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Né
à Alep (Syrie) le 21 avril 1946, M. Georges Miltiadès Gabriélidès,
diplômé en Droit et sciences politiques de l’université
de Thessalonique (Grèce), a entamé sa carrière diplomatique
le 9 février 1976, en tant qu’attaché d’ambassade au ministère
grec des Affaires étrangères où il a assumé
les fonctions de secrétaire du bureau pour le développement
des relations avec les pays arabes, avant celles de chargé de mission
itinérant en Arabie séoudite et dans le Golfe.
Ensuite, il a occupé les postes suivants: deuxième secrétaire auprès de l’ambassade de Grèce à Bagdad; premier secrétaire à Lisbonne; puis, il a été rappelé à l’Administration centrale, à la direction des Affaires politiques pour l’Afrique du Nord. Il a représenté son pays dans divers comités politiques de l’OTAN et de l’Union européenne et a occupé le poste de premier conseiller auprès de la direction ds Affaires politiques pour le Moyen-Orient. |
Nommé consul général à Marseille (1990-94),
il a été rappelé de nouveau à l’Administration
centrale en 1995 où il a été nommé directeur
de Cabinet du secrétaire général des Affaires étrangères;
un an plus tard, il a été promu ministre plénipotentiaire.
Au début de cette année, il a été muté
à Beyrouth à titre d’ambassadeur.
Marié et père de deux enfants, M. Gabriélidès
parle l’arabe, le français et l’anglais, en plus, naturellement,
du grec.
LE LIBAN EST TRÈS CHERÀ LA GRÈCE
Son affectation à la capitale libanaise l’a satisfait. Le Liban,
dit-il, nous est un pays très cher en Grèce, non seulement
parce qu’il est près du nôtre, tous deux ayant des frontières
communes en tant qu’Etats du bassin méditerranéen, mais parce
que le peuple grec a été sensibilisé durant les années
de guerre par les souffrances de votre peuple.
D’ailleurs, beaucoup de Libanais se sont établis en Grèce
à cette époque et beaucoup d’entre eux continuent à
y vivre. La présence d’une communauté hellénique comptant
près de trois mille membres à Beyrouth, a contribué
à renforcer les relations entre nos deux peuples.
Ayant connu le Liban en tant que touriste dans les années 60,
j’ai été surpris, positivement par le progrès réalisé
dans tous les domaines et, surtout, par l’esprit de réconciliation
que j’ai trouvé chez toutes les parties de la population libanaise.
Quant à la situation actuelle, l’ambassadeur pense que si les
perspectives du processus de paix au Proche-Orient aboutissent aux solutions
voulues, le développement économique et social au Liban atteindra
des dimensions considérables. Je suis optimiste quant à l’avenir
de ce pays.
RESPECT DES RÉSOLUTIONS INTERNATIONALES
La Grèce a-t-elle quelque contentieux avec le Liban? Quelle
est la nature de ses relations avec notre pays, d’une part et avec les
Etats arabes, d’autre part?
Comme vous le savez, les relations entre le Liban et la Grèce
sont excellentes à tous les niveaux.
Pendant des siècles, les Grecs ont pu et su forger avec le monde
arabe, en général et avec le Liban, en particulier, des liens
de sincère amitié, de grande confiance et de profonde collaboration
dans tous les domaines politique, économique, social, culturel et
religieux. Tout au long de notre parcours historique, les Grecs et les
Libanais ont plusieurs fois connu le même destin et surmonté
les mêmes difficultés. Aujourd’hui, nous partageons les mêmes
aspirations dans notre région commune: promouvoir la stabilité,
la sécurité, le respect du droit international, le respect
de toutes les résolutions des Nations Unies, y compris celles qui
exigent le retrait des forces d’occupation de tous les territoires occupés,
que ce soit au Liban-Sud et au Nord de Chypre. Nous partageons, aussi,
le respect de l’intégrité et de la souveraineté de
tous les pays de la région. Nous voulons promouvoir la compréhension
et la coopération, créer et partager la prospérité.
L’amitié qui nous unit au monde arabe et, tout particulièrement,
au Liban est historique, traditionnelle, profonde et sincère. C’est
sûrement une constante au service de la stabilité régionale.
Je dois vous assurer que la tâche du gouvernement hellénique
est celle de préserver et d’amplifier cette coopération et
cette amitié. Je travaillerai, pour ma part avec ardeur dans ce
sens.
LA GRÈCE CONTRIBUE À LA RECONSTRUCTION
DU LIBAN
La Grèce contribue-t-elle, dans quels domaines et secteurs,
à la reconstruction des régions libanaises dévastées
par la guerre ou à la remise en état de nos infrastructures?
En effet, la Grèce contribue à la reconstruction du Liban
dans le cadre de l’Union européenne et des programmes méditerranéens.
Nous élaborons, aussi, des programmes d’aides humanitaires en vue
de l’octroi de médicaments et l’établissement de centres
médicaux.
