Le professeur Jean-Michel Dubernard.
Les scientifiques ont effectué en première médicale
mondiale, la greffe de deux mains sur un homme âgé d’une trentaine
d’années, marquant ainsi d’une page blanche l’histoire de la médecine.
Denis Chatelier, un artisan-peintre, avait perdu ses deux mains, arrachées
suite à une explosion, en 1996, alors qu’il assistait ses deux neveux
dans la confection de pétards.
Chatelier a été sélectionné parmi six cents
candidats à ce double implant. Une opération-marathon pour
le professeur Dubernard et son équipe parmi laquelle le professeur
Earl Owen, pionnier de la microchirurgie, venu d’Australie tout spécialement
à cet effet.
Mais d’autres chirurgiens avaient, eux aussi, effectué le déplacement
pour cette première mondiale: le professeur Marco Lanzetta, venu
d’Italie et le Dr Nadey Hakim, d’origine libanaise, de l’hôpital
Sainte-Marie de Londres.
Déjà, l’éminent professeur français s’était
distingué par son intervention, en 1998, quand il avait réussi
à greffer une main sur un Australien, victime d’un accident qui
lui avait arraché la main à hauteur du poignet. En 1999,
c’était au tour d’un Américain de bénéficier
des soins du professeur Dubernard.
On prépare le malade à être opéré. |
Une opération très délicate pour toute une équipe de médecins |
Mais jusqu’à présent, on n’est pas sûr du plein
succès des opérations, quoiqu’on ne signale aucun cas de
rejet.
Le transplanté australien arrive à distinguer le chaud
du froid, recouvrant ainsi un peu de sa sensibilité. Il a même
mal, ce qui est, paraît-il, bon signe.
L’opération-marathon a duré plus de 12h30. |
On a réussi l’incroyable: transplanter |
L’opération en elle-même comportait des difficultés
de taille, des manipulations techniques supersophistiquées: la procédure
d’amputation d’un donneur récemment décédé,
la conservation jusqu’à préparer le patient à les
recevoir, éviter de sectionner des ligaments et faire coïncider
les muscles et les tendons avec délicatesse, doigté et extrême
précision sur le receveur... Selon le président de l’“Association
française de transplant”, la préoccupation essentielle des
médecins est celle du phénomène de rejet.
Après l’opération... |
Les chirurgiens Earl Owen et Marco Lanzetta, aux côtés du professeur Jean-Michel Dubernard, dans la cour de l’hôpital Edouard-Herriot, à Lyon. |
Pour procéder à cette intervention, le professeur Jean-Michel
Dubernard avait dû demander une permission spéciale des autorités
médicales.
Quand le professeur n’est pas occupé à écrire
l’histoire médicale mondiale, il a une autre grande ambition, celle
de devenir maire de la ville de Lyon. Des observateurs n’ont pas manqué
de dire que l’opération politique menée par le chirurgien
serait tout aussi délicate que celle de la chirurgie de la main...