Editorial



Par MELHEM KARAM 

SENS DES MANIFESTATIONS DE SEATTLE ET D’ISTANBUL
LES TCHÉTCHÈNES NE SONT PAS DES SAINTS...
MAIS DES ÊTRES HUMAINS

Après les manifestations ayant eu lieu à Seattle au moment où s’y tenait la réunion de l’Organisation mondiale pour le Commerce, il a été question d’un retour à la démocratie. C’était une conséquence ne traduisant la vérité que d’une manière tronquée. Il est naturel que des organisations non gouvernementales multiples se rassemblent pour faire entendre leurs voix au niveau internatio-nal.
Dans cette évolution mondiale qui caractérise notre temps, ces organisations contribuent à imposer les bases principales réquisitionnées, dans l’intérêt de groupements sociaux ou d’Etats riches. Elles luttent contre la dégradation de l’environnement, en vue d’une défense acharnée de la santé, afin que soient prises les mesures au double plan de la recherche et de l’application, pour protéger l’avenir. C’est pourquoi, nous pouvons nous réjouir de ce qu’elles se préoccupent de lancer une nouvelle moralité dans un ordre mondial moderne qui verrait le jour sous nos yeux.
C’est une évolution positive, même si l’Organisation mondiale pour le Commerce est incomplète. Ceci est l’indice d’un progrès vers des relations du droit, remplaçant les relations de la force. Il s’agit d’une offensive en direction de la démocratie espérée, y compris de la part de nombreux manifestants de Seattle.
Aussi, est-il demandé une contribution en vue d’améliorer la gestion de l’Organisation mondiale pour le Commerce et son orientation, au lieu de l’empêcher d’agir; ce qui occasionne, avec le temps, une régression et non une progression.
L’important dans cette mondialisation est, en définitive, que les grands Etats les plus forts ne pourront pas se comporter à leur guise et aux dépens des autres.
En plus de son rôle dans le règlement des conflits, l’Organisation mondiale pour le Commerce constitue le noyau d’une autorité judiciaire internationale efficace dans le domaine commercial et nous devons espérer en l’élargissement de cette autorité.
Puis, la création de la Cour pénale internationale réalise un progrès dans cet état du droit qui se trouve dans l’étape de la gestation.
Tout cela présente un danger. Au point que les problèmes ne peuvent plus être résolus au plan national; ce qui engendre un climat de sérénité psychologique. C’est qu’en Europe et dans le monde, des règles s’imposent autant aux petits qu’aux grands Etats. Il est préférable pour l’opinion publique de s’exprimer, d’obtenir des résultats et des améliorations.
Toujours est-il que les institutions sont nécessaires, parce qu’elles placent les cadres aux collectivités; sans elles, celles-ci se transformeraient en groupes où sévirait la suprématie du plus fort, l’Organisation mondiale pour le Commerce étant l’un d’eux.

***

Combien était grand le nombre des manifestants au sommet d’Istanbul, lors de la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement! Et combien de manifestants s’y sont rendus pour dire aux dirigeants de l’univers qu’ils doivent sortir de leur mentalité et de leur indifférence, pour s’opposer aux agissements d’Eltsine et des Russes à Grozny.
Et pour rappeler aux dirigeants russes qu’ils commettent un crime contre l’humanité et, aux leaders du monde, qu’en optant pour le mutisme, ils jouent le rôle des comploteurs.
Cependant, nous avons repris notre souffle lorsqu’une mission portant le prix Nobel de la paix et revêtue de chemises sur lesquelles le mot “Grozny” était inscrit en rouge, y a effectué une marche sur l’ambassade de Russie.
Une telle initiative a son poids, mais établit un équilibre relatif penchant d’une manière dangereuse vers un seul côté, celui de la violence.
A cette occasion, on doit rappeler un fait, à savoir que les Tchétchènes, c’est vrai, ne sont pas des saints, mais des êtres humains; ce que nous ne devons pas oublier. 

Photo Melhem Karam

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