AU MUSÉE DU CATHOLICOSSAT DE CILICIE
L’AMBASSADE D’ARMÉNIE AU LIBAN PRÉSENTE EN COLLABORATION AVEC LA GALERIE NATIONALE “TROIS GÉNÉRATIONS DE PEINTRES ARMÉNIENS”

A l’occasion de la visite du président de la République d’Arménie au Liban, l’ambassade d’Arménie a préparé, entre autres activités, en étroite collaboration avec la Galerie Nationale d’Arménie, une méga-exposition groupant les œuvres de plusieurs grands noms de la peinture arménienne avec des artistes au style divers, appartenant aux trois générations du XXème siècle.
 

“La Tempête”, une huile signée 
Ayvazovsky peinte en 1872.

La palette solaire de Sarian.

Cette manifestation débutera le 16 février au Musée du catholicossat de Cilicie, à Antélias et se poursuivra jusqu’au 22 février, sous le haut patronage du président de la République d’Arménie, M. Robert Khotcharian et du président de la République libanaise, le général Emile Lahoud.
Au total, 52 artistes de renom, par leurs couleurs, leurs visions, leur technique, leur imaginaire, permettent d’apprécier l’évolution de l’art de ce pays qui a toujours été le miroir de l’histoire de son peuple.

LA VÉRITÉ DE SIÈCLES D’EFFORTS FOURNIS PAR UN PEUPLE
POUR PRÉSERVER SON ÂME EST INCARNÉE DANS CES ŒUVRES
Dans le catalogue imprimé aux éditions du catholicossat, on peut lire, sous la plume de M. Shahen Khatchatourian, directeur de la Galerie Nationale d’Arménie, ces quelques lignes: “Faire revivre la mère-patrie devint déjà au milieu du XIXème siècle, le thème spirituel principal de tous les arts arméniens.
 

Une huile flamboyante de Minas
qui fut le disciple de Sarian.

“Motif arménien” de Hagopian.

“Les travaux de classiques tels que Ayvazovsky, Sourenyants, Terlémézian, sont tous imprégnés de ce thème...
“L’art arménien du XXème siècle se cristallise autour des travaux de Sarian, Kojoyan, Arakélian et d’autres qui avaient en fait tous adopté la pensée de leur maître: “Le cœur de la Terre est un cœur d’homme. Tout commence avec le cœur et tout finit par lui”.
“La deuxième génération dont font partie des peintres de la diaspora comme Carzou, Galents, Jansem, Chahine, Archile Gorky, s’est distinguée un peu partout dans le monde par son originalité, les créateurs insufflant à leurs travaux un nouvel essor.
“En parallèle, on découvrait en Arménie les œuvres monumentales de Kotchar, celles de Mabjbeuk-Melikian....
“Dans les années 60, un groupe d’artistes, réunis autour du grand Minas, résistait à tous les diktats imposés par le régime soviétique, donnant libre cours à leur imaginaire...”
 

“David de Sassoun” (1922) de Kojoyan.

“Le lac Sevan” (1907) de Bashinjaghian.

Les créations présentes sous nos yeux racontent, toile après toile, l’âme de ce peuple qui, malgré tous les aléas de son histoire, a su garder intacte son énergie vitale créatrice, nourrie par sa culture traditionnelle extraordinairement riche.
Cet art aux traits caractéristiques créé par un peuple, représente l’un des Etats les plus anciens de la civilisation et se fait l’écho d’un caractère national forgé dans les épreuves répétées et dans ses combats menés au nom de la liberté. La Galerie Nationale d’Arménie qui, depuis 1921, s’est constamment enrichie de trésors au fil des ans, compte à l’heure actuelle plus de 16.000 œuvres d’art.
A part la place de choix qu’occupe la peinture religieuse, une large part est réservée aux œuvres de maîtres allant du XVIIème siècle jusqu’à nos jours, avec des signatures prestigieuses d’artistes non seulement arméniens, mais aussi européens, russes ou orientaux.
Au début du XXème siècle, un profond besoin de changer se manifeste chez les artistes, dans toutes les disciplines artistiques.
Il est intéressant de remarquer que ce désir de renouvellement a été commun aux créateurs dans tous les domaines.
Jamais, au cours de l’Histoire, on n’avait vu s’épanouir en si peu de temps une telle multiplicité de conceptions esthétiques originales. Une fermentation sans précédent avait également lieu dans le domaine de la musique, laquelle dépassait les limites de la gamme diatonique, de la poésie qui se passait de rimes et de mètre.
Si l’œuvre de l’immense Ayvazovsky avec ses marines est traversée de souffle romantique, celle d’artistes comme Terlémézian, Bashinjaghian, Zardayan ou Soureniants présente de nombreuses autres caractéristiques. Si Ayvazovsky a été le chantre par excellence de l’élément marin, il n’a pas non plus passé sous silence le combat de l’homme contre les éléments en furie. Une allégorie concernant ses citoyens aux prises avec les tempêtes politiques de l’époque.
 

