MADELEINE
ALBRIGHT DE NOUVEAU AU P.-O. “JE SUIS PLUS CONFIANTE QU’À
MON ARRIVÉE”, AFFIRME-T-ELLE À DAMAS
Une fois de
plus, Mme Madeleine Albright, secrétaire d’Etat américain,
est venue dans la région pour tenter de relancer le processus de
paix. Ce scénario classique se répète à intervalles.
La présente tournée proche-orientale a englobé Riad,
Damas, Israël, les territoires occupés et Le Caire avec un
double objectif: tenter de relancer les négociations syro-israéliennes
paralysées depuis février 1996 et surmonter le blocage du
volet israélo-palestinien. Mme Albright était accompagnée
dans ce périple par Dennis Ross, coordonnateur américain,
qui l’avait précédée de 24 heures et par Martin Indyck,
sous-secrétaire d’Etat chargé du Proche-Orient.
Mme Albright en conversation avec le roi Fahd à Riad.
... et le président Hafez Assad à Damas.
A Riad, première étape de sa nouvelle mission, Mme Albright
a rencontré le roi Fahd, les entretiens ayant porté sur le
processus de paix mais, aussi, sur l’Irak et les relations bilatérales.
Damas, deuxième étape, a constitué une phase importante
de ce périple.
La venue du secrétaire d’Etat US en Syrie avait été
précédée de multiples commentaires des médias
officiels. “Le processus de paix est à la croisée des chemins”,
affirmait-on à Damas, la veille de l’arrivée de Mme Albright
“et la chance qui lui est offerte, actuellement, pourrait ne pas se présenter
à l’avenir”.
Pour “As-Saoura”, “le problème d’Albright est Israël et,
surtout, Barak qui refuse de respecter l’engagement de ses prédécesseurs”.
Et “Techrine” de renchérir: “Sans le retour au legs de Rabin,
les perspectives de paix semblent fermées”.
Les Syriens souhaitent que le parrain américain fasse pression
sur l’Etat hébreu: “Les Etats-Unis doivent annoncer que l’engagement
de Rabin se trouve dans la poche du président Bill Clinton et qu’Israël
doit l’appliquer”, écrit “As-Saoura”.
En fait, la position syrienne concernant la relance du processus de
paix avec Israël est déjà connue: les négociations
doivent démarrer à partir du point où elles se sont
arrêtées en 1996 et sur la base de l’engagement pris par Yitzhak
Rabin de se retirer du Golan jusqu’aux lignes du 6 juin 1967.
A Damas, Mme Albright s’est longuement entretenue, avec le président
Hafez Assad, en présence de MM. Dennis Ross, Martin Indyck et de
Farouk Chareh, chef de la diplomatie syrienne.
Selon les images transmises sur le petit écran, l’entretien
s’est déroulé dans une atmosphère détendue
et décontractée.
D’ailleurs, à l’issue de la rencontre, Mme Albright a affirmé
qu’elle était bien plus confiante qu’à son arrivée
et que le président Assad était sérieux dans la recherche
d’une formule qui serait plus fructueuse. Refusant d’entrer dans les détails
de cet entretien, le chef de la diplomatie américaine affirme que
“tout comme le président Clinton, elle espère une reprise
prochaine des négociations”, sur le volet syro-israélien.
Parlant en métaphore, elle compare les efforts américains
pour la relance des négociations “à des champignons qui poussent
mieux à l’ombre”.
Au cours de la conférence de presse, elle affirme notamment:
“Je quitte Damas bien plus optimiste que je ne l’étais en y arrivant
au début de l’après-midi. Je pense que moi-même, ainsi
que le président Clinton, nous déployons le maximum d’efforts
pour arriver à des résultats et comme je l’ai dit à
maintes reprises, ainsi que le président Clinton, nous ne pouvons
y arriver sans les deux parties qui doivent consentir beaucoup de sacrifices
pour résoudre cette question.”
