Né
au Najaf (Irak), M. Abdallah Cassir, membre du “Front de fidélité
à la Résistance” est l’un des fondateurs du “Hezbollah” au
sein duquel il a assumé les charges de conseiller de l’organisme
consultatif durant deux mandats.
Titulaire d’un “magister en sociologie et politique de l’Université Libanaise, il est versé dans les questions législatives et se distingue lors des débats à la Chambre des députés sur les sujets revêtant un aspect socio-politique. |
ISRAËL VEUT DONNER LA PREUVE DE SA BONNE
FOI
A propos de la libération par Israël d’une nouvelle fournée
de détenus et de la trêve provisoire observée par “Tsahal”
pour permettre la récupération des restes et dépouilles
de résistants tombés au cours d’affrontements sur le terrain
au Liban-Sud, M. Cassir émet ces réflexions: “L’ennemi a
voulu ainsi donner la preuve de sa bonne foi et de son désir de
relancer les négociations de paix.
Mais cela n’induit nullement en erreur l’opinion publique. Est-il besoin
de rappeler que les personnes libérées étaient incarcérées
pendant plusieurs années sans avoir comparu devant un tribunal?
Etant entendu que certains d’entre eux avaient été enlevés
de leurs domiciles et aucun chef d’accusation ne leur a été
adressé. Ce qui transgresse la Déclaration universelle des
droits de l’homme.
On dit que le “Hezbollah” a promis de fournir aux Israéliens
des renseignements sur Ron Arad, l’aviateur dont l’avion a été
abattu en 1982. Est-ce vrai?
Le cas d’Arad n’a rien à voir avec celui des détenus.
L’aviateur en question attaquait nos maisons et nos villages quand il a
été porté disparu, mais notre parti n’a rien promis
en échange de l’élargissement de certains de ses membres
et aucune transaction n’a été conclue avec l’Etat hébreu
à ce sujet.
Comment expliquez-vous la décision de Tel-Aviv de rapatrier
ses forces du Sud, même sans arrangement de sécurité
avec le Liban?
Le retrait israélien est lié à l’évolution
des négociations de paix et est la conséquence des pressions
de plus en plus puissantes exercées sur ses soldats.
Israël veut opérer ce retrait dans le cadre des pourparlers
de paix, afin de minimiser le revers qu’il a subi sur le terrain.
Mais les négociations sur les volets libanais et syrien seront
longues et difficiles, surtout lorsqu’il sera question de discuter des
dossiers relatifs aux ressources hydrauliques, au tracé des frontières
et aux réfugiés palestiniens que notre voisin du Sud projette
d’implanter dans les pays d’accueil.
Comment concevez-vous la composition de la délégation
libanaise à ces négociations?
Je crois que la position du Liban reste forte, car ses porte-parole
engageront le dialogue avec les négociateurs israéliens à
partir d’une carte maîtresse que constitue la lutte des combattants
contre l’occupant.
C’est pourquoi, nous devons bien choisir les membres de la délégation
officielle, afin de pouvoir récupérer tous nos droits légaux.
LA SUGGESTION DE JOUMBLATT
Approuvez-vous la suggestion de Joumblatt concernant la désignation
d’un maronite à la tête de la délégation aux
pourparlers de paix?
Plusieurs noms sont envisagés. L’identité confessionnelle
du chef de la délégation n’est pas une condition essentielle,
d’autant que la participation aux négociations de paix requiert
de l’expérience et de la compétence. L’important est que
le chef de la délégation soit un “Libanais fidèle”
refusant de céder aux conditions de l’ennemi israélien et
fort de l’appui de la résistance.
Que voulez-vous dire par “Libanais fidèle”?
Cela ne veut pas dire qu’il y a des Libanais “non fidèles” souhaitant
le maintien de l’occupation israélienne. Mais il est possible de
trouver certains Libanais qui, involontairement, accorderaient des concessions
à l’ennemi et n’agiraient pas en position de force cédant
aux pressions américaines et israéliennes au cours des négociations.
La fidélité dont je parle, se traduit par l’intransigeance
de la position libanaise quant au droit de notre pays. L’ennemi commence
à faire des propositions dangereuses, tel le maintien de l’espace
aérien libanais ouvert à l’aviation israélienne, le
désarmement des résistants libanais, le non-déploiement
de l’Armée libanaise dans certaines régions ou l’imposition
de certaines mesures... Le négociateur libanais doit refuser tout
ce qui constitue une atteinte à notre souveraineté et une
ingérence dans nos affaires intérieures.
QUEL SERA LE SORT DE LA RÉSISTANCE?
Avec la reprise des négocia-tions et les propos tenus au
sujet d’un compromis, quel serait le sort de la Résistance?
Tant qu’il y a une occupation israélienne, la Résistance
persistera. Elle ne sera pas influencée par le cours des négociations.
Nous nous prononcerons après le retrait israélien qui sera
une victoire pour la Résistance et le peuple libanais.
Que pensez-vous de la loi électorale?
Bien qu’elle ne soit pas à la mesure de nos ambitions, elle
est meilleure que les précédentes, parce qu’elle est relativement
proche du principe de l’égalité entre les circonscriptions
quant au nombre des députés et à la diversité
confessionnelle. Tel que constaté lors des débats à
l’Assemblée nationale, cette loi a satisfait la majorité
des Libanais et mécontenté certains d’entre eux. Afin d’élaborer
une loi exemplaire, il faut abolir le confessionnalisme politique et adopter
la circonscription unique doublée de la proportionnelle.