Né
le 27 février 1956, M. Helmut Freudenschuss, nouvel ambassadeur
d’Autriche, a fait des études de droit à l’université
d’Innsbruck et Salzbourg dont il est titulaire du doctorat depuis 1978.
De même, il est diplômé de l’Académie internationale
de droit et a poursuivi des études à la London School of
Economics.
Il a été professeur-adjoint à l’Institut de droit public et de sciences politiques à l’université d’Innsbruck (1979-1981), avant de rejoindre le Conseil de l’Europe pour les droits de l’homme; puis, le ministère autrichien des Affaires étrangères en 1981. A cette même date, il a fait partie de la Division de l’Europe de l’ouest; puis, du département d’Amérique; ensuite, il a été conseiller juridique en charge du bureau pour les droits de l’homme. Après avoir assumé les fonctions de secrétaire privé du secrétaire général des Affaires étrangères, il fut attaché à la mission permanente d’Autriche aux Nations Unies à New York où il a occupé divers postes jusqu’en 1992. En février 1993, il fut rappelé à l’Administration centrale en tant qu’assistant spécial du directeur général pour les affaires politiques; puis, directeur du bureau pour la coordination au département politique. Depuis juin 94, il a été rattaché en tant que membre à la délégation autrichienne au comité politique du Conseil de l’Europe. En 1996, il a été promu au rang de ministre. Il a publié plusieurs ouvrages traitant de la Constitution autrichienne, du droit public international et des relations internationales. Depuis mai 1995, il présidait le conseil du personnel du ministère autrichien des Affaires étrangères. |
SURPRIS PAR L’HOSPITALITÉ LIBANAISE
M. Freudenschuss nous confie, tout d’abord, ses premières “impressions
libanaises” et se dit heureux de son affectation à Beyrouth.
J’ai été encouragé à présenter ma
candidature pour ce poste, par l’ex-ambassadeur ami d’Allemagne Peter Wittig,
récemment muté à Chypre. Je suis venu au mois de mai;
puis, vers la fin de l’été pour me trouver une résidence.
Je suis heureux d’être le premier ambassadeur autrichien résidant
à Beyrouth et agréablement surpris par l’hospitalité
libanaise.
Pourquoi le gouvernement de Vienne a-t-il tardé à rouvrir
son ambassade à Beyrouth?
Il y eut, à vrai dire, plusieurs raisons. Comme le Liban, l’Autriche
a connu une crise budgétaire. C’était la première
raison pour laquelle nous n’avons pas ouvert de nouvelles ambassades. Puis,
l’Autriche est entrée dans l’Union européenne, comme membre
chargée de la présidence de l’U.E. dans la deuxième
moitié de l’année passée. Nos responsables ont pensé
qu’il fallait concentrer toute notre énergie et nos ressources à
cette tâche.
On a pris la décision de principe de rouvrir l’ambassade, il
y a un an, mais le processus de sélection dure quelques mois et
j’aurais souhaité venir ici plus tôt.
J’ai présenté mes lettres de créance le 5 octobre,
alors que j’avais été nommé en juillet 1999, ambassadeur
d’Autriche. Le gouvernement libanais a donné son agrément
dans un bref délai; tout le monde a été surpris, j’étais
le premier ambassadeur parmi une trentaine d’autres à recevoir l’agrément
au bout de cinq jours.
Y a-t-il un contentieux entre l’Autriche et le Liban et des projets
d’accords (ou de protocole) en cours de négociation?
Il n’y a pas de contentieux. En ce qui concerne les projets, certains
ont été soumis par le ministère libanais des Finances
sur la protection des investissements et, aussi, sur la double imposition;
ces projets sont, actuellement, à l’étude au ministère
des Finances à Vienne. J’ai l’intention d’intensifier encore plus
la coopération entre nos deux pays.
Vienne manifeste peu d’intérêt aux problèmes
du monde arabe. Pourquoi? N’envisage-t-on pas dans la capitale autrichienne
de s’en rapprocher?
Je ne dirai pas que Vienne manifeste peu d’intérêt. Comme
je l’ai dit plus haut, notre intérêt a été plus
intensif que maintenant à cause de notre concentration de devenir
membre de l’U.E., d’une part et, d’autre part, de l’ouverture vers l’Est
après la chute du communisme, l’Autriche étant un petit pays
ayant des ressources limitées. Je pense que ma nomination ici est
un geste et un signe de confiance. Elle revêt une signification importante
et prouve que nous nous intéressons à la région, globalement
et en particulier, au Liban.
EN FAVEUR D’UN RÈGLEMENTGLOBAL AU P.-O.
Quelle est la position de l’Autriche envers le conflit israélo-arabe?
Propose-t-elle de jouer un rôle pour contribuer à en hâter
le règlement?
