Editorial



Par MELHEM KARAM 

HAIDER MENT EN PRÉTENDANT APPLIQUER LES PRINCIPES DE DE GAULLE ET D’ADENAUER
SAUVER L’HONNEUR DE L’AUTRICHE ET DE L’HUMANITÉ

Le Pouvoir de la droite nazie en Autriche et sa domination sur le gouvernement sous la présidence de son leader, Jorg Haider, “Vendeur de Haine”, comme l’a décrit la Presse occidentale, affirment que les Autrichiens sont atteints d’amnésie ou perte de mémoire, d’une manière effroyable. Ils ont considéré qu’il s’agit d’un nuage sombre dans le ciel de l’Europe. Tous ont trouvé étrange qu’à la fin du XXème siècle, un parti connu pour son racisme d’une façon flagrante, obtienne un tel nombre de suffrages.
Avec son allié conservateur, Wolfgang Schussel (S.P.O.), Jorg Haider (F.P.O.) a pu constituer un gouvernement autrichien de coalition, après avoir obtenu 27% aux élections législatives le 3 octobre 1999. Au cours d’un nouveau sondage effectué cette semaine, ils ont obtenu l’appui de 33% des votants. Après avoir été menacé de boycottage par l’Europe, Jorg Haider a répondu au président Jacques Chirac, l’accusant d’être affligé de mégalomanie et de prétention. De plus, il a accusé le gouvernement belge d’être un “gouvernement de corrompus touchant des pots-de-vin”, alors que la Belgique a demandé à l’Union européenne de prendre des mesures de boycottage violentes contre Haider.
En Grande-Bretagne, Robin Cook, chef du Foreign Office, s’est limité à proclamer que l’Autriche doit respecter les droits de l’homme. Haider a répliqué en disant qu’il défendait des idées lancées par le président Charles de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer, comme il défend l’Europe des patries. “Nous avons une spécificité autrichienne, a-t-il ajouté, et ne sommes pas une marchandise destinée à l’exportation”.
Quant à M. Thomas Klestil, président de la République autrichienne, il a dit: “Le modèle autrichien a du plomb dans l’une de ses ailes.”
Dans deux ans, Schussel fondra pour s’intégrer au parti de Haider et y être attaché. Quant à la Chambre des députés, elle sera dissoute et Haider deviendra chancelier, comme le prédit Jacques Delors. C’est une catastrophe pour l’Autriche et pour toute l’Europe.
Le chancelier autrichien, Viktor Klima, voit avec douleur la montée de l’extrême-droite, ce qui entraînera l’isolement de l’Autriche au plan international, comme il le prévoit.
Alors que l’Europe insiste pour qu’il n’y ait pas un modèle autrichien, Jorg Haider séduit des jeunes âgés de moins de trente-cinq ans, tout en sachant comment s’affranchir des craintes d’un petit Etat, ressentant en permanence la peur et la panique.
Il prétend n’avoir aucun lien avec Jean-Marie Le Pen, leader de l’extrême-droite française, mais reconnaît que Le Pen veut se rapprocher de lui.
Quoi que fasse ce “play boy” pour convaincre les gens qu’il est modéré, sa campagne contre les étrangers et ses déclarations en faveur du IIIème Reich, sont encore présentes dans toutes les mémoires. Haider joue sur les craintes émanant de la mondialisation qui a fait perdre à l’Autriche son cachet, comme la Suisse, durant la guerre froide.
Le partenaire dans la coalition gouvernementale, le conservateur Wolfgang Schussel a déclaré que le gouvernement dira “oui” à l’Europe, “oui” à la reconnaissance du passé nazi de l’Autriche et “oui” à un Etat ouvert sur les étrangers.
Mais quelqu’un peut-il y croire?
De même, le communiqué gouvernemental indique que l’Autriche accepte sa responsabilité historique dramatique au XXème siècle, comme dans les crimes sauvages du régime national-socialiste, le gouvernement s’engageant à une opération d’auto-critique du passé de ce régime.
De même, le gouvernement s’engage vis-à-vis du projet de l’Union européenne en vue d’une Europe élargie, démocratique et prospère, sans aucune condition, en vue de garantir “la non-réédition de l’étape la plus hideuse de l’Histoire de l’Autriche”.
Après cela, les deux partis ont signé, publiquement, le programme du gouvernement, sans attendre l’approbation du président Klestil comme le veulent les traditions. Haider a dit que la démocratie sera plus large et plus accueillante, le référundum devant être obligatoire, s’il est réclamé par 15% de la totalité des votants.
Haider, le leader populiste, a annoncé un nouveau système pour la privatisation et la libéralisation du secteur de l’énergie. Les deux partis se sont engagés à abolir le système du “Proporz”, c’est-à-dire le partage de tous les postes dans la vie politique entre les socio-démocrates et les conservateurs depuis la guerre.
Ils sont parvenus à une entente autour de la question de la retraite qui avait fait échouer les pourparlers entre les conservateurs et les socio-démocrates.
Après le groupe des quatorze et le parlement européen à Bruxelles, le parti de Jorg Haider est arrivé au gouvernement. Cette décision a été prise par 416 voix sur 519 votants (53 ayant été contre et 60 s’étant abstenus). Ils ont demandé au parlement d’être en garde, pour qu’au cas où il observe une violation dangereuse et persévérante aux principes de l’Union, il se doit de paralyser le droit de l’Autriche. Le texte adopté par les députés européens, n’appelle pas à des sanctions immédiates. Il existe au parlement européen une majorité de 374 voix contre 115 et 24 abstentionnistes hostiles au gel de tout contact politique avec les représentants du gouvernement autrichien, parce qu’elle considère que le parlement excède son rôle constitutionnel et que les partis autrichiens opposés à Haider refusent de voir leur pays isolé et éloigné par l’Union européenne.
Cependant, les proches de Haider disent que pour rapprocher de lui ceux qui craignent ses prises de position futuristes, il se considère comme étant le plus gentil et le plus intelligent, capable de modérer ses déclarations et ses positions, en se proclamant partisan de la ligne adoptée par l’extrême-droite de Emule De Gianfranco Fini en Italie, plutôt que de se rapprocher de la ligne de Jean-Marie Le Pen en France.
C’est, en tout cas, un pari qui sauve, en plus de l’honneur de l’Autriche, un autre honneur, celui de l’Humanité. 

Photo Melhem Karam

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