Car la relation entre elles suppose des constantes auxquelles il leur
est difficile de renoncer. Aussi, doit-on porter un jugement sur la nature
des rapports entre l’Autorité et ses détracteurs sur base
des points ci-après: Pas de changement gouvernemental, ni de renonciation
au discours politique et, surtout, pas d’arrêt de la réforme.
Ces trois “non” que les opposants ont touchés du doigt lors
de leur rencontre avec le président de la République, les
ont poussés à reconsidérer leur position et à
traiter, d’une façon positive, avec les responsables ou tout au
moins avec certains d’entre eux, dans l’espoir de minimiser les pertes
qu’ils ne cessent de subir.
Les observateurs constatent que le régime reste sur ses positions.
De fait, il invite les opposants à engager le dialogue avec le gouvernement
pour tenter de régler les problèmes auxquels ils sont confrontés,
car le régime se tient à égale distance de toutes
les parties s’interdisant de se ranger d’un côté ou de l’autre.
On a observé, à ce sujet, que tout en persistant à
boycotter le Sérail, l’opposition utilise de moins en moins, si
elle n’y a pas renoncé, des termes tels “militarisation”, “américanisation”
ou “politique du dépit”, alors que le discours du Pouvoir reste
le même.
DISSIPER LA CRISPATION
Selon des sources renseignées, la médiation syrienne
ayant rendu possible la rencontre entre le président Lahoud et les
deux chefs de file de l’opposition: MM. Rafic Hariri et Walid Joumblatt,
ne s’est pas contentée d’une intervention visant à rapprocher
les vues, mais a mis en garde les opposants contre la persistance de l’escalade
politique pour consolider le front intérieur, en prévision
d’éventuels développements au plan régional qui pourraient
comporter certaines surprises.
D’après les mêmes sources, les tentatives de l’opposition
de compromettre les rapports entre le chef de l’Etat et le président
du Conseil n’ont aucune chance de succès, étant donné
qu’un “lien stratégique” rapproche les présidents Lahoud
et Hoss dont l’action se distingue par la transparence. Aussi, les opposants
ont-il intérêt à dialoguer avec le Premier ministre
plutôt qu’avec le président de la République.
Ainsi que nous n’avons cessé de le souligner ici, il est apparu
que l’opposition avait un unique souci: brouiller la relation entre les
chefs de l’Etat et du gouvernement, dans une tentative de renverser le
“Cabinet des 16”, partant du principe: “Diviser pour régner” ou
de cet autre: “Ote-toi de là pour que je m’y mette”!
En effet, après M. Walid Joumblatt qui a jugé “inutile”
le dialogue avec le président du Conseil, M. Rafic Hariri a abondé
dans ce sens après avoir qualifié son entrevue avec le président
Lahoud au palais de Baabda de “franche et cordiale”.
Bien que le Premier Libanais ait conseillé à MM. Hariri
et Joumblatt d’engager un dialogue direct avec le chef du gouvernement,
ceux-ci ont fait la sourde oreille à la recommandation présidentielle.
HOSS ET LA POLITIQUE DES DEUX POIDS, DEUX MESURES?
Le président Hoss n’a pas manqué de s’en prendre à
ceux qui pratiquent la “politique des deux poids et deux mesures”, avant
d’ajouter: “Certains membres de l’opposition veulent dialoguer avec la
présidence de la République, tout en boycottant la présidence
du Conseil... C’est l’arme du faible incapable de poser la confiance dans
le Cabinet. Le dialogue avec ceux-là ne nous enrichit guère,
comme il ne nous cause aucun préjudice”.
Et d’ajouter: “Il s’agit d’une demi-ouverture, d’un demi-dialogue et
d’une demi-entente... Nous ne comprenons pas cette attitude et ce langage...
Nous avons fait de l’opposition sans jamais boycotter qui que ce soit,
ni injurier ou calomnier personne en propageant des rumeurs malveillantes
à son égard.
“L’opposition, de par sa nature, est la reconnaissance de l’autre et
son respect. C’est, également, le dialogue avec ceux dont les idées
et les opinions diffèrent des nôtres.”
