Safra a été le premier banquier à
attirer
les capitaux arabes en Suisse.
Ces propos ont été tenus par un expert français
en matière de sécurité qui a joint ses doutes à
ceux de tant d’observateurs autour de la “futilité” de la raison
invoquée pour expliquer la mort de Safra, dont la fortune est évaluée
à 10 milliards de dollars et que les milieux britanniques de la
finance ont surnommé “l’homme énigme”.
Figure de proue de la finance et du business, ce milliardaire libanais
de naissance, d’origine syrienne et de nationalité brésilienne,
est mort dans des circonstances mystérieuses, le jour même
où un décret officiel signé par le prince Rainier,
lui conférait la nationalité monégasque, un tel privilège
étant accordé, chaque année, à dix personnes
seulement qui bénéficient de l’allègement des taxes
et, surtout, de l’immunité, le citoyen de Monaco ne pouvant être
extradé.
IL AVAIT PEUR DES TUEURS À GAGE
Après trois jours d’enquête, les autorités monégasques
ont annoncé le résultat de leurs investigations: Safra aurait
péri asphyxié, dans la salle de bains de son appartement
luxueux de 1000 m2. Voici les faits: l’infirmier a allumé le feu
dans la poubelle par “bêtise”. D’autre part, Safra avait la phobie
de l’assassinat, c’est pourquoi, il s’est réfugié dans la
salle de bains et n’en est plus sorti, croyant que les pompiers venus le
délivrer étaient des tueurs à gage.
Cette version a été tirée du témoignage
de l’infirmier américain Ted Maher qui a mis fin aux différentes
conjectures ayant suivi l’annonce de l’accident, le 3 décembre 1999.
Elle a mis fin à une crise qui aurait causé du tort à
Monaco. Cette principauté de 32.000 habitants abritant des hommes
fortunés, est renommée par ses mesures de sécurité
strictes, vu le nombre des caméras réparties dans ses rues,
ses hôtels, ses immeubles et le nombre de ses agents de sécurité.
C’est pour cette raison, peut-être, que Safra y a élu domicile,
au lieu de rester dans son château-forteresse luxueux “Léopolda”
à Villefranche-sur-mer en France disposant d’un héliport
et d’un abri nucléaire. Or, ses appartements à Paris, Genève
et New York sont parés contre les attaques.
Mais la vie exceptionnelle de l’homme, ses relations et sa fortune
ont laissé les gens sceptiques devant la version ayant laissé
accréditer la thèse d’un simple accident.
LA MAFIA RUSSE IMPLIQUÉE?
Après la lecture des faits, maints points restent à élucider.
Quel rôle a joué la mafia russe dans son décès?
Ces soupçons se basent sur la vie de cet homme qui a commencé
sa carrière financière dans la banque au Liban et a amassé
une fortune colossale au Brésil et à Genève où
il a fondé dans les années 50 la banque “Sodavine”, aujourd’hui
Banque du Commerce et du Développement. Les milieux financiers considèrent
qu’il a été le premier banquier à attirer les investisseurs
arabes en Suisse.
Avant la mafia russe, ses clients étaient des Arabes du Golfe
et du Proche-Orient; d’Amérique latine et même de Russie.
Tout au long de ces années, il eut une bonne réputation
mais son nom a figuré dans la chronique de plusieurs scandales financiers.
Il a été accusé de blanchiment d’argent de la drogue,
en Colombie; du général Noriega; dans le scandale de la Banque
de l’Union et du Commerce international. Mais Safra a pu se disculper en
prouvant que ces accusations faisaient partie d’une campagne menée
contre lui par “American Express”, son concurrent.
IL AVAIT PLUSIEURS AMIS LIBANAIS
Au Liban et dans les pays arabes, on le soupçonnait d’avoir
fait fructifier l’argent juif sous le mandat de Rabin. Or, ce qui l’a aidé,
c’est son appartenance à la colonie juive d’Alep, connue par sa
solidarité. L’homme d’affaires juif comptait plusieurs amis libanais,
notamment, cheikh Khalil el-Khoury, qui l’a présenté au prince
Rainier. Les réceptions qu’il donnait dans sa villa “Léopolda”
groupaient plusieurs célébrités; Ronald Reagan et
Frank Sinatra étaient parmi ses hôtes.
En 1988, il a voulu, en collaboration avec l’homme d’affaires libanais
Samir Traboulsi, acheter la “Société Générale”.
Mais tout s’est gâté quand il a étendu ses investissements
à la Russie. Puis, quand sa banque de New York a joué un
rôle primordial dans la révélation d’un vol des prêts
de la Banque internationale par les groupes proches d’Eltsine, ce qui a
pu inciter la mafia russe à le liquider. Un autre point le concernant
a, également, soulevé des polémiques: la coïncidence
de son décès avec la cession de ses actions dans la banque
New York à une banque britannique de Hong Kong, pour la somme de
dix milliards de dollars.
Avant sa mort, des rumeurs faisaient état de problèmes
familiaux opposant Safra à ses frères après plusieurs
années de solidarité exemplaire, le milliardaire juif ayant
voulu adopter les enfants de sa femme brésilienne, juive d’origine,
après avoir perdu l’espoir d’avoir une progéniture, alors
qu’il souffrait de la maladie de Parkinson. Mais la question la plus importante
concerne l’échec du service de renseignement israélien dans
la protection d’un grand donateur pour les colonies de peuplement et les
organisations juives.
LE “MOSSAD” MIS EN CAUSE
L’entrée en ligne du “Mossad” - comme dans l’affaire du juif
britannique Maxwell - a donné une signification plus profonde au
décès. Car Safra était protégé par les
élites des soldats israéliens de l’armée, le “Mossad”
et le shin beth, sous la responsabilité de l’agent de sécurité
Samuel Cohen qui, la nuit de l’accident, était absent de Monaco!
Une fois de plus, la légende du “Mossad” a été ébranlée.
Pourquoi ce dernier a-t-il désigné Ted Maher comme infirmier,
lui, l’ancien des Marines, toxicomane sans expérience?
Un autre point d’interrogation reste à tirer au clair: pourquoi
Safra qui appréhendait les assassinats, a-t-il quitté son
château-forteresse en France pour s’installer à Monaco?
Le top secret dans l’enquête restent les rumeurs à propos
d’un “commando” qui aurait provoqué, sciemment, l’incendie dans
son appartement. Les experts estiment que le feu allumé par l’infirmier
ne peut pas, pratiquement et techniquement parlant, propager l’incendie
à une vitesse-record dans un appartement de 1000m2 de deux étages,
équipé de techniques ultra sophistiquées contre de
tels sinistres.
A noter que les caméras à l’extérieur de l’immeuble
n’ont détecté aucun élément étrange,
alors que celles de l’intérieur ont été complètement
abîmées. L’énigme reste donc entière...