Un compte à rebours d’une heure s’est mis en place dès 11h00, menant vers l’heure fatidique de l’entrée en scène des 150 journalistes, rédacteurs et techniciens d’i-télévision. Midi pile, c’est au tour du PDG du groupe Canal +, Pierre Lescure de prendre la parole pour encourager cet élan de jeunesse, cette télévision de “La France exacte” et d’annoncer un nouveau type de télévision : i-déale, i-nnovante et i-mmédiate… i-conoclaste ?

Canal + a, en définitive toujours souhaité faire comme ses grandes sœurs privées et publiques : avoir sa grand messe de l’info, sans toutefois en avoir l’air, sans le vouloir vraiment. D’ailleurs, le parent pauvre de Canal + est indéniablement l’info que les responsables compensent par un “faux journal” pas toujours crédible et quelques flashs succincts. Mais désormais, la chaîne cryptée joue dans la cour des grands avec i-télévision. Séduite par les sirènes d’Atlanta et son info en continu, i-télévision se rêve en CNN français, bien que pour l’instant la cible évidente soit LCI, La Chaîne Info du groupe TF1, i-télévision pourrait – si elle tient ses promesses – faire également de l’ombre à l’impersonnelle Euronews. Un peu comme le Net, à l’heure de la mondialisation, i-télévision table sur la victoire du local sur le global. Chaîne de proximité par excellence (75% d’infos locales), i-télévision s’attellera à ne pas négliger l’international pour autant. Elle aspire à reproduire l’expérience des abonnés de Canal + qui sont – n’ayons pas peur des mots – avant tout des “clients” : fidèles, satisfaits, partisans imprégnés de l’esprit de la chaîne. Des “révolutionnaires de l’info”, c’est ainsi que l’on pourrait définir Christian Dutoit et Noël Couëdel, respectivement directeur général et directeur de la rédaction d’i-télévision. Dutoit déclare : “Je donne trois à six mois pour qu’on voie la différence entre l’information sur i-télévision et celle que diffusent les autres télés et tous les médias en France…” Derrière cette fanfaronnade, il y a une véritable volonté de gommer la mauvaise habitude française à couvrir des événements “étrangers” parvenant plus rapidement dans les rédactions que les images locales. Et c’est dans cette optique qu’i-télévision présente sa technologie : ordinateurs portables, téléphones cellulaires, compression et diffusion numérique, montages virtuels – un nouveau concept de télévision. Parmi les innovations : les bientôt fameux VS ou véhicules satellitaires (coût à l’unité : 1,5 million de francs) dont 29 seront en mouvement permanent dans les différentes régions de France. Le JRI (Journaliste Reporter d’Images) et son assistant n’auront pas besoin de techniciens ; embarqués dans les VS, ils sont ainsi équipés de sorte à pouvoir filmer, monter, transmettre des images en quelques minutes contre plusieurs heures il y a quelques années. Cette quasi instantanéité laisse, ensuite, la liberté à la rédaction de diffuser un reportage tout frais ; avec tous les risques que cela constitue… Malgré ces ambitions quelque peu démesurées, les chiffres sont là : le public de la chaîne est actuellement limité à 1,4 million de téléspectateurs potentiels qui recevront i-télévision sur CanalSatellite et Numéricâble. S’il manquait une part du gâteau audiovisuel au groupe Canal +, i-télévision se prépare à en avaler une grosse bouchée. Le bras de fer TF1/Canal + se réglera désormais sur le câble. Matériel de pointe, équipe jeune et dynamique, tels sont les arguments. Dernier cri dans le domaine de l’image et de la retransmission, rapidité, maîtrise du terrain, telles sont les promesses. Rendez-vous dans quelques mois pour un bilan.