DÉFICIT BUDGÉTAIRE ET POLITIQUE
D’AUSTÉRITÉ
Les chiffres publiés par ce ministère pour les neuf premiers
mois de l’année en cours, révèlent une augmentation
du déficit budgétaire à 42.71% des dépenses,
contre 40.96% pour les neuf premiers mois de 1998 et 40.3% prévue
dans le budget. Or, bien que cette proportion révèle un dépassement
par rapport au projet du budget, le montant du déficit paraît
toujours maîtrisé. En effet et en supposant une constance
dans la valeur des revenus et des dépenses pour les trois mois qui
restent de l’année, celui-ci atteindra 3.348 milliards de livres
libanaises, alors que la loi de finances avait prévu un déficit
s’élevant à 3.370 milliards.
Ce résultat positif provient, essentiellement, de la politique
d’austérité adoptée par le gouvernement Hoss, politique
appliquée sérieusement par les différents ministères
et administrations publiques qui ne semblent pas vouloir engager toutes
les dépenses qui leur sont allouées.
D’après les experts, cette politique d’austérité
est l’une des raisons du marasme économique, mais ils considèrent
que c’est le prix que doit payer le Liban pour sortir de sa crise budgétaire.
Cette politique d’austérité a eu comme effet direct de
réduire le taux de croissance annuel de la dette publique nette
qui a baissé de 17.36% en décembre 1998, à environ
15% en septembre, celle-ci n’ayant augmenté depuis janvier et jusqu’à
septembre que de 2.625 milliards.
Mais en analysant l’évolution de la dette, on constate que celle-ci
résultant, en principe, du déficit budgétaire, a augmenté
plus rapidement que ce déficit, montrant que d’autres éléments
hors budget sont venus s’ajouter à la dette.
Ainsi et en prenant soin d’ajouter aux déficits budgétaires,
des dépenses d’investissement considérées hors-budget,
on obtient le tableau suivant:
En milliards de L.L. | 1994 | 1995 | 1996 | 1997 | 1998 | 1999* |
Revenus budgétaires | 2241 | 3023 | 3523 | 3.753 | 4441 | 3368 |
Dépenses | 5379 | 6342 | 7732 | 9662 | 7906 | 5873 |
Déficit
* jusqu’à septembre |
-3138 | -3319 | -4209 | -5909 | -3465 | -2505 |
N.B.: Les dépenses qui figurent dans ce tableau ne prennent pas en considération les arriérés dus par l’Etat aux entrepreneurs, aux hôpitaux ou découlant d’expropriations précédemment réalisées.
MAUVAISE GESTION
La dette publique provient, en principe, des déficits budgétaires
accumulés tout au long des années précédentes,
déficits dus en grande partie à la politique de reconstruction
déclenchée par les gouvernements successifs de Hariri et
aux nécessités de financement imposées par la période
d’après-guerre. Les sources du gouvernement actuel, ainsi que l’action
en justice entreprise auprès de beaucoup de responsables officiels,
montrent qu’elle est due aussi à une mauvaise gestion des finances
publiques.
Il est normal que l’évolution de la dette nette soit égale
au déficit budgétaire. Or, en comparant le déficit
budgétaire avec la dette nette, on obtient les résultats
suivants:
En milliards de L.L. | 1995 | 1996 | 1997 | 1998 | 1999 | TOTAL |
Dette publique nette | 11413 | 16279 | 22006 | 25826 | 28502 | |
Changement annuel de la DPN | 3428 | 4866 | 5727 | 3821 | 2676 | 20518 |
Déficit | -3319 | -4209 | -5909 | -3465 | -2505 | -19407 |
Différence
* jusqu’à septembre |
109 | 657 | -182 | 356 | 171 | 1111 |
Ainsi et d’après le tableau précédent, on constate
que les déficits accumulés durant la période 1995-1999
ont atteint 19.407 milliards de livres libanaises, alors que la dette avait
augmenté de 20.518 milliards de L.L.
Des dépenses de l’ordre de 1.111 milliards de L.L. ont donc
été effectuées durant cette période, sans figurer
dans le calcul du déficit budgétaire ni des dépenses
non budgétaires rendus publics par le ministère des Finances.
Tous les chiffres des dépenses n’étaient donc pas rendus
publics, ce qui a fait réduire l’importance du déficit budgétaire
et ainsi le rapprocher avec les prévisions du budget. L’Etat aurait
ainsi dépensé plus que ce à quoi il a fait croire.
DÉPENSES “ILLÉGALES”
Interrogées sur ce point, des sources au ministère des
Finances ont révélé que le ministre aurait ordonné
une enquête en vue de tirer cette affaire au clair, sans écarter
la possibilité qu’une partie de cette somme ait été
dépensée d’une façon illégale. Il reste à
noter que cette différence dans les chiffres s’est, également,
fait sentir dans les neuf derniers mois, quoiqu’avec des chiffres moins
importants, enregistrant une différence de 148.2 milliards de L.L.
Il serait intéressant, aussi, de constater que, selon le plan
quinquennal de redressement financier, présenté par le gouvernement
en juillet dernier, la tendance évoquée ci-dessus se renverserait
à partir de 2000. Ainsi et d’après ce même plan, les
dépenses non publiées dont on a parlé, se transformeront
dans les années prochaines en revenus non publiés! Le tableau
suivant montre que:
2000 | 2001 | 2002 | 2003 | |
Déficit budgétaire | 3437 | 2524 | 1824 | 1582 |
Revenus nets des privatisations | 2054 | 1900 | 1000 | 1000 |
Déficit total | -1383 | -624 | -824 | -582 |
Dette publique | 35116 | 34813 | 34509 | 341106 |
Le plan prévoit, ainsi, une baisse de la dette publique et une
persistance simultanée des déficits des comptes publics.
Sans doute, le plan prévoit d’autres revenus (non-budgétaires)
non cités dans ce plan et qui peuvent paraître difficilement
réalisables.
Ceci pose un point d’interrogation sur la capacité de ce plan
d’atteindre ses objectifs: comment s’attendre à une diminution de
la dette sans excédent budgétaire?
Accord entre la Banque Saradar et la Banque
islamique ABC
La Banque Saradar et la Banque islamique ABC, dont le siège est à Bahrein, ont conclu un accord de “Mourabaha” pour deux ans, renouvelable, d’une valeur de 5 millions de dollars U.S. MM. Mario Saradar, PDG de la Banque Saradar et Adnane Youssef, PDG de
la Banque islamique ABC, ont signé l’accord. La somme en question
sera affectée à des investissements dans des projets productifs,
selon les règles qui régissent les investissements et emplois
de la Banque islamique ABC.
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