mettre fin à
la guerre de cent ans en un an, pour couronner sa présidence et,
peut-être, pour favoriser le succès de son épouse au
siège de sénateur de New York et le succès de son
vice-président aux prochaines présidentielles américaines.
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Ce n’est pas la première fois, en tout
cas, que les sorts internationaux se jouent dans les destinées de
cet Orient. |
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