Un portrait saisissant 
de Hovhannessian.

“Vision” de Madulian, un jeune artiste 
dont la cote ne cesse de monter.

Soureniants avec “L’abandon” donne à voir tout un univers, cherche à passer un message, comme dans cette œuvre particulière qui campe le portrait d’une toute jeune fille qui cherche une voie de salut, un chemin qui l’amènerait vers la lumière, celle de l’Eglise.
Dans cette composition de Terlémézian “Le couvent de Tatev”, l’esthète ne manquera pas d’apprécier ce paysage aux valeurs chromatiques maîtrisées, empreint de mysticisme. Avec Bashinjaghian et sa composition “Saint Lazare, la nuit”, nous trouvons toute la splendeur de ce paysage de toute beauté peint avec une grande sensibilité.
Favorisant le clair-obscur, l’artiste rend tout le lyrisme de ces lieux saisis entre terre et ciel.
Un long temps d’arrêt aussi devant ce somptueux “Portrait d’un historien” signé Zardayan.  Le visiteur admirera  également l’œuvre d’un autre grand maître: Martiros Sarian qui se ressourçait sans cesse de la nature de sa terre avec des paysages où l’intonation dominante était celle de la méditation claire et recueillie.
Cet artiste disait: “Donnez-moi du soleil, de la lumière, des couleurs qui seront comme les solistes d’un ensemble et non comme les choristes d’un chœur...” Il a laissé une œuvre splendide où les bleus, les jaunes, la verdure des champs irradient, restituant par la magie de ses pinceaux, la métamorphose de scènes banales, en chants merveilleux à la gloire du soleil et du bonheur.
Il nous est impossible de citer tous les artistes présents. Vous y trouverez des modes d’expressions traditionnelles d’une part et, de l’autre, des créations mettant en évidence des œuvres d’une diversité étonnante.
Ne manquez pas d’admirer cette nature-morte de Minas Avétissian saisie avec une exceptionnelle virulence de la couleur, ce tableau “De profundis” de Kotchar, une œuvre de sa première période, cette huile de Karalian “Sur le chemin de la ville” au dessin simplifié à l’extrême. Organisées autour de lignes esthétiques qui souhaitent aussi témoigner des problèmes de leur temps, des artistes contemporains comme Hagopian, Elibékian, Matulian, Carzou, Galentz, Abovian et bien d’autres...
Cette exposition d’une haute tenue artistique prouve aussi que la forme picturale peut certainement être une arme puissante, puisque le message est immédiat et peut franchir les barrières de la langue, de l’éducation, présentant le monde sous sa forme la plus vive.
L’homme a dessiné avant de savoir écrire... Il ne nous reste rien du langage que parlait l’homme il y a 2000 ans. Mais il nous a laissé ses dessins, des dessins qui avaient tous un but: témoigner.
Les “trois générations d’artistes arméniens” n’ont pas failli à cette règle...
Interpréter des tableaux par des mots n’est pas chose aisée. L’œuvre d’art a toujours le dernier mot.
Souvent des idées, exprimées par les arts visuels, défient toute autre transcription.

Par SONIA NIGOLIAN

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