PHASE DECISIVE DES NEGOCIATIONS ISRAELO-PALESTINIENNES

Le processus de paix israélo-palestinien est entré, depuis le lundi 8 novembre, dans une phase cruciale et décisive. Réunis à Ramallah, dans un hôtel de cette ville palestinienne, les négociateurs tentent, en fait, de gagner un véritable pari: parvenir, d’ici à septembre 2000, à un règlement final et résoudre, en dix mois, un conflit qui remonte à la création de l’Etat hébreu en 1948.
 
 
Les négociateurs palestinien Saëb
Erakat et israélien Obed Eran durant
leur conférence de presse.
 
De fait, le chemin a été tracé dans le cadre du mémorandum israélo-palestinien signé le 5 septembre à Charm el-Cheikh; puis, lors de la rencontre d’Oslo des 1er et 2 novembre. Israéliens et Palestiniens se sont engagés à intensifier leurs rencontres, afin de parvenir, d’ici la mi-février, à mettre au point, un accord-cadre intérimaire, en prévision de la solution globale et définitive du conflit.
Les énergies se mobilisent, mais la tâche est ardue, car les deux parties ont des positions diamétralement opposées sur les questions du fond qui vont à la racine même du problème. Au menu des négociations finales: l’Etat palestinien, Jérusalem, les frontières, l’eau, le retour des réfugiés et les colonies de peuplement.

DEUX DOCUMENTS DIAMÉTRALEMENT OPPOSÉS
Conduite par Yasser Abed Rabbo, ministre palestinien de l’Information, la délégation palestinienne a présenté un document de travail portant sur les questions à traiter réclamant l’application des résolutions 242 et 338 de l’ONU relatives au retour aux frontières de 1967, y compris Jérusalem-Est, ainsi que le droit pour les réfugiés palestiniens, au nombre de 3 millions de rentrer chez eux et l’arrêt de la colonisation.
Sous la conduite du diplomate Obed Eran, la délégation israélienne a présenté, dans son document des thèses totalement différentes: Jérusalem restera unifiée et sous souveraineté israélienne. Pas question non plus de revenir aux frontières d’avant juin 1967 et exclusion du retour des réfugiés, dans les territoires qui constituent, depuis 1948, l’Etat d’Israël.

L’AMÉRIQUE VEILLE
Tel qu’on le constate, le fossé est énorme et on se demande comment il sera possible de concilier des positions aussi divergentes. Mais les négociations sont faites précisément, dans ce but et, surtout, l’Amérique veille à ce qu’il n’y ait pas de dérapage du train mis sur les rails en 1993 à Oslo. Début novembre, lors de la nouvelle rencontre dans la capitale norvégienne, le président Bill Clinton a parlé “d’un prochain sommet sur le statut final”.
L’Europe, pour sa part, est elle aussi déterminée à venir à tout moment à la rescousse pour amener le processus à sa finalité. On a vu, comment Paris a été les jours passés au cœur d’une intense activité diplomatique relative au Proche-Orient.
La tâche est difficile, certes, mais la communauté internationale est décidée à mettre fin à un conflit ayant pris ses racines dans la “déclaration Balfour”.
 
Une explosion à Natanya

A l’heure où les négociations sur le statut final devaient être entamées à Ramallah, une explosion s’est produite à Natanya, ville balnéaire située à 40 km de Tel-Aviv.

Il n’y a pas eu de victimes, alors qu’une trentaine de personnes ont été blessées, pour la plupart légèrement. L’attentat n’a pas été revendiqué, mais il est survenu au lendemain d’un communiqué des “brigades de Ezzedine al-Qassem” (branche armée clandestine du Hamas), annonçant “de nouveaux attentats contre Israël dans les semaines et mois à venir”.
Condamné par Israël et par l’Autorité palestinienne, l’attentat de Natanya n’a pas réussi à mettre en cause la poursuite des négociations sur le statut final qui ont eu lieu comme prévu.
Il est certain qu’en cette phase délicate, les adversaires de la paix chercheront à paralyser le dialogue.

NELLY HÉLOU

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