Moratinos au Liban: Un optimisme prudent. |
Le Hezbollah: Une équation difficile. |
LE “MESSAGE” DE LAHOUD
Il faut s’arrêter, tout d’abord, sur une importante déclaration
du chef de l’Etat visant à dissiper toute équivoque et à
définir clairement la position du Liban en cas d’un retrait unilatéral
israélien du Liban-Sud et de la Békaa-ouest.
Le président Lahoud s’est exprimé, en effet, sur le contentieux
libano-israélien en des termes très explicites: “Plusieurs
Etats, a-t-il affirmé, nous ont interrogés sur notre position
au cas où les Israéliens se retiraient et menaçaient
de bombarder l’infrastructure libanaise, ainsi que les positions des armées
libanaise et syrienne. Nous avons toujours répondu que nous sommes
devant l’alternative suivante: soit le Liban maintient l’unité de
sa position au plan interne et avec la Syrie et affronte avec elle les
plans de l’ennemi quels qu’ils soient; soit il retourne à l’état
de discorde et de luttes intestines”.
Le message est clair. Il s’adresse en premier, aux Israéliens.
“La balle est dans leur camp”, dira aussi le président Lahoud.
“Par leur retrait unilatéral, ils cherchent à séparer
les dossiers libanais et syrien et, surtout, à isoler Damas”.
Le message s’adresse, aussi, au “parrain” américain et à
la communauté européenne qui s’activent pour faire avancer
le processus de paix. Sont-ils disposés, réellement, à
éviter au Liban une nouvelle épreuve?
Une fois de plus, les Libanais ne cachent pas leur inquiétude
face à un retrait israélien unilatéral. La position
officielle est explicite, mais ne fait pas l’unanimité. Pour certains
groupes et courants politiques, en cas de retrait unilatéral de
“Tsahal” du Liban, le “Hezbollah” devrait cesser toute action de résistance,
alors qu’une force multinationale pourrait se déployer tout au long
de la frontière libano-israélienne, afin qu’il y ait un désengagement
au Liban-Sud, tout comme au Golan, en attendant la phase finale du processus
de paix qui, elle, se ferait en concomitance avec Damas. Bon nombre de
Libanais ne comprennent pas pourquoi les “intégristes” devraient
poursuivre leurs attaques contre Israël, à partir du Liban-Sud,
après le retrait de “Tsahal”.
Barak: Un retrait dans le cadre d’un accord avec la Syrie, désormais envisageable? |
Albright: Le temps presse. |
MORATINOS OPTIMISTE
L’émissaire européen, Miguel Angel Moratinos qui se trouvait
à Beyrouth en milieu de semaine, après avoir visité
Jérusalem et Damas, s’est voulu pour sa part rassurant: “Je suis
optimiste”, a-t-il affirmé, en avançant l’hypothèse
d’une évacuation israélienne qui ferait suite à un
accord. Il a indiqué avoir abordé avec les responsables libanais
“trois questions majeures. En premier lieu, la relation entre le Liban
et Israël et la possibilité d’un accord de paix, premier pas
sur la voie d’un retrait israélien du Liban-Sud dans le cadre de
la résolution 425”.
A cet effet, M. Moratinos indique qu’il s’était entretenu avec
le Premier ministre israélien de cette question et que “M. Barak
serait déterminé à opérer ce retrait dans le
cadre d’un accord avec la Syrie et le Liban. Il s’agirait même d’une
priorité pour Tel-Aviv”.
La deuxième question abordée par l’émissaire européen
a porté “sur la situation particulière des réfugiés
palestiniens au Liban et la nécessité de trouver une solution
définitive à ce problème”. Moratinos a évoqué
la nécessité d’une conférence internationale pour
régler ce problème.
En troisième lieu, il fut question “des relations entre l’UE
et le Liban dans le cadre du programme de soutien économique et
financier et du développement de l’Etat et de la société
libanaise”. Moratinos affirme, aussi, qu’en cas d’un accord sur un retrait
israélien, “la communauté internationale et l’Union européenne
devraient s’engager à garantir une situation militaire, ainsi qu’une
sécurité économique et sociale satisfaisante dans
la région”.
NOUVELLE TOURNÉE D’ALBRIGHT AU P.-O.
Par ailleurs, les négociations sur le statut final de Gaza et
de la Cisjordanie sont paralysées, les Palestiniens ayant menacé
de boycotter les pourparlers, si Israël poursuivait sa politique de
colonisation dans les territoires.
“Nous ne pouvons pas continuer à négocier, alors que
la colonisation se poursuit”, affirme Yasser Abed Rabbo, chef de la délégation
palestinienne.
Pour Washington, il est indispensable d’éviter l’écueil
d’une paralysie sur ce processus, d’autant plus que les discussions doivent
aboutir, en février, à un accord-cadre devant fixer les grandes
lignes d’un règlement permanent supposé être parachevé
en septembre 2000.
Une fois de plus, le secrétaire d’Etat américain, Madeleine
Albright et l’émissaire spécial pour le P.-O., Dennis Ross,
sont attendus dimanche dans la région, en vue d’aider à surmonter
les obstacles de parcours au niveau israélo-palestinien et de tenter
de débloquer les processus syro-israélien et israélo-libanais.