Cela dit, les analystes soutiennent que le gouvernement persiste dans
son action, sans se laisser influencer par les cabales dont il est la cible,
ni par les obstacles entravant son chemin, que les opposants acceptent
de dialoguer avec son chef ou pas. “Le Cabinet, a dit M. Hoss, garde ses
portes ouvertes et il est prêt à dialoguer avec ceux qui le
désirent, sans poser de conditions préalables comme le fait
l’opposition”.
En dépit de cela, M. Walid Joumblatt a réaffirmé
son refus d’engager le dialogue avec le chef du gouvernement, “parce
qu’il le juge inutile”, préférant maintenir le contact avec
le président de la République. Il l’a déclaré
à l’issue d’un entretien avec son allié, Rafic Hariri à
Koraytem. Ceci prouve que le chef du Parti socialiste progressiste est
déterminé à maintenir son alliance avec M. Hariri
et que les deux hommes ne sont pas disposés à prêter
l’oreille au conseil que le chef de l’Etat leur a prodigué en les
recevant, l’un à Baabdate, l’autre à Baabda.
LES LÉGISLATIVES EN FILIGRANE!
Les observateurs en déduisent que MM. Hariri et Joumblatt ne
peuvent, pratiquement, rompre leur alliance à quelques mois des
législatives, tous deux ne cachant pas leurs craintes de la nouvelle
loi électorale. Surtout si Beyrouth devait être découpée
en deux ou trois circonscriptions. Il en est de même au Mont-Liban
où le leader druze plaide en faveur de l’adoption du caza en tant
que circonscription électorale.
Leur attitude à l’un et l’autre signifie que le chef de l’Etat
ne leur a rien promis à propos de la nouvelle loi électorale,
se limitant à réaffirmer son souci de faire élaborer
une loi équilibrée, assurant une représentation authentique
de la volonté populaire et l’intégration nationale.
Il y a lieu de signaler, à ce propos, la campagne menée
dans la capitale, spécialement dans sa partie ouest, contre le découpage
de Beyrouth. Récemment, cheikh Mohamed Rachid Kabbani, mufti de
la République, s’est prononcé en faveur de “la préservation
de l’unité de la ville”.
Dans le même temps, le président du Conseil, le président
de l’Assemblée et M. Hussein Husseini ont pris à partie l’ancien
régime et les Cabinets (haririens) successifs, les accusant d’avoir
torpillé l’accord de Taëf, alors que l’actuel régime
s’emploie à rectifier les erreurs en appliquant ledit accord dans
son esprit et sa lettre. Les milieux informés s’attendent, par ailleurs,
à la relance de l’opération de la réforme dès
cette semaine, de nouvelles nominations devant être annoncées
à l’issue du Conseil des ministres, afin de pourvoir aux postes
vacants ou de remplacer les hauts fonctionnaires qui ont été
mis à la disposition de la présidence du Conseil.
Le gel de la réforme, selon certaines sources, serait dû
aux divergences ayant opposé les trois présidences, celles-ci
s’étant maintenant dissipées, à en juger par les déclarations
plus conciliantes des chefs de l’Etat, du Législatif et du gouvernement
au sujet des critères sur la base desquels doivent s’effectuer les
nouvelles nominations.
VISITE “TRÈS FRUCTUEUSE” DE HOSS À
DJEDDAH
Par ailleurs, il importe de faire état de la visite que le président
Hoss a effectuée à Djeddah et qui a été qualifiée
de “très fructueuse”, les responsables du royaume ayant réitéré
leur disposition à venir en aide au Liban dans tous les domaines.
Au cours de sa visite, le Premier ministre a été reçu
par le roi Fahd Ben Abdel-Aziz, le prince héritier Abdallah et d’autres
hauts responsables.
De plus, il a participé aux réunions des administrateurs
de la Banque islamique pour le développement dont il a été
élu président, à l’unanimité, pour un mandat
d’un an, les administrateurs ayant décidé de tenir leur prochaine
réunion à Beyrouth l’année prochaine, en présence
de trente-cinq ministres des Finances et de l’Economie des pays membres.
La Presse séoudite a été particulièrement
élogieuse à l’égard de M. Hoss, mentionnant notamment
sa prise de position ferme envers le conflit israélo-arabe et son
souci de préserver, en les renforçant davantage, les relations
libano-séoudites.