Tout d’abord, cette opération spectaculaire peut contribuer à
un démantèlement rapide de l’armée sudiste déjà
affaiblie. Certains indices révèlent que, depuis un certain
temps, des mesures étaient prises pour assurer le départ
d’un groupe de ses officiers vers l’Europe, le Canada ou l’Australie, en
prévision de la dissolution de cette formation après le retrait
de “Tsahal” du Liban. L’Etat hébreu désire régler
le problème de cette “armée”, qui compte un peu plus de 2.000
hommes, avant son évacuation définitive des 850 kilomètres
carrés qu’il occupe au Liban-Sud et dans la Békaa-ouest.
Les implications de l’attentat concernant les mesures de représailles
que pourrait adopter Israël, sont en rapport direct avec le processus
de paix et l’attitude plutôt modérée du Premier ministre
israélien, face à cette situation, est très significative.
Il en est de même des appels à la retenue lancés, aussi
bien par Washington que par la Communauté européenne, en
vue d’empêcher toute escalade militaire qui serait dramatique pour
la région.
ATTENTAT À L’EXPLOSIF
Akl Hachem, commandant adjoint à l’ALS, a trouvé la mort
le dimanche 30 janvier autour de 12h45 par l’explosion d’une forte charge
placée à l’entrée de la propriété qu’il
possède au village de Débel (caza de Bint-Jbeil).
La télévision du “Hezbollah” (“Al-Manar”) a diffusé,
le soir même, un document de trois minutes affirmant qu’il s’agit
des images filmées par les membres du commando intégriste
ayant fait exploser la charge. On y voit Akl Hachem se promenant dans sa
propriété en compagnie de deux autres hommes et un chien,
un Doberman apparemment. L’explosion s’est produite au moment où
il s’apprêtait à monter à bord de sa jeep, une 4x4
blindée de type Hammer, “offerte par les Israéliens”, précise
le commentateur de la télévision.
Le numéro deux de l’ALS a été tué sur le
coup et sa mort fut aussitôt annoncée par la milice intégriste
en ces termes: “Le traître Akl Hachem, commandant la quatrième
brigade de l’ALS, a été tué dans une attaque à
l’explosif...”
L’Armée du Liban-Sud n’a pas tardé à confirmer
cette mort disant: “Les milices de l’ennemi irano-syrien ont fait exploser
un engin dans le village de Débel, au moment du passage du colonel
Akl Hachem, commandant du secteur occidental de la zone...”
Mais alors que l’ALS pleurait la mort de son commandant en chef-adjoint,
ce fut l’explosion de joie du côté du “parti de Dieu” qui
venait de réaliser son second exploit spectaculaire après
l’opération, toujours en zone occupée, qui avait provoqué
la mort, le 28 février 1999, du général Erez Gerstein,
considéré, alors, comme le numéro un israélien
au Liban-Sud.
La milice intégriste fait exploser sa joie et sa fierté.
Des convois de voitures klaxonnant à tout rompre et brandissant
les drapeaux jaunes ou rouges frappés du sigle du “Hezbollah”, sillonnent
les rues de Beyrouth, Saïda, Baalbeck, etc. Les miliciens offrent
des confiseries aux passants.
Au même moment et dans les jours qui suivent, la région
frontalière est soumise à un dur matraquage israélien.
Les raids aériens et le pilonnage intensif provoquent de graves
dégâts matériels à Iklim At-Touffah, fief du
“Hezbollah” et dans différents autres villages.
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après l’annonce du décès de Hachem. |
de Lahd et Barak. |
LA RÉPONSE LIBANAISE
Face aux menaces de représailles israéliennes, la réponse
officielle libanaise est venue de la plus haute instance du pays. Dans
une déclaration au quotidien “As-Safir”, le président Emile
Lahoud affirme: “Les menaces israéliennes auxquelles nous sommes
habitués, ne nous font pas peur et c’est le prix à payer
pour la libération”.
Comme à son habitude, le chef de l’Etat rend un vibrant hommage
à la Résistance: “Ses éléments ont redonné
au Liban son prestige, renforcé sa capacité à résister
et relevé la tête des Arabes. Par leur audace et leurs sacrifices,
ils offrent ce qu’ils ont de plus cher pour confirmer notre détermination
à libérer notre terre”.
Mais le Libanais est inquiet. Qu’adviendra-t-il si Tel-Aviv mettait
à exécution ses menaces de bombarder nos infrastructures?
Qu’en sera-t-il de notre situation socio-économique déjà
peu brillante?
Il faut donc espérer que la ligne rouge tracée par les
instances internationales, l’Amérique en tête, demeure active
et efficace, le retour aux négociations de paix restant le choix
privilégié de toutes les parties.
ENTRE LE SPIRITUEL ET LE TEMPOREL
Le fait pour le patriarche Sfeir de s’être fait représenter aux obsèques de Akl Hachem par l’archevêque maronite de Tyr, a provoqué un tollé dans les milieux proches de la Résistance et des hommes politiques ont exprimé leur surprise et certains, leur réprobation. Bkerké réplique, pour justifier sa participation aux funérailles du “numéro 2” de l’ALS, “qu’on donne à cette affaire une portée politique qu’elle n’a pas. Il s’agit d’une question d’ordre spirituel et on ne peut juger une personne après sa mort”. Autre précision: contrairement à ce qu’aucuns ont rapporté, le cardinal Sfeir n’a pas adressé de message tenant lieu d’oraison funèbre du défunt. Enfin, le siège patriarcal a rappelé la position de Bkerké en faveur de la Résistance: il reconnaît la légitimité de son action, tant que des portions du territoire national sont occupées. |
QUI EST AKL HACHEM?
Originaire de Débel (caza de Bint-Jbeil), né en 1952, il est marié à Léa Kassab et ont cinq enfants dont l’aîné, Elias, poursuit ses études universitaires en Israël. Sergent-chef dans l’Armée libanaise, il retourne à son village natal en 1976 et rejoint l’armée du “Liban Libre” qu’avait fondée au Sud, le commandant Saad Haddad. Elle deviendra l’ALS avec le général Antoine Lahd qui succède à Haddad en 1985. Akl Hachem est promu par Lahd au grade de colonel et nommé commandant de la plus importante brigade de l’ALS déployée dans le secteur occidental de la zone occupée. Il était supposé succéder au général Lahd et avait la confiance des responsables israéliens. Le “numéro deux” de l’ALS avait, par le passé, échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. Une conjonction de circonstances a, sans doute, permis que la dernière en date réussisse. Ses funérailles ont eu lieu à Aïn Ebel, son cercueil ayant été recouvert du drapeau libanais. |