Nous avons un programme commun avec l’Union européenne pour
la création d’une clinique pédiatrique et gynécologique
à Marjayoun dans la zone occupée. Dans le domaine de l’éducation,
la Grèce offre au Liban chaque année, douze bourses d’études
octroyées à des étudiants libanais.
Le Premier ministre grec, M. Simitis, a dit que la guerre de Yougoslavie
a montré que la voie de l’intégration politique de l’Europe
est encore difficile. La crise balkanique a compromis l’unité européenne;
peut-elle freiner ou accélérer l’extension de l’OTAN vers
l’Europe de l’Est?
Nous croyons que cette grande crise qui a touché l’Europe, ne
pourra pas freiner l’intégration de tous les pays de l’Europe de
l’Est dans les structures politiques, économiques ou de sécurité
européenne comme, aussi, dans les structures politiques ou de défense
atlantique.
RELATIONS GRÉCO-TURQUES
Quel est l’état des relations entre Athènes et Ankara?
On peut dire, aujourd’hui, que le climat des relations entre les deux
pays s’est beaucoup amélioré. Les séismes qui ont
frappé les deux pays, ont provoqué une vague de solidarité
et d’entraide mutuelle. Nous avons été les premiers à
arriver sur place en Turquie avec nos équipes de secours et les
premiers à avoir envoyé de l’aide humanitaire.
Dans le cadre de l’amélioration de nos relations avec la Turquie,
des négociations ont été entamées pour accélérer
la collaboration bilatérale dans des domaines dits “non problématiques”
comme le tourisme, l’environnement, les relations économiques, commerciales,
scientifiques et culturelles, les questions de la sécurité
des citoyens (immigration illégale, trafic de drogue, terrorisme
et crime organisé).
Jusqu’à présent, cette collaboration a été
positive. Cependant, la Turquie doit toujours faire quelques gestes importants
pour qu’on puisse parler d’une amélioration substantielle des relations
entre la Grèce et la Turquie. A savoir: respecter le Droit International
et nos droits souverains et contribuer à la résolution du
problème de Chypre.
Qu’en est-il de la candidature de la Turquie, au sein de l’Union
européenne?
La Grèce appuie la vocation européenne de la Turquie.
En même temps, elle considère que la Turquie doit démontrer
de façon claire par son comportement et ses actes qu’elle veut vraiment
devenir membre de l’U.E.
La Grèce considère que cette candidature ne sera pas
simplement symbolique ou nominale, mais tout à fait substantielle.
La Turquie, une fois candidate, doit assumer toutes les responsabilités
émanant d’un tel statut.
CRISE CHYPRIOTE
Où en sont les pourparlers à propos de la crise chypriote
et qu’est-ce qui les empêche d’aboutir?
La communauté internationale, les Etats-Unis, l’Union européenne
et le G8 (pays les plus industrialisés au monde) ont demandé
au secrétaire général des Nations Unies d’inviter
les communautés chypriote-grecque et chypriote-turque de l’île,
à entamer des négociations sans conditions préalables,
pour aboutir à une solution suivant les résolutions y relatives
du Conseil de Sécurité, à savoir: l’établissement
d’une République fédérale bi-zonale et bi-communautaire.
Ce qui les empêche d’aboutir, c’est l’intransigeance de l’autre partie.
A quels problèmes exigeant des solutions urgentes, le gouvernement
grec est-il actuellement confronté?
Tout d’abord, reconstruire la partie de la capitale détruite
lors du séisme du 7 septembre; construire des habitations pour les
100.000 sans-abri.
Deuxième problème, il faut préparer l’entrée
du pays dans la zone de l’Euro; ensuite, accélérer le développement
économique; enfin, préparer les jeux olympiques de l’an 2004
à Athènes.
Concernant les relations internationales, le gouvernement grec veut
sauvegarder la stabilité dans les Balkans, renforcer la sécurité,
les institutions démocratiques et le développement économique
de tous les voisins balkaniques, afin que ces derniers puissent un jour
s’intégrer dans les institutions européennes et atlantiques.
LA GRÈCE ET L’EURO
Quelle est la position du gouvernement d’Athènes envers l’Euro
et l’unification de la monnaie européenne a-t-elle eu des répercussions
(positives ou négatives) en Grèce?
La Grèce entrera dans la zone de l’Euro vers la fin du mois
de juin de l’an 2000. Pour y arriver, le gouvernement déploie un
effort immense qui, jusqu’à présent, a porté ses fruits.
Nous avons atteint tous les critères pour entrer dans la zone de
l’Euro; il reste à baisser le taux d’inflation de 2%, actuellement,
à 1,8% exigé dans la zone de l’Euro.
Quel est votre meilleur souvenir de diplomate?
Mon meilleur souvenir de diplomate sont mes rencontres avec les dirigeants
arabes: Assad, Kadhafi, Saddam Hussein, Moubarak, Arafat et Fahd durant
mes années de mission, le plus impressionnant de ces souvenirs étant
ma rencontre avec le président syrien Hafez Assad.