Comme membre de l’U.E. nous participons pleinement à la politique
étrangère commune de l’Union. A mon avis, il serait très
présomptueux de penser à un rôle national de l’Autriche,
quant au conflit israélo-arabe, mais on a toujours été
en faveur d’un règlement global et pacifique. Nous avons toujours
appuyé les résolutions des Nations Unies et du Conseil de
Sécurité et, bien sûr, l’application de la résolution
425; notre position, à ce sujet, est très claire.
La loi autrichienne sur l’immigration reste-t-elle rigoureuse et
n’est-il pas question de l’assouplir afin de faciliter l’octroi du visa
d’entrée, comme du permis de séjour et de travail?
La loi autrichienne est devenue plus rigoureuse. A l’époque,
il était beaucoup plus facile d’aller en Autriche et de s’y installer.
Avec cette ouverture sur l’Est, on a démantelé les frontières
et il y a eu le conflit de l’ex-Yougoslavie. Ces deux événements
ont amené beaucoup d’étrangers en Autriche, soit en tant
que réfugiés ou en tant que personnes cherchant des opportunités
économiques. La conséquence de ces deux faits nous a incités
à instituer une politique d’immigration plus rigoureuse.
Quant aux demandes de visa d’entrée en Autriche, nous sommes
signataires de l’accord de Schengen et sommes soumis à ses règles.
Un de mes buts primordiaux est de promouvoir et d’encourager le tourisme
vers mon pays, d’autant que j’ai trouvé beaucoup de sympathie pour
l’Autriche parmi Les Libanais. Il faut donc en profiter.
On constate l’arrestation d’immigrés clandestins dans plusieurs
pays d’Europe. Ce phénomène se manifeste-t-il en Autriche?
Avec l’ouverture vers l’Est, on a dû trouver des moyens pour
combattre l’immigration clandestine. Un des moyens adoptés a été
de déployer des soldats à la frontière qui est complètement
ouverte pendant la nuit . Nous sommes obligés avec nos partenaires
européens de contrôler nos frontières afin de prévenir
ce phénomène.
L’AUTRICHE ET L’U.E.
La nouvelle monnaie européenne aurait-elle des incidences
négatives sur la vôtre et sur l’économie autrichienne,
en général?
Nos experts et nos responsables économiques ont décidé
que la participation de l’Autriche au projet de l’Euro nous apporte bien
des avantages, étant donné que l’économie autrichienne
est très bien intégrée déjà avec les
économies des pays voisins et de tous les pays européens.
Par contre, le fait de ne pas y participer aurait eu des conséquences
désastreuses.
On est devenu membre de l’U.E. en 1995, après un référendum
en Autriche, auquel plus des deux-tiers des participants ont voté
oui. Il est vrai qu’entre-temps, le soutien du peuple autrichien à
l’U.E. a connu une certaine régression.
Le gouvernement autrichien est-il favorable à l’extension
de l’OTAN vers les pays de l’Est et quelle est la nature de ses relations
avec ces pays?
L’Autriche n’étant pas membre de l’OTAN, reste un pays neutre;
la question ne peut se poser.
L’Unesco a proclamé 1999 “année du vieillard”; l’Autriche
a-t-elle élaboré des structures spéciales aux personnes
du troisième âge et institué l’assurance-vieillesse?
L’assurance-vieillesse existe en Autriche depuis bien longtemps. Le
nombre des gens avancés en âge ne cessant d’augmenter, notre
système social se trouve en face d’un problème de financement.
Le gouvernement a commencé à réformer ce système
pour mieux garantir dans le futur les pensions.
De même, on décourage les retraites avant les soixante
ans, on leur demande de payer plus à la Caisse sociale et,
aussi, on encourage les gens à avoir une pension privée exemptée
de taxes.
Les lois régissant le monde du travail en Autriche, établissent-elles
quelque discrimination entre l’homme et la femme? Et celle-ci a-t-elle
acquis tous ses droits?
L’égalité entre l’homme et la femme existe dans le secteur
privé. En ce qui concerne le secteur public, une loi vise à
une discrimination positive envers les femmes; par exemple, s’il y a deux
candidats pour un poste ayant les mêmes qualifications, le secteur
public doit employer la femme, c’est la situation légale en pratique,
bien sûr. Il y a toujours des problèmes, la situation réelle
ne correspondant pas complètement à la situation juridique.
Quel est votre meilleur souvenir de diplomate?
Ma mission à New York comme représentant adjoint de l’Autriche
au Conseil de Sécurité en 1991 constitue une page importante
de ma vie diplomatique. C’était l’époque du conflit du Golfe
et le début de la crise yougoslave, un moment crucial pour le Conseil
de Sécurité qui était au centre de ces événements.