LES “ANNÉES
DU RENOUVELLEMENT” ET LA PRÉSENCE AMÉRICAINE PARTOUT
KISSINGER “ACCUSE” LES USA DE S’ÊTRE IMMISCÉS
DANS LES ÉVÉNEMENTS DU LIBAN
Les
années du renouvellement”, l’ouvrage de 1150 pages dont l’auteur
est Henry Kissinger, ancien secrétaire d’Etat américain,
traite de l’histoire et analyse le transfert de la présidence de
Richard Nixon à Gerald Ford. Il relate en détail l’affaire
de Watergate, le transfert de l’autorité et le début d’ouverture
sur l’Union soviétique, spécialement l’opération pacifique
au Proche-Orient, la diplomatie de la navette et la sortie du Vietnam.
Kissinger annonce qu’il ne ferait plus désormais
de la politique et est dégagé de toute attache politique.
Il dit avoir informé du contenu du livre la CIA (Agence centrale
de renseignement) et le FBI (Bureau fédéral d’investigation),
afin de ne pas porter préjudice à ces deux organismes et
à l’Etat d’Amérique. Il indique que Sandy Berger, président
du Conseil de sécurité nationale, a lu avec minutie
le texte de son livre et en a retranché des passages considérés
comme préjudiciables à la sécurité nationale
et aux intérêts américains.
Le dernier chapitre de l’ouvrage comporte quarante
pages sur le Liban, alors que vingt-cinq pages seulement y sont réservées
à la Chine.
Parlant de la guerre du Liban, il verse des
larmes sur la formule qu’il appelle avec insistance une “formule distinctive”,
c’est-à-dire la formule de 1943, disant qu’elle était transcendante
et avait été élaborée avec beaucoup d’intelligence.
Puis, il expose tous les événements
qui se sont produits et leurs causes d’après sa vision, estimant
que la scène libanaise, à cette époque, avait permis
aux Etats-Unis d’ouvrir une page de coopération sérieuse
et importante avec l’OLP. Il cite tous les rapports du département
d’Etat US évoquant les événements sanglants du Liban,
en affirmant l’intervention permanente de son pays pour empêcher
que ces événements se terminent par un vainqueur et un vaincu
et pour maintenir l’équilibre.
Il relate longuement l’histoire de l’ambassadeur
Richard Murphy et de ses rencontres politiques avec le général
Hikmat Chéhabi, ancien chef d’état-major en Syrie, afin d’être
informé de l’initiative syrienne dans tous ses détails.
Kissinger considère que la précipitation
des événements au Proche-Orient, surtout la visite de Sadate
et de Rabin à Washington le 5 novembre 1975, a imprimé un
cachet dramatique à la conjoncture proche-orientale, plus particulière-ment,
sur la scène libanaise qui était, initialement, perturbée.
Le président Anouar Sadate, écrit
Kissinger, adressait au président Gerald Ford des messages lui demandant
de ne pas laisser les Israéliens intervenir sur la scène
libanaise durant cette étape.
En avril 1976, rapporte Henry Kissinger, “le
sénateur Henry Jackson a réclamé une intervention
militaire américaine pour imposer la sécurité au Liban.
Cependant, mes adjoints - ceux de Kissinger - Hal Saunders, Roy Atherton,
Peter Rodman et moi-même, étions d’accord sur le fait que
le membre du sénat n’était pas réaliste, 1976 étant
différente de 1958.
“Le 30 mars, le président Ford a, sur
ma proposition, chargé Dean Brown d’une mission d’information au
Liban. Celui-ci était versé dans les affaires arabes, ayant
servi en Jordanie lors des batailles du septembre noir en 1970”.
Le 18 mars 1976, une réunion a eu lieu
entre le président Hafez Assad et l’ambassadeur Richard Murphy,
au cours de laquelle celui-ci a compris les considérations qui motivaient
les sentiments et la sincérité du président Assad
vis-à-vis de la préservation de la paix au Liban.
En dépit des passages retranchés
de son livre, Kissinger a révélé le rôle de
l’Amérique au Liban et l’arrivée du président Elias
Sarkis duquel les Syriens ont dit: “Cette étape est la sienne”.
Il est apparu que les Américains s’interdisaient d’intervenir. Mais
pratiquement, ils s’immiscaient en toute chose et étaient informés
du moindre fait dans la guerre des deux ans, contrairement à leurs
assertions.
A leur avis, la scène libanaise était
bien tenue de leur part, au point qu’ils ne s’attendaient pas aux surprises.
Aujourd’hui, affirme Kissinger, ils ne s’attendent pas aux surprises, si
le processus de paix vient à aboutir. |
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