Président
du conseil politique du “Hezbollah”,
M. Mohamed Raad, député du Liban-Sud, juge “sérieux mais difficiles” les pourparlers sur le volet syro-israélien, repris le mois dernier; puis, suspendus en raison du fait pour Tel-Aviv de ne pas prendre position envers le retrait du Golan jusqu’à la ligne du 4 juin 1967. Aussi, en déduit-il qu’Israël ne veut pas renoncer à ses visées expansionnistes dans la région proche-orientale, fort de l’appui des Etats-Unis. |
AKL HACHEM, NÞ1 DES MILICES PRO-ISRAËL
M. Raad émet, tout d’abord, ces réflexions à propos
de l’assassinat de Akl Hachem NÞ2 de l’ALS: C’est un coup dur asséné
à l’Armée du Liban-Sud. Il aura pour conséquence d’affaiblir
ses effectifs que l’assistant du général Lahad parvenait
à ressouder et à motiver.
L’opération qualitative de la Résistance, ajoute-t-il,
confirme les gains réalisés sur le terrain, puisque les “Hezbollahis”
sont parvenus à atteindre le sommet de la pyramide des fractions
collaborant avec Israël.
Puis, l’éviction de Akl Hachem signifie, au plan politique,
qu’il n’y a pas d’avenir pour les milices pro-israéliennes opérant
en terre libanaise, dont le sort se limite soit à leur assassinat,
soit à purger les peines auxquelles ils ont été condamnés
par les instances judiciaires libanaises qualifiées.
Akl Hachem était, en fait, du point de vue pratique et logistique,
l’homme NÞ1 de ces milices.
M. Raad dénonce la manière de négocier de l’Etat
hébreu “qui manœuvre et tergiverse, afin de ne pas souscrire aux
exigences syriennes, en refusant de s’engager à évacuer le
Golan et à revenir à la ligne du 4 juin 1967.
Le fait pour les Israéliens d’avoir libéré un
certain nombre de détenus peut-il être interprété
comme une preuve de leur bonne foi?
Il est clair que les détenus sont devenus, dernièrement,
un lourd fardeau pour l’ennemi sioniste à tous les points de vue.
Puis, notre parti œuvre en vue de connaître le sort du pilote
israélien, Ron Arad et ceci a incité Israël à
assouplir sa position envers le dossier des personnes détenues dans
ses geôles, que ce soit en Palestine ou dans la zone que ses forces
occupent au Liban-Sud.
Comment interprétez-vous la réapparition des partisans
de cheikh Soubhi Toufayli en tenue militaire à Baalbeck?
Les “Toufaylistes” ont défilé en tenue militaire, mais
sans leurs armes. Nous considérons leur manifestation comme une
“parade civile” et nous nous abstenons de la commenter. Du point de vue
politique, ceci n’affecte nullement le “Hezbollah”.
UNE LOI INSPIRÉE DU SYSTÈME CONFESSIONNEL
Comment jugez-vous la nouvelle loi électorale?
En réalité, elle s’inspire du système confessionnel
basé sur la répartition des parts. Il faut changer, d’abord,
les mentalités et la classe politique.
Ceci du point de vue de l’essence. En ce qui concerne le découpage
des circonscriptions, nous nous sommes prononcés en faveur de la
circonscription moyenne. Aussi, avons-nous émis un certain nombre
d’observations sur la nouvelle loi électorale.
On parle de nouveau de l’abolition du confessionnalisme politique.
Quel est votre point de vue à ce sujet?
Malheureusement, l’action menée à propos de ce problème
n’est pas sérieuse et se limite au domaine médiatique. Il
faut commencer par constituer l’organisme chargé d’abolir le confessionnalisme
politique, comme le stipule l’accord de Taëf.
Mais je suis persuadé que nul ne veut, à l’heure actuelle,
supprimer le confessionnalisme. Nous sommes d’avis de fixer un délai
de quinze, vingt ans ou davantage pour l’abolir, en mettant au point un
programme aux lignes bien définies pour atteindre cet objectif.
LES INCIDENTS DE DENNIEH
Les incidents de Dennieh ont été différemment
interprétés et d’aucuns y ont détecté une tentative
d’imposer l’implantation des Palestiniens. Qu’en pensez-vous?
Toute tentative visant à compromettre la sécurité
et la paix civile est très dangereuse, d’autant que le Liban traverse
l’une des étapes les plus délicates de son Histoire, devant
déterminer son sort et son avenir politique.
C’est pourquoi, les Libanais sont appelés à unifier leurs
rangs pour faire face en front serré à tous les défis.
Ce qui s’est produit à Dennieh a causé un préjudice
au Liban et, aussi, à ceux qui ont fomenté les graves incidents
dans cette localité nordiste. Mais la riposte énergique et
rapide de l’Armée, en plus de l’éveil des citoyens ont déjoué
la sédition.
Dans quelle phase des négociations, la Résistance envisage-t-elle
de modifier sa stratégie sur le terrain?
Ne portons pas un jugement à ce sujet, d’autant que le processus
en cours ne me paraît pas en bonne voie. En fait, nous ne partageons
pas l’optimisme de ceux qui prédisent un accord avec Israël
dans un avenir proche. Cela dit, il ne fait pas de doute que la Résistance
constitue un moyen de pression pouvant servir à hâter la libération
des portions du territoire libanais occupées par les Israéliens,
sans souscrire à aucune de leurs conditions, dont le moins qu’on
puisse dire, est qu’elles sont rédhibitoires.
Puis, je trouve étrange que la veille de la reprise des négociations
avec la Syrie, l’Etat hébreu ait autorisé la construction
de quatre-vingts habitations à l’intention des colons sur les hauteurs
du Golan.
Dans le même temps, on entend certains, dont l’ambassadeur des
Etats-Unis, réclamer l’arrêt des opérations de la Résistance,
laquelle ne renoncera à la lutte que lorsque le dernier pouce de
notre territoire sera libéré.
Nous invitons donc les Libanais de tous bords et tendances, à
rester unis et solidaires, en se regroupant autour de la cause nationale.
Le Liban est à tous ses fils et si des antagonismes existent entre
eux portant, essentiellement, sur leur système politique et la façon
de le réformer, ces antagonismes peuvent et doivent être tranchés
par un dialogue ouvert et paisible. Sans cela, ils ne pourront pas récupérer
leur terre, ni recouvrer leur souveraineté.