POURPARLERS DE PAIX: LES PRÉPARATIFS LIBANAIS ET LES ÉCUEILS DE PARCOURS
L’année, le siècle et le millénaire s’achèvent sur une perspective de paix réelle au Proche-Orient avec l’an 2000. Le 3 janvier, Syriens et Israéliens se retrouvent en Virginie pour un deuxième round de négociations auxquelles le Liban sera, sans doute, invité officiellement vers la mi-janvier.
Le vœu le plus cher des Libanais est de voir leur pays jouir d’une paix juste qui ne se fera pas à ses dépens permettant au Liban de retrouver sa pleine souveraineté, son indépendance et sa liberté de décision avec le retrait de “Tsahal”; puis, de toute présence armée étrangère sur son territoire, ainsi que la non-implantation d’un demi-million de Palestiniens. Une paix qui donnera à notre pays un rôle actif dans la nouvelle conjoncture régionale.
 
Un établissement scolaire touché 
par les bombardements israéliens.
Hachem Fahs accueilli dans son 
village de Jibchit par sa famille.

L’Etat hébreu a déjà chargé, officiellement, le général de réserve Ménahem Einan de coordonner les préparatifs, en vue de la reprise des négociations avec le Liban et le Premier ministre Ehud Barak a désigné un comité chargé de superviser ces négociations qu’il présidera lui-même. Outre le général Einan, ce comité est formé du coordonnateur des activités israéliennes au Liban, Uri Lubrani; des conseillers juridique et sécuritaire du gouvernement.
Du côté libanais, la délégation aurait à sa tête M. Michel Murr, vice-président du Conseil, ministre de l’Intérieur, qui assure l’intérim des Affaires étrangères. La délégation comprendrait des diplomates, des juristes, des militaires et des ingénieurs en hydraulique; sa composition finale serait annoncée après le second round des pourparlers syro-israéliens prévu le 3 janvier en Virginie occidentale, à l’Ouest de Washington.
Quant au démarrage des pourparlers libano-israéliens, sa date se situerait, en principe, dans la seconde quinzaine de janvier.

DOSSIERS À TRAITER
En attendant d’être, officiellement, invité à Washington, le Liban met au point les dossiers qui feront l’objet des négociations. Ainsi, Beyrouth est déterminé à réclamer à Israël des dédommagements pour les destructions et pertes provoquées durant les années de guerre.
Autres dossiers importants, ceux des ressources hydrauliques et des 151 prisonniers détenus en Israël.
Les responsables officiels affichent une bonne dose d’optimisme concernant la reprise des pourparlers avec Israël et la perspective d’une paix possible en l’an 2000.

RETRAIT ISRAÉLIEN EN AVRIL?
A propos du retrait de “Tsahal” du Liban-Sud et de la Békaa-ouest, le Premier ministre israélien souhaiterait retirer ses troupes dès le mois d’avril, au cas où les négociations avec la Syrie venaient à progresser. C’est, du moins, ce que rapporte le quotidien israélien “Yediot Aharonot” citant des sources politiques à Jérusalem.
L’information n’a pas été confirmée par le bureau du Premier ministre qui, de toute façon, a réitéré à maintes reprises sa détermination à se retirer du Liban avant le 7 juillet 2000. D’ailleurs, le Liban ne voulait plus de ce retrait unilatéral en vertu de la “sacro-sainte” concomitance avec le volet syrien.
Quant à l’état-major de l’armée israélienne, il a déjà présenté un plan (“Nouvel horizon”) de retrait du Liban-Sud.
Selon des estimations israéliennes, le coût total de cette opération de retrait s’élèverait à 240 millions de dollars. Une facture qui sera payée, à coup sûr, par Washington!
Face aux dossiers libanais, l’Etat hébreu détient, aussi, ses propres  cartes dont le cas de “l’armée du Liban-Sud” que commande le général Antoine Lahd. Israël voudrait obtenir du Liban des assurances sur le sort de cette milice.
 
Ahmed Obeid.
Hachem Fahs.

CINQ RESPONSABLES DU “HEZBOLLAH” LIBÉRÉS
A quelques jours du nouveau round de négociations en Virginie, l’Etat hébreu a offert un cadeau aux Syriens et aux Libanais, en libérant cinq militants du mouvement intégriste détenus en Israël depuis dix ans. La libération s’est faite grâce à une médiation de l’Allemagne qui s’implique pour la deuxième fois dans des échanges entre Israël et le “parti de Dieu”. La première médiation avait eu lieu en juillet 96.
Les cinq militants libérés ont transité par Francfort, avant d’atterrir à l’aéroport international de Beyrouth. Voyageant à bord d’un avion de la Lufthansa, ils ont reçu un accueil officiel et populaire. Le général Jamil Sayyed , directeur général de la Sûreté, a représenté le président Emile Lahoud.
Parmi les cinq libérés: Ahmed Obeid et Hachem Fahs qui avaient été enlevés en juillet 1989, par un commando israélien, en même temps que cheikh Abdel- Karim Obeid, responsable, à l’époque, du “Hezbollah” au Sud et toujours en détention.
Israël n’a rien demandé en échange de cette libération, mais espère obtenir des informations concernant le sort de Ron Arad, l’aviateur israélien fait prisonnier en 1986 par des formations chiites. Pour Israël, il serait toujours vivant.
Quelques jours avant cette libération, Tel-Aviv avait déjà fait un premier geste envers le “Hezbollah”, en décrétant un cessez-le-feu de 72 heures pour permettre au CICR de retirer les restes de cinq combattants hezbollahis tués en août dernier et en 1997 à la limite de la zone de sécurité.
 
Hussein Tleiss.
Kamal Rizk.
Ahmed Srour.

CRISE GOUVERNEMENTALE ÉVITÉE DE JUSTESSE
A la veille du 3 janvier, Ehud Barak a évité une crise qui aurait mis son gouvernement en minorité à la Knesset.
Alors que le vote du budget doit intervenir avant le 31 décembre, le parti ultraorthodoxe “Shass”, qui a 17 députés sur les 120 à la Knesset et quatre ministres au sein de la coalition gouvernementale, a menacé de quitter le gouvernement s’il n’obtenait satisfaction à ses revendications financières. Le “Shass” réclamait 30 millions de dollars pour financer et combler le déficit du système scolaire qu’il contrôle, ainsi que 70 millions de dollars de crédits supplémentaires pour le ministère du Travail et des Affaires sociales.
Le “Shass” a obtenu, finalement, satisfaction en recevant la coquette somme de 16 millions de dollars pour renflouer son système scolaire déficitaire. Le budget pourra être voté avant le départ de Barak pour Washington.
La nouvelle rencontre entre Syriens et Israéliens à partir du 3 janvier est qualifiée d’importante, car elle doit déboucher sur un accord-cadre visant à aboutir à la paix. Mais de nombreux écueils de parcours subsistent.

par NELLY HELOU

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