“Les participants à cette opération, conclut-elle, souhaitent
aboutir à la paix; c’est du moins ce que je pense et je souhaite
qu’on agisse tous rapidement.”
Gebrane Kourié, porte-parole de la présidence syrienne,
affirme, de son côté, que “la partie syrienne a écouté,
attentivement, ce qu’apportait Mme Albright”, rappelant que “la Syrie n’est
pas un obstacle sur la voie de la reprise des négociations” et qu’elle
est prête “à définir les étapes prochaines,
en se basant sur ce qui a été réalisé au cours
des années précédentes”.
Il ne faut pas croire, non plus, qu’en Israël et dans les territoires
occupés, la mission de Mme Albright aura été de tout
repos. Elle y arrive sur un fond de multiples crises de parcours au niveau
du volet israélo-palestinien que l’émissaire américain,
Dennis Ross, n’avait pas pu surmonter.
Pourtant, le chef de la diplomatie américaine n’avait pas pour
objectif initial d’intervenir dans le blocage du processus israélo-palestinien,
mais de consacrer sa visite aux négociations sur l’accord-cadre
pour le statut final portant sur des dossiers essentiels: le statut de
Jérusalem, le problème des frontières, la question
des réfugiés palestiniens, le partage des eaux. Autant de
thèmes qui constituent le contentieux de base du volet israélo-palestinien.
Et on se demande si tous ces dossiers seront réglés à
la date butoir de septembre 2000, date à laquelle un accord global
devra être signé. Combien de visites Madeleine Albright devra-t-elle
effectuer dans la région pour atteindre cet objectif?
Pour l’heure, la diplomatie américaine s’emploie à débloquer
l’impasse qui persiste depuis trois semaines entre les négociateurs
israéliens et palestiniens. De fait, en date du 15 novembre, l’Etat
hébreu aurait dû placer une nouvelle superficie de 2% de la
Cisjordanie sous contrôle total de l’Autorité palestinienne
et 3% aux pouvoirs civils. Mais le chef de l’OLP Yasser Arafat a, jusque-là,
refusé de signer les cartes qui lui étaient soumises, considérant
qu’elles ne répondaient pas à l’attente des Palestiniens.
Une autre crise de taille entre Israéliens et Palestiniens porte
sur la politique de colonisation suivie par Israël en Cisjordanie
et à Gaza. “C’est un obstacle majeur pour les négociations
sur le statut final et nous ne pouvons pas avancer avant que cette question
soit résolue”, affirme Yasser Abed-Rabbo, négociateur en
chef palestinien.
Les Palestiniens de fait considèrent que le processus de paix
est menacé par le développement des colonies. Plus de 4000
logements ont été construits en Cisjordanie depuis l’arrivée
au Pouvoir d’Ehud Barak et l’appel d’offres lancé pour l’édification
de 500 logements supplémentaires a constitué la goutte qui
a fait déborder le vase.
Mais du côté israélien, on cherche à minimiser
cette affaire, invoquant la croissance naturelle de la population des colonies.
Mieux encore, à l’instant où Mme Albright arrivait en Israël,
M. Barak tenait une conférence de presse pour annoncer “qu’il bloquera
les plans de colonisation, si les Palestiniens considèrent que cette
question menace le processus de paix”. “Nous allons surmonter les obstacles
dans les jours à venir et il y a certains accords que nous devons
tous respecter, ajoute-t-il.
On comprend, dès lors, que la question d’un nouveau retrait
de “Tsahal” de Cisjordanie et la colonisation aient figuré en bonne
place aux côtés du contentieux sur le statut final dans les
entretiens de Mme Albright avec David Levy, son homologue israélien
dans un premier temps; puis, avec le Premier ministre Barak et avec le
chef de l’Autorité palestinienne.
Avec Barak, il fut aussi longuement question de la relance du processus
syro-israélien auquel Washington accorde une grande importance.
Mme Albright a bouclé sa tournée au Caire, partenaire
incontournable du processus de paix.