LA PRESSES EN DEUIL
EMOUVANTES OBSEQUES A FADEL SAID AKL

D’émouvantes obsèques officielles et populaires ont été faites, vendredi dernier, en l’église St-Joseph de La Sagesse à Beyrouth, au regretté Fadel Saïd Akl, vice-président de l’Ordre de la Presse, décédé des suites d’une longue maladie.
 

Fadel Saïd Akl.

 M. Anouar el-Khalil épinglant sur le
catafalque les insignes de Chevalier 
de l’Ordre du Cèdre, distinction que
le chef de l’Etat a décernée à 
Fadel S. Akl à titre posthume.

Le chef de l’Etat, les présidents de la Chambre et du Conseil se sont fait représenter, respectivement, par MM. Anwar el-Khalil, ministre de l’Information et des Déplacés; Jacques Jokhadarian, député de Beyrouth et Hassan Chalak, ministre de la Réforme administrative.
Les présidents Omar Karamé et Rafic Hariri ont délégué, à leur place, MM. Béchara Merhèje, député de Beyrouth et Ibrahim Mohsen. On notait la présence de plusieurs ministres, députés, hauts fonctionnaires de l’Etat et de nombreux confrères ayant à leur tête: MM. Mohamed Baalbaki et Melhem Karam, présidents des Ordres de la Presse et des journa-listes; MM. Ibrahim el-Khoury, président de Télé-Liban; Fouad Hamdane, directeur de Radio-Liban; Khalil Khoury, directeur de l’ANI; Me Antoine Klimos, bâton-nier des avocats de Beyrouth; Dory Chamoun, leader du PNL; Mounir el-Hajj, chef des Kataëb; Moustapha Hakim, président des Najjadés, ainsi que des représen-tants des instances judiciaires, mi-litaires, religieuses et syndicales.

Sfeir: “Par son absence disparaissent des pages de l’histoire du combat médiatique”
L’office funèbre a été présidé par Mgr Roland Abou-Jaoudé, vicaire patriarcal maronite, représentant S.Em. le cardinal Nasrallah Sfeir, assisté de Mgr Khalil Abi-Nader et de plusieurs membres du clergé. Après la lecture de l’évangile, le R.P. Youssef Tok, secrétaire du Conseil patriarcal maronite, a donné lecture du message de Mgr Sfeir tenant lieu d’oraison funèbre.
Sa Béatitude commence par déplorer la perte d’un grand journaliste “dont l’absence fait disparaître des pages de l’histoire du combat médiatique au Liban qu’il a écrites avec son sang avant sa plume.” L’éminent prélat rappelle que Fadel S. Akl a porté les soucis du Quatrième Pouvoir dès sa tendre enfance. “Il n’y a rien d’étonnant en cela, dit-il, puisqu’il fut le fils d’un martyr ayant consenti le sacrifice suprême en faveur du Liban.”
Le patriarche Sfeir rappelle son passage à Radio-Orient, devenue par la suite, Radio-Liban et à Télé-Liban qu’il a enrichies de ses écrits sous forme de scénarios, de pièces théâtrales et de séries radio-télévisées. Il a fondé cinq publications et contribué à la rédaction de huit imprimés, dont “Al-Bayrak”, lancé par son père-martyr il y a 88 ans.
Montrant un courage à toute épreuve, il a exprimé son opinion sans craindre la prison et contribué à fonder les Ordres des journalistes et de la Presse, excellant dans la manière d’établir des relations amicales et de coopérer avec tous ses confrères sur la base du respect et de la confiance réciproques.
 

Au premier plan, MM. Melhem Karam, 
Mohamed Baalbaki (à gauche); les 
représentants des chefs de l’Etat, 
de l’Assemblée et du gouvernement.

La famille du journaliste disparu
au cours de l’office funèbre.

El-Khalil: “La fidélité, la moralité et le loyalisme ont été ses qualités essentielles”
Puis, M. Anouar el-Khalil rend hommage, au nom du chef de l’Etat, à Fadel Saïd Akl “chevalier de la Presse qui n’est jamais descendu de sa monture que terrassé par la maladie”, avant de s’adresser au défunt en ces termes:“Vous avez aidé à resserrer les liens entre le Liban résident et émigré et vous vous êtes signalé par le combat incessant en faveur de la liberté et de vos croyances depuis le martyre de votre père et jusqu’à votre dernier souffle.
“Vos proches, confrères et amis sont fiers de vous compter parmi les pionniers des journalistes, des hommes de lettres et des penseurs ayant tant donné au Liban.”
M. el-Khalil épingle, enfin, sur le catafalque, les insignes de Cheva-lier de l’Ordre national du Cèdre, décoration que le président de la République a décernée au dispa-ru à titre posthume, en apprécia-tion de ses qualités, de son combat et de son action au double plan national et professionnel.

Baalbaki: “Tu as été une école ayant enseigné la passion pour la liberté et la patrie”
Au tour de M. Mohamed Baalbaki d’évoquer le souvenir et l’œuvre de son vice-président, sans manquer d’exprimer la grande affliction qu’il éprouve en parlant d’un frère et d’un ami en pareille circonstance.
“Notre confrère, dit le président de l’Ordre de la Presse, a été l’amour incarné dans un homme. Il n’a voué que de l’affection à ses collègues qui tous lui manifestaient de l’amour et de la déférence.”
M. Baalbaki rappelle les jours que le défunt a passés en prison pour avoir défendu le verbe contre ceux qui voulaient le bâillonner et s’en servir pour leur propre cause et profit.

Karam: “Tu es mort en héros et tu resteras à jamais une légende”
Quant à M. Melhem Karam, il magnifie la famille Akl disant que “la maison dont le destin a voulu la toucher du caractère sacré du martyre, bénéficie du droit de jouir de l’immortalité.”
Et d’ajouter: “Fadel Saïd Akl est entré dans la profession en conquérant, se dépensant sans compter... Les gens ne l’ont connu tel qu’en lui-même que le jour où il est tombé en martyr... Un homme dont la naissance fut un martyre, frappe le monde de l’immortalité de ses deux mains.”
M. Karam exprime sa gratitude au président de la République, le général Emile Lahoud “qui protège la liberté et a décerné à notre collègue, Fadel Saïd Akl, la décoration qu’il mérite.”
 

 ***
 
A la famille Akl et à ses alliés, “La Revue du Liban” présente ses condoléances et l’expression de sa sympathie émue.
 
Encore une belle figure du Liban qui disparaît. Fadel Saïd Akl n’est plus. Il s’en est allé rejoindre Antoinette, sa femme qu’il chérissait.

Journaliste de talent, il est mort la plume à la main. Quand je l’ai visité à l’hôpital, sa belle main était crispée dans la position d’écrire. Je me souviens de lui toujours penché sur son bureau, en train de rédiger des articles, soit pour le journal, soit pour la T.V. ou la radio. Fadel comme tu l’avais écrit, lorsque ta sœur Jeanne d’Arc est morte, tu as enfin rejoint ton père Saïd, martyr pour un Liban uni, libre et souverain. Ce Liban que tu as tant aimé pleure, aujourd’hui, ton absence. Paix à ton âme. 


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