TOUT EN ESTIMANT LA LOI ÉLECTORALE IMPARFAITE
LE RÉGIME DÉTERMINÉ À ORGANISER DES ÉLECTIONS DÉMOCRATIQUES

Toutes les activités sont actuellement concentrées sur les négociations de paix au Proche-Orient et sur les préparatifs des prochaines législatives. Quiconque s’occupe de la chose publique ne peut échapper à cette double obsession.

Le débat institué sous l’hémicycle autour du projet de la loi électorale, laisse prévoir une émulation virulente entre différentes forces qui gravitent sur la scène politique. Celles-ci sont appelées à conclure de nouvelles alliances, lesquelles donneront une nouvelle physionomie à la législature de l’an 2000.
Fait à signaler: le bloc parlementaire de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, a voté contre le projet gouvernemental, alors que celui de son allié, Walid Joumblatt, l’a approuvé en dépit des réserves émises par M. Akram Chéhayeb, membre du Front de la lutte nationale (groupe joumblattiste).
Cependant, le bloc du leader du PSP et celui du “Hezbollah”, ont perdu la bataille qu’ils avaient engagée en vue de ramener l’âge du vote à 18 ans. Mais ils se sont promis de poursuivre leurs efforts à l’effet de faire admettre cette clause en l’an 2005.

ÉTRANGE ABSTENTIONNISME!
Ce qui a retenu l’attention des observateurs c’est le fait pour des proches du chef du gouvernement: le président Hussein Husseini et Nassib Lahoud notamment de s’être abstenus au moment du vote, manifestant ainsi leur désapprobation quant à l’adoption d’une circonscription électorale autre que le mohafazat, tel que prévu par l’accord de Taëf, dont M. Husseini a été l’artisan et le parrain.,
De toute manière, le “Cabinet des 16” s’emploiera, d’ici à la fin du mois courant, à mettre au point le projet de loi fixant le montant des sommes que tout candidat peut dépenser dans sa campagne électorale.
Il faut s’attendre à une vive controverse à ce sujet, d’autant que les candidats fortunés ne voient pas d’un bon œil la fixation du plafond des dépenses électorales à cent mille dollars, ce qui réduira relativement la “puissance de l’argent”...
Le lendemain de la ratification par l’Assemblée du projet de loi électorale, le président Emile Lahoud a défini  les principes et règles à respecter, aux fins d’assurer la régularité du scrutin et, partant, une saine représentation de la volonté populaire.
Tout en se félicitant du climat ayant caractérisé le débat à la Chambre autour dudit projet estimant “qu’on ne peut élaborer un  meilleur texte à l’ombre d’un système confessionnel”, le chef de l’Etat a mis en garde contre toute crispation ou action susceptible d’enfreindre les règles démocratiques. Il a, également, invité les candidats à élaborer des programmes éloignés du fanatisme et du confessionnalisme.
Les milieux renseignés rapportent que le président de la République juge la nouvelle loi électorale non parfaite, mais transitoire, ne devant pas empêcher la mise au point d’une loi idéale à l’avenir.
Dans l’étape actuelle, il invite les candidats à ne pas jouer sur la corde confessionnelle ou sectaire pour s’assurer le plus de suffrages, parce que cela affecterait, dangereusement, la paix civile et l’entente nationale.
Le régime, assure-t-on, est soucieux d’organiser des élections générales plus démocratiques que toutes celles qui les ont précédées.

LE SCRUTIN AURA-T-IL LIEU DANS LE DÉLAI LÉGAL?
Par ailleurs, les responsables prennent leur disposition en vue de faire face à toutes les éventualités, pour le cas où le scrutin serait différé pour des causes indépendantes de leur volonté, en rapport avec le processus de paix.
Mais au cours de la dernière réunion du Conseil des ministres, le président Salim Hoss a affirmé, indirectement, le souci du régime d’organiser les législatives dans le délai constitutionnel et, surtout, d’en faire un point de départ en vue de la réalisation d’une réforme politique véritable, à travers le relèvement du défi qui consiste à assurer des élections correctes, ouvrant la voie à cette réforme.
Le dossier des négociations sur le volet libanais, malgré ses complications, n’entrave nullement les préparatifs de la campagne électorale, les candidats agissant dans l’idée que la paix serait instaurée d’ici à quelques mois, l’étape future, celle d’après la paix, devant favoriser une relance de la vie politique, doublée d’un essor économique.
Dans ce contexte, l’ex-Premier ministre Rafic Hariri n’hésite pas à prendre des engagements aux fins de s’assurer un soutien électoral à Beyrouth dont il n’est pas originaire.

