La chapelle Sixtine où le conclave de cent-sept
cardinaux,
originaires de cinquante pays, se réuniront
pour l’élection du 263ème pape.
Le Souverain Pontife lui-même se la pose sans aucun doute: Démissionner? Procéder à des élections anticipées? Toujours est-il qu’un vent de période successorale semble souffler dans les couloirs du Saint-Siège.
Jean-Paul II visiblement affaibli et malade.
DÉMISSION OU ÉLECTION... MAIS
LAQUELLE?
Après être entré vaillamment dans l’ère
du troisième millénaire avec celle du jubilé de l’Eglise,
les événements semblent devoir se précipiter. C’est
que Rome a bien changé.
Alors qu’il y a plus de 400 ans, lorsque les cardinaux, réunis
en conclave dans la chapelle Sixtine, c’était l’incroyable fresque
du Jugement dernier, de Michel-Ange inspirant le désarroi, sinon
la terreur veillait sur l’élection du nouveau successeur de St-Pierre
l’apôtre. Scrutin donc d’inspiration divine, c’est-à-dire
dicté par le souffle du Saint-Esprit.
Aujourd’hui, le Souverain Pontife, 262ème pape de la Chrétienté,
est très malade: après vingt-et-un ans de pontificat, au
cours desquels il a subi sans broncher sept interventions chirurgicales.
En dépit du fait que jusqu’à hier encore, le sujet de la
santé de Jean-Paul II était pratiquement censuré,
Mgr Karl Lehmann, président de la conférence épiscopale
allemande, a violé publiquement l’interdit, en s’interrogeant sur
l’éventualité d’une démission de Karol Vojtyla. Ce
qui n’a pas peu contribué au branle-bas qui s’en est suivi.
Aussitôt, bien entendu, nombre de prélats ont réagi,
négativement, sinon avec réprobation, estimant que le pape
est en possession de toutes ses facultés. En réalité,
âgé de 79 ans, atteint de la maladie de Parkinson, Jean-Paul
II “voyage dans la souffrance”, révélait encore dernièrement
le quotidien du Vatican.
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Mgr Moreira Neves | Mgr Martini | Mgr Tettamanzi. |
Rien qu’à voir sa silhouette à la démarche mal
assurée, on a l’impression que Sa Sainteté est décidée
envers et contre tous à remplir les obligations de sa charge. Du
reste, en réponse aux rumeurs concernant sa “démission”,
il aurait dit en souriant: “Mais... je ne saurais à qui la présenter...”
En tout état de cause, que Jean-Paul II doive rester ou renoncer,
les réseaux des “papabili”, ont commencé à s’activer.
A partir du principe sacré “qu’on n’est pas candidat... puisque
Dieu seul porte son choix sur l’héritier de St-Pierre”, le conclave
n’en a pas moins une idée, un portrait-robot du prochain pontife.
“Pas trop jeune, ni trop “exotique”. Mystique, pas trop, surtout pas autocrate,
un homme de son temps, quoi! La connaissance de plusieurs langues est un
must. Il doit, surtout, exercer une expérience pastorale consommée”.
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Mgr Biffi | Mgr Sodano | Mgr Ruini. |
LES “PAPABILI” ET LES PROPOS AFFÉRENTS
AU CONCLAVE
A Rome, on parie déjà sur trois “monsignori”: le cardinal
brésilien Mgr Moreira Neves, représentant l’Eglise du tiers-monde;
l’archevêque milanais Mgr Martini, jésuite un peu trop progressiste
et Mgr Tettamanzi que sa relative jeunesse, 66 ans, pourrait handicaper.
Trois autres auraient des chances de l’emporter, tout en n’ayant pas
la stature des trois premiers: Mgr Biffi, archevêque de Bologne;
Mgr Sodano, secrétaire du Vatican et le cardinal Ruini, ne parlant
que l’italien et le latin, mais soutenu par Jean-Paul II. Quoi qu’il en
soit, le conclave appelé à désigner le prochain pape
peut être considéré “ouvert” sur le papier! Quand,
au-dessus de la basilique St-Pierre, la fameuse fumée blanche devra
flotter dans le ciel de la Cité du Vatican, sans que cette nouvelle
élection soit accompagnée du bagage médiatique d’une
campagne et d’un programme, faudra-t-il encore tenir compte des paroles
prophétiques de Jean-Paul II, littéralement: “J’attendrai
que Jésus me le demande!”