Aussi, tous les regards étaient tournés mardi vers la
Place de l’Etoile, où la Chambre tenait la seconde séance
de sa session d’automne qui pourrait bien être la dernière
cette année.
Cette séance revêtait une grande importance, parce qu’en
tête de son ordre du jour figurait “l’affaire Hakim”, impliqué
dans le dossier de l’incinérateur de Bourj Hammoud.
Les douze abstentionnistes font partie des blocs parlementaires haririen
et joumblattiste, en plus de MM. Nassib Lahoud, Omar Meskaoui, Camille
Ziadé et Abdel-Rahman Abdel-Rahman.
Dix-sept députés s’étaient inscrits jusqu’à
lundi pour prendre la parole, la plupart d’entre eux ayant émis
le souhait de voir le gouvernement transmettre au parlement le projet de
loi électorale, le plus rapidement possible. Le président
Hoss a promis de déposer le texte gouvernemental sur le bureau de
la Chambre avant la fin du mois courant.
BEYROUTH DIVISÉE EN TROIS CIRCONSCRIPTIONS
On apprend, à ce sujet, que la décision a été
prise de diviser Beyrouth en trois circonscriptions, en dépit de
l’argument selon lequel le morcellement de la capitale pourrait compromettre
son unité et, partant, se répercuter sur les rapports entre
le “Cabinet des 16” et ses détracteurs.
Pour en revenir à la levée de l’immunité, on s’attend
qu’elle réactive les poursuites judiciaires engagées dans
le cadre de dossiers chauds, surtout après la relance par certains
opposants de leur cabale contre le régime et le gouvernement, les
taxant de négligence.
Les observateurs constatent que le président Nabih Berri s’acquitte
d’un rôle important visant à instaurer un nouveau climat dans
le pays, en répétant que le parlement constitue le soutien
(la “grue”) du régime et du Cabinet.
Le chef du Législatif avait mis un terme à la controverse
autour du projet de loi électorale, en annonçant que la “formule
des 14 circonscriptions” avait été retenue. Nabatieh et le
Liban-Sud formeront une circonscription unique, en raison de la persistance
de l’occupation israélienne, ledit projet devant être déposé
sur le bureau de la Chambre vers la mi-décembre.
Cependant, M. Berri n’a pas précisé si l’Assemblée
ratifiera le projet avant la fin de l’année, tout en indiquant qu’elle
pourrait l’approuver dans sa forme définitive avant le 15 janvier,
si ce n’est avant cette date.
Car la Chambre devra, ensuite, s’atteler à l’étude et
à la ratification du projet de budget 2000.
RENCONTRE HOSS - KANAAN
En ce qui concerne la “formule des 13 circonscriptions”, les milieux
renseignés rapportent que M. Rafic Hariri n’épargne aucun
moyen ni effort pour torpiller ce découpage qui le défavorise,
invoquant à l’appui de sa position, le dernier communiqué
de l’assemblée des prélats maronites critiquant la formule
mentionnée.
Le compte à rebours par rapport au projet de loi électorale,
avait commencé à la suite de la visite que le général
Ghazi Kanaan, chef des services de renseignements des forces syriennes
stationnées en territoire libanais, a faite la semaine dernière
au président Hoss. Il a été confirmé, ce jour-là,
que la “formule des 13” avait été définitivement adoptée
et que toutes les parties, à l’exception d’une infime minorité,
se comportaient d’ores et déjà sur cette base.
Si le délai de six mois est maintenu, durant lequel les fonctionnaires
de la première catégorie peuvent démissionner pour
présenter leur candidature aux législatives, le gouvernement
sera contraint de hâter la ratification de la nouvelle loi électorale
dans un délai n’excédant pas le 20 janvier au plus tard.
La rencontre Hoss - Kanaan a été principalement consacrée
à la “réforme électorale”, notamment au découpage
des circonscriptions sous l’angle des avantages qu’il présente au
double plan politique et national.
Le chef du gouvernement a réitéré, apprenons-nous,
son opposition au morcellement de la capitale, tout en se disant prêt
à y souscrire si le projet est approuvé par les deux tiers
des ministres et la majorité parlementaire.
L’entretien Hoss - Kanaan s’est déroulé au Sérail,
au moment où le président Berri conférait en sa résidence
à Aïn el-Tiné avec M. Tammam Salam, député
de Beyrouth, à propos du découpage de Beyrouth.
Quant à M. Hariri, il se considère le plus lésé
par le partage de la capitale, puisqu’il lui sera pratiquement difficile
de former une liste dans une circonscription formée de Ras-Beyrouth
et de Rmeil et d’assurer le succès de ses colistiers.
Les visiteurs du palais de Baabda révèlent que le président
Lahoud prend connaissance des positions des forces politiques envers la
loi électorale et le découpage des circonscriptions, pour
en avoir une idée claire. Et ce, aux fins d’assurer une majorité
en faveur du projet dans la mesure du possible, l’unanimité n’étant
pas possible. En d’autres termes, le chef de l’Etat souhaite parvenir à
un consensus national autour d’une question aussi délicate.
JOUMBLATT S’EXPLIQUE...
En marge de la réforme électorale, d’aucuns prétendent
que le projet aurait été élaboré de manière
à satisfaire M. Walid Joumblatt, le Chouf étant maintenu
en tant que caza. A quoi la coterie du chef du PSP rétorque que
M. Joumblatt est favorable au découpage des circonscriptions au
niveau du caza dans tout le pays et non seulement au Chouf.
Le président Lahoud a échangé les vues avec M.
Joumblatt à ce sujet, lorsqu’il l’a reçu séparément,
avec M. Rafic Hariri, cette semaine. L’entretien a également porté
sur le problème des personnes déplacées que le “maître
de Moukhtara” a promis d’aider à son règlement, en contribuant
aux réconciliations dans les localités ayant le plus pâti
de la guerre: Aïn Ksour et Salima où tout est prêt pour
raccommoder les parties antagonistes.
Avant l’audience présidentielle, M. Hariri a de nouveau croisé
le fer, par médias interposés, avec le Premier ministre qu’il
a cherché, une fois de plus, à discréditer aux yeux
de l’électorat beyrouthin, en le soupçonnant de favoriser
le découpage de la capitale conformément à ses intérêts
(électoraux) et, en même temps, à bloquer le projet
s’il venait à être élaboré d’une manière
contraire à son désir...
Naturellement, le président Hoss a réfuté les
allégations de son prédécesseur (et adversaire politique),
en affirmant que tout en étant attaché à l’unité
électorale de Beyrouth, il ne provoquerait pas une crise de Pouvoir
en s’abstenant de signer le projet de loi électorale pour empêcher
sa transmission à l’Assemblée nationale.
La semaine à venir verra donc la fin d’une polémique
autour de la loi électorale qui sera rendue publique, en prévision
de son approbation en Conseil des ministres avant sa déposition
sur le bureau de la Chambre en vue de sa ratification.
SATTERFIELD: LA PAIX EN L’AN 2000
Il importe, enfin, de signaler une déclaration faite au Akkar
par M. David Satterfield, ambassadeur US, dans laquelle il a laissé
entendre que “la paix globale serait instaurée prochainement au
Proche-Orient.
“Nous continuerons à déployer des efforts à cette
fin, à travers la visite de Mme Albright, l’opération de
paix à Washington, Tel-Aviv, Damas, en Palestine et au Liban. S’il
plaît à Dieu, nous verrons cette paix se réaliser dans
un proche avenir; probablement en l’an 2000”, a conclu le diplomate américain.