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"Je
ne m’attends à rien de personnel de la nouvelle loi électorale
qui devrait être élaborée de manière à
éviter la crispation politique et à favoriser l’intégration
nationale”, déclare M. Michel Pharaon, député de Beyrouth.
De plus, il insiste sur la nécessité, pour les Libanais d’outre-mer, de participer au scrutin. Tout en réaffirmant son appui au régime, il s’interroge sur la gestion gouvernementale et sur les réalisations du “Cabinet des 16”. Par ailleurs, il se prononce en faveur d’une “opposition constructive” dont les observations et les critiques devraient profiter aux gouvernants. |
Notre première question porte sur le découpage des circonscriptions.
Comment conçoit-il celui de Beyrouth?
Je n’ai aucune demande personnelle à formuler, répond-il,
mais la nouvelle loi électorale devrait éviter la crispation
politique et favoriser l’intégration nationale.
Peu importe la forme du découpage, mais qu’il soit à
la dimension du caza ou du mohafazat, il faut que la formule retenue soit
la même pour tous. Jusqu’ici, aucune décision n’a encore été
prise.
En ce qui concerne la capitale, d’aucuns insinuent qu’il serait question
de la découper en deux ou trois circonscriptions. Je pense, quant
à moi, que Beyrouth forme une unité administrative. Il n’est
donc pas nécessaire de la découper, surtout si on doit retenir
le mohafazat en tant que circonscription électorale.
L’expérience qui y a été réalisée
au double plan des élections législatives et municipales
a été réussie. D’ailleurs, je crois que la tendance
au sein de l’opinion publique n’est pas en faveur du retour au caza.
En bref, il faut viser dans la nouvelle loi électorale, le mixage
des habitants et j’attends de connaître le projet gouvernemental
pour pouvoir me prononcer à son sujet en connaissance de cause.
La mécanisation est adoptée dans la plupart des pays
évolués au plan électoral. Qu’en est-il au Liban de
cette technique?
Naturellement, bien des innovations doivent être évoquées
et la mécanisation facilite beaucoup la consultation populaire.
Dans ce cas, l’électeur békaaiote aura la possibilité
de voter à Beyrouth; cela lui évitera le déplacement
jusqu’à son village et réduira les dépenses des candidats.
M. Pharaon insiste, d’autre part, sur la nécessité de
faire participer les Libanais d’outre-mer au vote. Je ne parle pas, uniquement,
des émigrés établis de longue date dans les pays d’accueil,
mais des Libanais contraints de s’expatrier pour trouver un gagne-pain
et dont la famille est restée dans la mère-patrie. Ceux-ci
devraient pouvoir accomplir leur devoir électoral dans les pays
où ils sont installés. Ils ont la possibilité de le
faire auprès des ambassades ou des consulats libanais.
Auriez-vous une suggestion à proposer à ce sujet?
Nous communiquons nos idées aux responsables, lesquels ont la
latitude de confier à des commissions qualifiées le soin
d’examiner un tel problème dont l’importance ne le cède en
rien à tant d’autres.
Avez-vous entrepris des contacts en vue d’éventuelles alliances
électorales?
Il est prématuré d’y penser, surtout tant que la nouvelle
loi électorale n’a pas été promulguée.
Quelle est, à votre avis, la cause du retard mis à
la mettre au point?
Une femme accouche après neuf mois de grossesse. Et bien qu’on
parle de la nouvelle loi électorale depuis plus de neuf mois, on
ne voit rien venir. Peut-être que cet accouchement-là a besoin
d’une “césarienne”!
Naturellement, la conjoncture régionale influe sur la situation
politique interne. Mais la véritable cause du retard réside
dans le fait, pour les différentes forces en présence, de
ne pouvoir parvenir à un consensus sur la question.
Le chef du gouvernement a laissé entendre que le projet de loi
sera prêt vers la fin de l’année courante.
Le projet de loi sur l’enrichissement illicite a donné lieu
à des discussions animées; avez-vous approuvé le texte
gouvernemental dans la forme où il a été établi
par les commissions parlementaires?
Il n’y a pas eu de divergence autour du principe de l’enrichissement
illicite. Il s’agit d’une loi qui s’appliquera à plus d’un million
de personnes, c’est pourquoi, il était nécessaire de la renvoyer
aux commissions pour supplément d’étude. Quel mal y a-t-il
à ratifier le projet avec deux ou trois mois de retard, alors qu’on
en parle et on l’attend depuis vingt ou trente ans?
Quelle est votre position envers la demande relative à la
levée de l’immunité couvrant un membre de l’Assemblée?
La Chambre des députés supporte une grande responsabilité
à ce sujet; aussi, doit-elle prendre son temps avant de se prononcer
sur la requête du Parquet. Les membres de l’Assemblée doivent
disposer d’un dossier complet, pour pouvoir prendre une décision
saine.
Que pensez-vous du projet relatif à la décentralisation
administrative?
La décentralisation administrative est, comme on sait, l’une
des clauses du document de l’entente nationale. Le projet élaboré
par le ministère de l’Intérieur nécessite une étude
approfondie, car il est quelque peu complexe. Les commissions parlementaires
en ont été saisies et le transmettront, pour approbation,
à l’Assemblée siégeant en séance plénière.
On dit que les Arméniens constituent le plus grand électorat
à Beyrouth; quelle est la nature de vos rapports avec ces électeurs?
Ma famille entretient des rapports de longue date avec cet électorat,
ainsi qu’avec d’autres grands électeurs que sont les Makassed, Hariri,
la “Jamaa islamiya”, le Hezbollah et des députés ayant représenté
la capitale depuis longtemps.
Etes-vous loyaliste ou opposant et vous situez-vous dans une position
intermédiaire?
Je suis de ceux qui soutiennent le régime et ne cessent de l’appuyer
de toutes leurs forces jusqu’à ce jour. Et ce, pour maintes raisons,
d’autant que le chef de l’Etat fait face à une conjoncture régionale
délicate. Puis, c’est un homme qui se distingue par ses qualités
transcendantes et une vue futuriste.
En ce qui concerne le gouvernement, nous avons émis certaines
observations sur sa gestion qu’on peut considérer plus proches de
l’opposition. Mais nous faisons de l’opposition constructive dans laquelle
j’ai une foi totale. Aussi, le Cabinet se doit-il de tirer profit des critiques
qui lui sont adressées.
Comment parvenez-vous à concilier votre appui au président
de la République et votre qualité de membre du “bloc de la
décision de Beyrouth” (bloc haririen)?
Nul n’est opposé au régime et notre bloc n’a pris aucune
décision hostile au chef de l’Etat. Cependant, la gestion gouvernementale
fait l’objet de critiques, ce qui est normal en régime démocratique.
Comment attirer les investisseurs?
Le Liban et la Syrie vivent, aujourd’hui, dans une sorte d’étau,
en raison de la conjoncture régionale. Les capitaux attendent un
climat propice pour être investis chez nous. D’ici là, nous
continuerons à pâtir d’un certain immobilisme et d’une situation
sociale difficile, en raison du chômage, la situation économico-financière
n’étant pas satisfaisante.