Israël
veut-il la paix? On se le demande à la suite des deux rounds des
négociations sur le volet syro-israélien ayant eu lieu aux
Etats-Unis, avec une participation active du chef de la Maison-Blanche
(notre photo). Mais le président Clinton ne désespère
pas et s’attend que les négociateurs parviennent à déblayer
le terrain des embûches qui entravent l’aboutissement de leurs conciliabules.
Le fait pour le président Clinton d’avoir effectué si
fréquemment la navette entre Washington et Shepherdstown - cinq
fois en une semaine - donne la mesure des difficultés aux-quelles
les négociateurs syriens et israéliens se trouvent en butte.
Le chef de l’Exécutif américain, autant que les porte-parole
de la Maison-Blanche et du département d’Etat reconnaissent la complexité
des problèmes à débattre et des obstacles à
aplanir. “Il n’est pas possible de parvenir à un accord dans cette
étape”, ont-ils insinué, voulant signifier par là
que le chef de la diplomatie syrienne et le Premier ministre israélien
restent sur leur position. Serait-ce un dialogue de sourds?
M. Farouk el-Chareh a déclaré: “Pas de compromis autour
du retrait total du Golan”.
Si M. Barak est resté discret sur la question, M. David Lévy,
ministre israélien des Affaires étrangères et membre
de la délégation officielle, a affirmé à son
retour à Tel-Aviv: “Israël n’acceptera pas de revenir aux frontières
du 4 juin 1967?”, comme l’exige la Syrie.
Cette déclaration serait-elle destinée à la consommation
intérieure? On peut en douter. En fait, le retrait du Golan suscite
des réactions violentes de la part des rabbins - dont une vingtaine,
leur doyen en tête, ont signé une pétition hostile
destinée au gouvernement - et des colons, ces derniers multipliant
les manifestations de rue.
Que va-t-il se passer maintenant et les négociations de paix
reportées au 19 janvier, s’acheminent-elles vers une nouvelle impasse?
Avant même leur reprise, on savait qu’elles ne seront pas faciles.
Il va sans dire qu’un conflit vieux de plus d’un demi-siècle ne
peut être réglé en quelques semaines. Le président
Clinton a fixé un délai approximatif, en déclarant
à l’issue de son ultime médiation à Shepherdstown:
“Il nous faut déployer des efforts soutenus pour franchir cette
dure étape au cours des deux prochains mois; bien des malentendus
devront être dissipés et des prières récitées
pour faire avancer le processus de paix”.
Au plan du volet palestino-israélien, les pourparlers ne vont
pas mieux; ils piétinent. “Nous ne sommes parvenus à aucun
accord”, a dit M. Yasser Abed Rabbo, ministre palestinien de l’Education
et de l’Information.
Puis, le retrait de Cisjordanie s’est effectué dans une propor-tion
inférieure à celle prévue par les accords... Fait
plus grave et inquiétant, la partie israélienne a rejeté,
séance tenante, un docu-ment palestinien relatif au retour des réfugiés
de la diaspora - au nombre de trois millions et demi, selon un dernier
recensement - sans en référer au gouvernement. Cela prouve
que celui-ci à déjà pris la décision formelle
de s’opposer à ce retour...
“Ce ne sont pas les pierres du chemin qui gênent ta marche, mais
les grains de sable se trouvant dans ton soulier”, dit un proverbe chinois.
M. Barak doit donc débarrasser ses chaussures de tant de grains
de sable qui l’empêchent de progresser sur la voie de la paix. Car
et ce n’est plus un secret pour personne, les embûches abondent sur
la scène israélienne, en entravent le processus et empêchent
les négociateurs d’aller de l’avant. |