LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE D’ARMÉNIE EN
VISITE OFFICIELLE AU LIBAN DU 15 AU 17 FÉVRIER
ROBERT KOTCHARIAN: “NOTRE PAYS SERA UN MEMBRE
ÉGAL AUX AUTRES DANS LA COMMUNAUTÉ DU XXIÈME SIÈCLE”

Le chef d’Etat arménien, M. Robert Kotcharian et son épouse effectueront une visite officielle au Liban du 15 au 17 février, accompagnés d’une importante délégation qui comprendra le ministre des Affaires étrangères, M. Oskanian; le ministre de la Culture, M. Charoyan; le ministre de l’Economie, M. Tarpinian; le chef de la Chancellerie au gouvernement, M. Karamanouguian et d’autres officiels, répondant à une invitation officielle du chef d’Etat libanais.

Le Liban se préparait à recevoir le président Kotcharian le 2 novembre dernier, lorsqu’une fusillade eut lieu au parlement arménien, entraînant la mort de plusieurs hauts responsables dont le Premier ministre Vasken Sarkissian, le président du parlement, M. Garène Démirdjian et le vice-président, Youri Bakhchian, MM. Roupen Miroyan, deuxième vice-président de l’Assemblée, Léonard Pétrossian, ministre des Situations d’urgence et de trois députés. On se souvient, alors, de la prise de position courageuse de M. Kotcharian qui, une heure après l’attaque, se rendait au parlement afin d’assumer personnellement la surveillance des développements en cours, prenant lui-même la direction des négociations avec les assaillants, restés sur place jusqu’à l’aboutissement de la crise. Des heures de longues et laborieuses tractations, où le président arménien leur promettait une procédure légale s’ils se rendaient aux forces de sécurité. Pendant ce temps, les forces de l’ordre, les éléments de la Police militaire se déployaient dans les rues, surveillant toutes les institutions d’Erevan ayant une importance stratégique.
Il était alors impératif que cette douloureuse affaire ne déborde pas des cadres et ne plonge le pays dans le chaos.
Aujourd’hui, les assassins sont sous les verrous et les dirigeants ont su déjouer avec beaucoup de diplomatie le complot qui visait à déstabiliser le pays. Une session extraordinaire de l’Assemblée nationale s’est déroulée le 2 novembre et a élu Armen Katchadérian à la présidence du Parti du Peuple, les nouveaux vice-présidents sont Dikran Torossian et Gagik Aslanian. Un décret du président a nommé Aram Sarkissian, le frère du Premier ministre assassiné, à la tête du gouvernement. La communauté des Etats a condamné d’un commun accord l’attentat et les présidents des Etats-Unis, de Russie, de Géorgie, de France, le pape Jean-Paul II, les Premiers ministres de Grande-Bretagne et de Turquie, adressaient leurs condoléances aux Arméniens, qualifiant ce qui s’était passé d’“événements extrêmement pénibles visant à déstabiliser l’Arménie et son processus de développement démocratique”.
M. Kotcharian mieux que quiconque sait que son pays fait un peu figure d’exception dans un monde post-soviétique dominé par des régimes autoritaires. Il sait que la démocratie a un prix. En fin politicien, il a su déjouer le complot en nommant dans les heures qui suivirent l’acte terroriste, un nouveau Premier ministre, tout en invitant les députés à élire le président du parlement. Ces nominations ont marqué la continuité politique par rapport à ce que représentaient les deux leaders assassinés et montré la volonté de garder les mêmes équilibres dans l’exercice du Pouvoir.
Depuis qu’il détient les rênes du pouvoir, M. Kotcharian n’a eu de cesse d’œuvrer pour renforcer les bases de l’Etat et pour résoudre des problèmes sociaux de son peuple. Fort du principe que l’unique garant de la survie d’un Etat fort et stable exige un travail de longue haleine et un travail multidirectionnel important, il n’a épargné aucun effort pour consolider la souveraineté de la loi en Arménie, en procédant à certaines réformes et en développant l’économie de son pays, établissant des relations avec d’autres pays, persuadé que l’Arménie a un rôle essentiel à jouer dans l’économie et la politique régionale et mondiale. Après avoir rencontré le président américain, M. Bill Clinton, le président français M. Jacques Chirac et d’autres chefs d’Etat, ailleurs dans le monde, M. Kotcharian rencontrera, enfin, le président libanais, le général Emile Lahoud afin de renforcer encore plus les liens existants entre les deux pays.
Ce sera donc le deuxième président de l’Arménie libre et indépendante, M. Kotcharian et son épouse, en tête d’une importante délégation qui se trouveront au Liban pour un séjour de 48 heures avec un calendrier de rencontres, très chargé.
La diaspora avait en vain espéré la visite du premier président de la jeune République d’Arménie quand on sait ce que représente Beyrouth, considérée par les Arméniens du Liban et d’ailleurs, comme étant la capitale diasporique des survivants du Génocide, le pays où se trouve le saint Siège de Cilicie, le lieu où les trois partis politiques arméniens ont leurs assises.

