Les
détracteurs du Pouvoir ont dû accueillir avec satisfaction
le discours par lequel S.Em. le cardinal Sfeir a ouvert la 33ème
session de l’APECL et dressé un bilan plutôt négatif
de la situation actuelle dans le pays. En fait, cette “philippique” doit
être méditée autant par le Pouvoir que par les opposants,
car elle constitue une invite à un dialogue et à une coopération
entre toute la classe politique en vue d’un avenir meilleur.
On fait souvent grief aux hommes de religion “de s’immiscer dans les
affaires politiques, alors qu’ils devraient se préoccuper des problèmes
d’ordre spirituel”.
S.Em. le cardinal Nasral-lah Sfeir y a fait allusion dans le discours
inaugural de la trente-troisième session de l’Assemblée des
patriarches et évêques catholiques du Liban (APECL), en rappelant
que “les membres du clergé sont, aussi, des citoyens, appelés
à donner leur opinion sur les questions vitales engageant l’avenir
de la patrie.”
Ce point de vue se défend, surtout lorsque les politiciens pratiquent
la “politique de l’autruche” pour ne rien voir de ce qui se passe autour
d’eux et ne pas entendre les plaintes des citoyens.
En dressant un bilan négatif de la gestion du Pouvoir, l’éminent
prélat a réitéré son soutien au régime,
“parce qu’à sa tête se trouve un homme dont les qualités
et la totale abnégation inspirent confiance.”
On ne le sait que trop: une main seule ne peut applaudir... Il faut
donc que la classe politique, toutes tendances confondues, se regroupe
autour du Pouvoir et soutienne son action, pour l’aider à sortir
le pays de l’ornière et le remettre sur les rails.
Ce n’est nullement le cas, on en conviendra, quand on entend le discours
des opposants, lesquels mènent un double jeu qui consiste à
engager le dialogue avec le chef de l’Etat et à boycotter le chef
du gouvernement!
En régime démocratique, c’est tout simplement un non
sens, pour la simple raison que le Pouvoir et le Cabinet sont indissociables,
surtout quand celui-ci jouit de l’appui de l’Assemblée nationale
et de sa confiance.
Mais revenons au discours du chef spirituel des maronites, pour en
relever les principaux points, dont certains n’ont pas manqué de
poser plus d’un point d’interrogation, certains y ayant détecté
un “début de froid” dans les rapports entre Baabda et Bkerké!
Il n’en est rien. Soucieux d’alerter les hautes Autorités et
d’attirer leur attention sur les problèmes auxquels les citoyens
sont confrontés requérant des solutions urgentes, le cardinal-patriarche
a jugé utile de rompre le silence qu’il a observé au cours
de la première année du mandat présidentiel, partant
du fait que le “délai de grâce” s’est écoulé,
au terme duquel les administrés ont le droit de réclamer
des comptes au gouvernant.
Sa Béatitude a soulevé, notamment, la réforme
électorale pour se prononcer en faveur de la petite circonscription,
“parce que celle-ci permet à l’électeur de mieux connaître
le candidat à la députation et de le juger sur sa gestion
de la chose publique au terme de la législature”. C’est une formule
valable en l’absence de partis dignes de ce nom.
Autre point évoqué: la non application, autre que sélective,
de l’accord de Taëf qui prévoit la mise sur pied d’un Cabinet
d’entente d’où aucune frange de la classe politique ne serait exclue,
afin de favoriser la réconciliation nationale.
Le discours - certains disent la “philippique” - du patriarche Sfeir
est autant destiné au Pouvoir qu’à ses détracteurs,
ces derniers étant tenus de coopérer et de ne plus mettre
des bâtons dans les roues du char gouvernemental, afin de permettre
au pays d’aller de l’avant... |