En
présentant une “déclaration de fortune” au Conseil constitutionnel
(notre photo), le chef de l’Etat a voulu réaffirmer qu’aucun citoyen,
à commencer par lui-même, n’est au-dessus de la loi. Ministres,
députés et hauts fonctionnaires doivent, en principe, emboîter
le pas au président Lahoud et délcarer leur patrimoine, dans
un délai de trois mois, à compter de la publication
de la loi sur l’enrichissement illicite au Journal officiel.
Il avait prévenu ses compatriotes présents à la
Chambre, ce jour-là, où en dehors de l’hémicycle dans
son discours d’investiture: il sera l’exemple et le modèle, en ce
sens, qu’il s’est engagé à rester au-dessous de la loi, tout
en optant pour la transparence.
Ce n’étaient pas des paroles en l’air et, contrairement aux
hommes politiques qui, dans l’ensemble, “entrent pauvres dans le temple,
pour en sortir riches”, le président de la République “qui
ne possède rien et n’a rien d’important à déclarer”
pour reprendre les termes de son conseiller de Presse, quittera pour sûr
le palais de Baabda dans les mêmes conditions, au terme de son sexennat.
En tout cas, sa démarche constitue une première dans
l’histoire de la République libanaise. Nous n’avons pas connaissance
jusqu’ici d’un responsable aussi haut placé, s’étant présenté
devant le Conseil constitutionnel pour présenter une “déclaration
de fortune”.
D’ailleurs, cette haute juridiction, dont en entendait parler depuis
belle lurette, n’a été constituée que depuis peu de
temps, la loi sur l’enrichissement illicite ayant été publiée
au Journal officiel en décembre dernier.
En déclarant tous ses avoirs mobiliers et immobiliers, le président
Lahoud prouve, une fois de plus, qu’il est soucieux d’accorder la prédominance
à la loi et, partant, de consolider les assises de l’Etat des institutions.
De plus, il a engagé le Conseil constitutionnel “à veiller
à la bonne marche de la démocratie et à la bonne application
des lois”, à commencer par la loi dite fondamentale. Tout en vantant
les qualités de probité et d’intégrité des
membres de cet organisme.
Il y a lieu de rappeler qu’en vertu de la loi sur l’enrichissement
illicite, les présidents de la Républiques, de l’Assemblée
et du Conseil, les ministres, les députés et les fonctionnaires
sont tenus de présenter une “déclaration de fortune” dans
un délai de trois mois, à compter de la date de la publication
de la loi mentionnée au J. O., sinon ils seront considérés
comme démissionnaires. Pour les futurs responsables, le délai
commencera à courir à partir de leur élection ou de
leur nomination.
Cependant, le cas du chef et des membres du gouvernement, comme celui
des membres de l’Assemblée nationale, pose un petit problème.
On sait que le mandat de la présente législature est sur
le point d’expirer, les législatives étant fixées
au mois d’août. Le “Cabinet des 16” devra présenter sa démission
après le scrutin, comme l’exige la Constitution. Peut-on exiger
des uns et des autres de présenter une “déclaration de fortune”
alors que le temps durant lequel ils doivent assumer leurs responsabilités
est court?
En revanche, le mandat présidentiel en est encore à son
début.
Quoi qu’il en soit, l’initiative du président Lahoud place dans
l’embarras la classe politique non habituée, jusqu’ici, à
une telle démarche que la loi exige d’eux d’entreprendre!
Toujours est-il que tout a un commencement: le Premier Libanais a donné
l’exemple et se veut le modèle. Tous les responsables et citoyens
gravitant sur la scène politique ou assumant une charge publique
doivent lui emboîter le pas. |