 
UN ITINÉRAIRE HORS DU COMMUN
Elu le 9 avril 1998, Robert Kotcharian succédait au président démissionnaire M. Levon Ter Petrossian. M. Kotcharian, alors Premier ministre, assurait l’intérim et promettait dans un délai de quarante jours, des élections libres. Et elles le furent.
Avec 59,49% des votes, l’ancien président du Karabagh devenait le président de la République d’Arménie. L’irrésistible ascension de cet ancien membre du parti communiste, un des principaux dirigeants de la lutte nationale à l’autodétermination du Karabagh, est due à son itinéraire hors du commun. Nommé aux postes de chef de comité de Sécurité d’Etat, de Premier ministre; puis, de premier président du Karabagh indépendant, M. Kotcharian est appelé à Erevan, en tant que chef du gouvernement par le président Ter Petrossian, en 1997. Il participera à part entière à la crise du Pouvoir qui aboutira à la démission du président. Ce leader, originaire du Karabagh, a depuis toujours joui d’une énorme popularité au sein du peuple arménien. Grand travailleur, patron exigeant pour lui-même et pour ses collaborateurs, c’est un homme déterminé, à la volonté d’acier. Un chef d’Etat à la vision lucide, aux qualités certaines d’administrateur. Une personnalité efficace dans l’action, préférant œuvrer en fin analyste loin des feux de l’actualité.
L’homme a foi dans l’ordre et la loi; c’est un diplomate qui attache la plus grande importance au renforcement de la politique étrangère de son pays, soulignant, à chaque fois, que l’occasion se présente, sur le fait que l’Arménie a à remplir un rôle essentiel dans le concert des nations.

LES PRIORITÉS DU PRÉSIDENT KOTCHARIAN
Dès sa première intervention présidentielle, le président arménien devait mettre en relief les principaux traits de son programme d’action. Accordant une importance primordiale au développement des relations avec ses voisins immédiats comme l’Iran, la Russie et la Géorgie, il travaillera sans relâche à promouvoir et à renforcer la coopération économique avec les grandes puissances, les organisations régionales et internationales tels les Etats-Unis, l’OSCE et l’ONU.
Programme qu’il avait d’ailleurs commencé à réaliser alors qu’il assumait encore ses fonctions à la tête du gouvernement.
L’un des principaux objectifs du président arménien est de reconstruire l’Etat et la société sur des bases démocratiques saines, grâce à une législation appropriée.
Sur le plan social, il s’est également attaché à reconsidérer la hausse des salaires, à réactiver la reconstruction des zones ravagées par le séisme et, surtout, à régler l’épineux problème du Karabagh, par la négociation. Autre changement de cap et non des moindres, M. Kotcharian intervenant pour la première fois à l’ONU, s’est distingué dans son discours, par sa prise de position concernant le Génocide arménien, tout en restant extrêmement modéré dans la forme et le fond. Une approche éminemment diplomatique. En un temps record, dès son arrivée au Pouvoir, M. Kotcharian qui se définit lui-même comme le “président de tous les Arméniens”, a amélioré I’image de la démocratie arménienne.

 

Le président et Mme Robert Kotcharian.

“LA DIASPORA, PARTIE INSÉPARABLE DE LA MÈRE-PATRIE “
Depuis toujours, l’un des credos du président Kotcharian a été de vouloir collaborer avec toutes les forces politiques de son pays et de la diaspora.
La visite au Liban du chef de l’Etat arménien entre donc aussi dans le cadre du mécanisme visant à renforcer les relations bilatérales entre le Liban et l’Arménie et entre l’Arménie et la diaspora, dans un second temps. Fidèle à son image de juste, le président arménien cherche à raffermir l’attachement des membres de la diaspora à l’Arménie, en les pressant de prendre une part active à la vie publique, politique et économique de son pays.
“L’Arménie, a dit le président Kotcharian, devrait être pour chaque Arménien une sainte patrie, dont la victoire est sa propre victoire et dont l’avenir est son propre avenir. Nous voudrions que les Arméniens de la diaspora nous aident en tant que partenaires à faire de notre pays une nation prospère et démocratique, un membre égal aux autres dans la communauté du XXIème siècle...”

REMETTRE À L’HEURE LES RELATIONS ARMÉNO-LIBANAISES
L’Arménie est aussi intéressée par une forte coopération avec le Liban dans les secteurs financier et bancaire, ainsi que dans les domaines des télécommunications, de l’énergie et de l’économie. Déjà, plusieurs délégations avaient effectué des visites dans notre pays, au cours desquelles des accords importants avaient été signés. Le parlement en avait ratifié quatre. La relation bilatérale des deux pays a, également, une portée stratégique, car tous deux s’élèvent contre l’alliance turco-israélienne qui est une menace à la fois pour les pays arabes et l’Arménie, étant entendu que si Israël est hostile aux Arabes, l’animosité turque, elle, cible l’Arménie. L’Arménie importe annuellement pour 800 millions de dollars de produits divers et l’industrie libanaise peut aisément assurer une partie de ces besoins. Des accords ont été signés portant sur la garantie des investissements et l’abolition de la double imposition, ce qui permet d’avoir beaucoup d’espoir dans le développement des communications entre les deux pays. Notre pays pourrait, en effet, être un important tremplin pour les exportations en direction des pays du Caucase. La venue au Liban, pour M. Kotcharian, faisait partie de l’une de ses priorités. Le spartiate a tenu parole.
Le président de la République d’Arménie se prépare à se livrer en 48 heures , à un véritable marathon.

Par SONIA NIGOLIAN
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