HARIRI À BKERKÉ
L’ancien chef du gouvernement multiplie les contactés à cette fin, avec les instances religieuses. Ainsi, il a rendu visite, successivement, mardi à S.Em. le cardinal Sfeir et à Mgr Elias Audé, métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth. Vraisemblablement, pour obtenir l’appui des éminents prélats en vue d’une action destinée à inciter les citoyens à se rendre nombreux aux bureaux de vote; autrement dit, à ne pas boycotter le scrutin comme l’avait fait une large franche de l’électorat chrétien en 1992 et 96.
Le président Hariri, pense-t-on, se serait rendu au siège patriarcal maronite à l’effet de connaître avec précision la position du cardinal-patriarche envers la nouvelle loi électorale, celui-ci la jugeant la “meilleure possible dans les circonstances présentes”.
De plus, M. Hariri s’inquiète de l’impossibilité pour lui de nouer des alliances favorables, à l’instar de celles qu’il avait conclues lors des précédentes législatives dans la capitale. D’autant qu’il n’est pas sûr, à cent pour cent, de l’attitude qu’adoptera l’électorat arménien, sans oublier les nouveaux naturalisés!
Cependant, d’après d’autres sources, les visites effectuées, séparément, à Bkerké mardi, par MM. Hariri, Walid Joumblatt et Talal Arslan, auraient eu pour but de s’assurer de la position du chef de la communauté maronite en ce qui concerne la participation de ses ouailles au scrutin, ainsi que l’a laissé entendre M. Arslan.

PRÉPARATIFS EN COURS DU SCRUTIN
En prévision des législatives du mois d’août 2000, M. Michel Murr, ministre de l’intérieur, a présidé, mardi, une réunion des responsables des organismes administratifs à qui incombera la tâche de superviser le scrutin et de mettre au point les listes électorales, celles-ci devant être prêtes dans un délai déterminé.
Quant aux hautes autorités, elles s’attèlent à la préparation des négociations de paix sur le volet libanais. Aussi, préparent-elles les dossiers avec minutie.
A ce sujet, il y a lieu de signaler que des considérations d’ordre confessionnel et hiérarchique semblent susciter des obstacles quant à la constitution de la délégation officielle devant mener les négociations.
D’aucuns disent que le ministre de l’Intérieur, en sa qualité de ministre p.i. des A.E. dirigerait la délégation, alors que d’autres s’attendent qu’il soit remplacé par un militaire, après que le Premier ministre israélien eut désigné un général de réserve à la tête de la commission de coordination et de supervision des pourparlers libano-israéliens.
Quoi qu’il en soit, il est procédé à la formation des commissions de travail et à la répartition des tâches entre leurs membres. Celles-ci comprendraient des diplomates, des juristes, des militaires et des hydrauliciens. De plus, une salle des opérations sera créée qui maintiendra le contact avec les responsables, les négociateurs et Damas.
Tout sera mis au point d’ici à la mi-janvier, plus exactement après le second round des négociations syro-israéliennes prévu pour le 3 de ce mois, round que M. Farouk Chareh, qualifie de décisif.
Par ailleurs, le président Nabih Berri a fourni les détails en sa possession en ce qui concerne les pièces que les Israéliens ont emportées des sites archéologiques, au cours de leurs invasions du territoire libanais, la délégation officielle devant réclamer leur restitution.
Parmi les noms pressentis pour faire partie de la délégation officielle: MM. Naji Assi (palais Bustros), le colonel Maher Toufaily, membre du comité de surveillance de la trêve; Farid Abboud, ambassadeur du Liban à Washington.

NADIM EL-HACHEM

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