Editorial



Par MELHEM KARAM 

LA MONDIALISATION ET LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES AU LIBAN

La loi électorale à laquelle est consacré un temps suffisant pour permettre sa discussion approfondie, nous le disons une fois de plus, est la loi la plus importante après la Constitution. Ce temps est-il suffisant? Nous répondons par la négative, si est exacte l’assertion de ceux qui disent que le projet de loi sera déposé sur le bureau de l’Assemblée avant l’an 2000. Etant entendu que ce projet, s’il n’est pas déposé avant l’an 2000, donnera raison à ceux qui disent que les élections législatives n’auront pas lieu dans le délai constitutionnel. Partant du fait que le président Emile Lahoud et le gouvernement sont soucieux d’assurer ces élections à leur échéance.
Mais comment nous adresser et nous ne disons pas jusqu’ici comment tranquilliser, ceux qui ont des obsessions et de l’angoisse? Comment nous adresser à eux pour leur dire qu’en élaborant la loi électorale, nous rédigeons l’acte de l’équité, de l’égalité et de la justice?
Puis, qu’est-ce que l’égalité dans sa vérité? L’égalité entre les régions? Certainement pas. Parce que l’égalité entre les régions n’assure pas en définitive, l’égalité entre les gens, entre l’électeur dans chaque région et l’élu.
L’électeur a le droit d’élire son député. Le député de la nation, non celui d’une circonscription déterminée. L’histoire d’Alsace-Lorraine après avoir été amputée de la France par l’Allemagne, est encore dans la mémoire. De même que les paroles du président de la Chambre des députés à l’Assemblée nationale adressées aux députés de ces deux régions, le jour où ils ont voulu se retirer de la Chambre, sous prétexte que leur mandat est tombé par l’amputation de la région qu’ils représentent.
Le mot du président du parlement français est, également, présent dans la mémoire. Il leur a dit: “Vous représentez la nation et non l’Alsace-Lorraine. C’est pourquoi, vous restez à l’Assemblée, vous acquittant de votre rôle de législateur et de censeur.
Il est du droit des gens, depuis que les élections existent et depuis qu’a été ouverte l’urne; la jarre au temps d’Aristide à Athènes, dans laquelle était déposé le coquillage portant le nom de l’élu; puis, une boîte en bois, en verre ou confectionnée avec un autre minerai, par la suite. Depuis lors, le dernier mot dans la démocratie véritable est au votant, car la volonté des gens est la volonté, en définitive. Le député élu, s’il doit être l’œuvre de quelqu’un, il doit être celle du peuple. Puisse-t-on avoir encore présentes dans la mémoire, les paroles de cheikh Abdallah Alayli au meeting de Manara, au début des années cinquante!
Telle est l’égalité requise. Que les gens puissent être égaux, où qu’ils soient. Ils ont le droit d’élire leurs représentants avec liberté et conviction. Sinon on n’aurait pas besoin d’une loi électorale, ni d’urnes, ni de votants.
On pourrait demander et cela est inévitable, si les élections ont été une fois ainsi? Dans les pays du tiers monde, non. Aucune fois des élections n’y ont eu lieu, sans qu’elles soient contestées. Les élections dans le tiers monde se font à l’unanimité ou d’office, sans avoir besoin d’unanimité. Sinon les gens élèvent la voix pour dénoncer la falsification et les falsificateurs.
Ces choses, nous l’avons dit une fois, ne se voient pas dans le monde des démocraties; le premier monde, pour plus de précision. Même dans le second monde, il y a eu des demandes d’invalidation et des griefs ont été formulés, parce que les élections étaient l’œuvre des “Securitates”, la plupart des fois.
Comme dans les pays du tiers monde, les élections au Liban n’ont pas été toujours honorables. Ambitionnons-nous qu’elles soient ainsi, ne serait-ce que relativement sous ce régime?
Telle est notre ambition et tel est notre espoir. Nous n’exagerons pas si nous disons: Les élections au Liban, tant législatives que présidentielles, tout le monde y participe. Et depuis “l’ère de la lumière”, ce monde est ouvert sur lui-même, comme cela s’est produit au Kosovo, se produit, actuellement, en Tchéchénie, dans le projet de Palestine sur les territoires du régime d’autonomie et à Seatle, lors du sommet des cent Etats et plus, réuni pour débattre de la mondialisation économique. Car celle-ci n’est que depuis peu la mondialisation de l’économie.
Quant à la mondialisation politique, elle a émergé depuis que les barrières sont tombées entre les continents et les Etats, la sensation de l’homme étant devenue équivalente à la pensée et au danger partout. La mondialisation politique a renversé le mur de Berlin et a fait dire à Charles de Gaulle à Stalingrad sur le champ d’une bataille sur le point de se terminer: “Ce peuple est grand”. Ayant entendu la traduction de l’interprète, les généraux ont souri aux paroles de de Gaulle qui a dit à l’interprète ayant nom “Lalois”: “Dites-leur que je parlais des Allemands”. Ces paroles de de Gaulle à Stalingrad ont porté quelque chose de l’idée de mondialisation politique, car de Gaulle envisageait, alors, d’établir le “noyau dur” avec Conrad Adenauer en 1946.
Les cris de Seattle sont ceux de tous ceux qui partagent l’opinion des manifestants dans cette ville américaine où cent Etats et davantage ont tenu leur congrès. Ils traduisent l’insatisfaction de la politique de celui qui prend à sa charge le projet de Palestine, dont les frontières sont plus éloignées que celles des territoires et, peut-être, des frontières de l’Etat palestinien à venir.
Et le Liban, dans ses élections législatives, entre dans le monde de la mondialisation politique; nous n’exagérons pas. Telle l’affaire de la condamnation d’Ocalan à la peine capitale devenue une perplexité mondiale, entre la préservation de sa vie pour permettre à la Turquie d’adhérer au monde européen ou entre d’autres considérations intérieures insistant sur l’exécution de la sentence.
Notre espoir est que le Liban sorte victorieux de cette épreuve, car d’autres échéances, tout le monde le sait, attendent qu’on s’y prépare avec sérieux et responsabilité, pour qu’elles connaissent, elles aussi, le succès et une fin heureuse. 

Photo Melhem Karam

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