LA BATAILLE DE
LA NÉGOCIATION, L’ANTAGONISME
ET LA FERMETÉ DU PRÉSIDENT ASSAD
La
Syrie est sortie de la “bataille de la négociation” à Shepherdstown,
plus précisément le président Hafez Assad, avec maintes
cartes gagnantes: 1) pas de compromis sur le caractère sacré
de la terre dans la conception de la présidence syrienne. 2) pas
de renonciation aux constantes que les Syriens ont concrétisées
depuis le 1er octobre 1991 à Madrid (la terre contre la paix). 3)
avant d’entrer dans un bazar israélien autour des arrangements de
sécurité, la Syrie a obtenu une promesse américaine
selon laquelle la clé des négociations est l’annonce israélienne
d’un retrait total du Golan.
Les rounds suivants viendront. Cependant, le
nuage qui les couvre éclaircit tout ce qui concerne la terre, les
frontières et le retrait. Puis, il sera procédé à
l’examen des arrangements de sécurité pleins de difficultés.
Le président Assad refuse toute station d’alerte sur le territoire
syrien qu’évacuera Israël, même si des observateurs américains
devaient y stationner.
Mais la Syrie ne s’oppose pas au contrôle
américain au moyen des avions “Awacs” et des satellites artificiels
et n’accepte pas des stations d’alerte israéliennes. De plus, elle
pose comme condition pour tolérer les stations spatiales américaines,
que celles-ci fournissent des renseignements à la Syrie et à
Israël d’une manière équitable.
La question de l’eau constitue, également,
l’une des difficultés. Si la Syrie insiste sur les frontières
du 4 juin, la rive orientale de Tibériade sera syrienne avec la
région d’Al-Hammeh riche en ressources hydrauliques.
Les commissions techniques n’ont entamé
leurs travaux qu’après une intervention de l’Amérique et
sa présentation d’un document écrit de sept pages aux deux
parties. Il leur a été remis par le président Clinton
et elles y consigneront leurs observations.
Les personnes proches des négociations
et de leurs coulisses, disent que des divergences ont atteint l’antagonisme
entre la Syrie et Israël. Ainsi, Barak a insisté sur l’examen
des relations et de la normalisation avant le retrait, alors que le ministre
Farouk el-Chareh s’est attaché au retrait, la discussion des arrangements
de sécurité et les relations diplomatiques devant intervenir
après l’achèvement du dossier des retraits, lequel a une
priorité naturelle dans l’agenda du négociateur syrien. Ainsi
est apparue une divergence sur les priorités.
Le parrain américain a exercé une
pression pour combler la brèche entre les deux parties.
Pour être plus précis dans l’évaluation
de ce qui s’est produit jusqu’ici, nous dirons que les négociations
au cours des deux dernières semaines, ont permis de déterminer
les divergences. Des propositions et solutions de rechange américaines
ont été présentées pour régler ces divergences
et permettre aux cinq commissions techniques de progresser dans leurs travaux.
Le prochain round sera une entrée dans
le fond des dossiers soumis sur la base des propositions conciliatoires
américaines entre les constantes syriennes et les manœuvres israéliennes.
***
Au cours de ces développements délicats,
le Premier ministre israélien, Ehud Barak, se trouve dans une situation
gouvernementale très peu confortable. La droite ayant à sa
tête Ariel Sharon et le conseil des colons représentant les
extrémistes, complotent contre lui, tentant d’influer sur le référendum
autour du retrait du Golan qu’il proposera sous le slogan: “Plus de sécurité
pour Israël.”
Cependant, Barak qui dispose d’une majorité
à la Knesset et, probablement, d’une minorité dans la rue,
est prêt à jouer la carte, à l’instar de Rabin le jour
où il a signé la paix avec la Jordanie. Et Begin, faiseur
de la paix avec l’Egypte. Il se pose en tant que promoteur de la paix avec
le président Assad, même en défiant la rue israélienne.
Il est le “général de la sécurité” et veut
être le “général de la paix”.
A condition, toutefois, de signer un traité
de défense avec l’Amérique; d’obtenir des missiles Cruse-Tomahawk
et un don de 17 milliards de dollars US pour le redéploiement en
Galilée, le transfert des colons et le dédommagement de 17.000
d’entre eux établis dans trente-trois colonies de peuplement sur
les hauteurs du Golan.
Il dira, alors, à la rue israélienne,
qu’il a évacué cette région avec un traité
valable et une alliance militaire avec Washington.
A ce moment, il aura foi en la validité
de ce qu’il a accompli. Et advienne que pourra, son maître spirituel,
Yitzhak Rabin ayant donné l’exemple. Et qu’en serait-il s’il lui
emboîtait le pas? |
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