Le
projet de construction d’une mosquée près de la basilique
de l’Annociation à Nazareth, suite au feu vert donné par
le gouvernement israélien, continue à entretenir la tension
dans cette ville entre musulmans et chrétiens. A tel point que la
visite de S.S. Jean-Paul II en Terre sainte pourrait être différée,
selon Mgr Michel Sabbah, patriarche latin de Jérusalem. Celui-ci
insinue, d’autre part, que le Saint-Siège est favorable à
une solution autre que l’internationalisation pour la Ville sainte.
Nous avons soulevé il y a près de deux semaines (voir
“La Revue de Liban” de 11 au 18 décembre 99), l’affaire de la mosquée
de Nazareth et ses retombées sur la visite papale prévue
en mars prochain, la présentant comme un “projet de sédition”.
A la suite de l’autorisation accordée par l’autorité
israélienne en vue de la construction d’une mosquée à
proximité de la basilique de l’Annonciation, le Saint-Siège
avait annoncé l’annulation de la visite du Souverain Pontife en
Terre Sainte; puis, il s’est ravisé et laisse entendre, maintenant,
que cette visite aura lieu comme initialement prévue.
Cependant, le patriarche latin de Jérusalem, S.B. Mgr
Michel Sabbah a insinué, dimanche dernier, dans le cadre d’une interview
télévisée, que “la visite du Saint-Père n’interviendrait
pas dans un climat survolté”.
“Il s’agit, a-t-il dit, moins de construire une mosquée que
de susciter la sédition entre chrétiens et musulmans”, avant
d’ajouter: “Toute autorité islamique est responsable, si elle
se montre passive ou indifférente à l’égard de cette
affaire qui montre la position arabo-islamique envers les chrétiens
dans cette partie du globe.”
Rappelons que pour manifester leur désapprobation du feu vert
donné par Tel-Aviv aux islamistes, les chefs des hiérarchies
chrétiennes de Nazareth ont fermé les églises durant
deux jours. Interrogé sur le point de savoir si leur décision
avait produit quelque effet, Mgr Sabbah a déclaré: “Elle
a produit un grand impact sur l’opinion internationale et Israël n’a
pas été soumis à des pressions aussi virulentes depuis
sa création.”
Le patriarche latin de Jérusalem a, également, évoqué
l’historique du site objet de litige entre chrétiens et musulmans
dans la cité où le Christ a passé son enfance. Il
s’agit d’un espace jusque-là négligé d’une superficie
de 54 mètres carrés qui avait servi d’emplacement à
une caserne au temps des Ottomans, en 1918. Après cette date, une
école y a été construite. Lorsque la municipalité
a résolu de la démolir, en vue d’élargir la place
publique en cet endroit, un responsable musulman a prétendu que
ce bien-fonds appartenait aux wakfs islamiques. Aussitôt, un groupe
mahométan y a dressé une tente servant depuis lors de lieu
de rassemblement et de prières.
Cette affaire devait être exploitée, ensuite, à
l’occasion des élections municipales et israéliennes, les
candidats en lice ayant promis d’aider à l’édification de
la mosquée.
Les provovations, de part et d’autre, ont exacerbé la tension;
puis, des attentats ont été perpétrés contre
des chrétiens de la ville, rendus d’autant plus graves par la décision
du gouvernement israélien et du commandement de “Tsahal” de ne pas
intervenir pour calmer les esprits...
Un dernier détail: après des délibérations
qui se sont poursuivies durant deux ans, un tribunal israélien a
rendu sa sentence, en vertu de laquelle l’emplacement près de la
basi-lique est considéré comme “bien domanial” et non appartenant
aux wafks islamiques. |