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"Les
opérations de la Résistance inciteront, en définitive,
Ehud Barak, à reprendre les négociations avec la Syrie, dont
il a provoqué la suspension en refusant de s’engager à évacuer
le Golan jusqu’à la ligne du 4 juin 1967”, soutient M. Mohamed Fneich,
député, membre du Bloc de fidélité à
la Résistance.
En ce qui concerne le volet libanais, le parlementaire sudiste pense que “rien n’est sujet à négociation entre le Liban et Israël, celle-ci devant porter sur l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité exigeant le retrait inconditionnel de “Tsahal” jusqu’aux frontières internationalement reconnues. M. Fneich estime que le seul danger pour notre pays réside dans l’implantation des réfugiés palestiniens auxquels l’Etat hébreu ne veut pas reconnaître le droit au retour à leur terre. |
De la suspension des négociations de paix sur le volet syrien,
M. Fneich en fait retomber la responsabilité sur Israël qui
continue à tergiverser pour n’avoir pas à évacuer
le Golan jusqu’à la ligne du 4 juin 1967, alors que le président
Clinton avait donné l’assurance au président Hafez Assad
que les Israéliens ont accepté de retirer leurs forces de
cette région syrienne occupée.
Puis, après avoir refusé de débattre du tracé
de la frontière syro-israélienne, Barak a soulevé
d’autres problèmes notamment ceux des eaux et des arrangements de
sécurité pour gagner du temps et laisser les pourparlers
en suspens jusqu’au début de la campagne électorale en prévision
des présidentielles américaines, dans l’espoir d’échapper
aux pressions de Washington.
LA 425 N’EST SUJETTE À AUCUN COMPROMIS
Dans le cas d’une reprise des négociations, quelle attitude
devrait adopter le Liban et où est sa place dans le processus de
paix?
Tout d’abord, nous ne renoncerons à aucun pouce du territoire
national, même si tous les régimes arabes signent la paix
avec l’Etat hébreu.
En ce qui concerne les négociations bilatérales, le Liban
n’a rien à débattre avec Israël, hormis l’application
de la résolution 425 qui exige son retrait inconditionnel jusqu’aux
frontières internationalement reconnues.
Pour ces raisons, nous ne devons pas nous hâter d’engager le
dialogue avec l’ennemi israélien, ni laisser à ce dernier
la possibilité de réaliser des acquis à nos dépens.
LE CAS DES RÉFUGIÉS PALESTINIENS
En ce qui a trait aux réfugiés palestiniens, ce sujet
doit figurer en tête des exigences libanaises. Quant aux fermes de
Chébaa et aux sept villages sudistes, ils ne peuvent ni ne doivent
faire l’objet d’aucune concession. Si Israël persiste dans son intransigeance,
la Résistance poursuivra ses opérations sur le terrain. Puis,
le Liban doit exiger des dédommagements pour l’énorme préjudice
causé par les agressions israéliennes à ses populations
civiles, sans perdre de vue le problème des eaux. Tous ces problèmes
nécessitent la préparation de dossiers et je crois que le
gouvernement a confié à un groupe d’experts le soin de les
mettre au point.
Comment évaluez-vous l’opération qualitative exécutée
par un commando de la Résistance qui s’est traduite par la mort
de Akl Hachem, NÞ2 de l’ALS?
Cette opération prouve la capacité de la Résistance
d’entreprendre des opérations spectaculaires au cœur même
de la zone occupée. De plus, elle donne aux “collaborateurs” la
preuve qu’ils ne peuvent échapper au châtiment. Une telle
opération affecte sans nul doute le moral de l’ennemi et provoquera
plus d’effondrement dans les rangs de l’ALS.
Que pensez-vous du phénomène de cheikh Soubhi Toufayli?
Quiconque a le droit de s’exprimer. Il est préférable
pour la stabilité de la société, qu’il y ait liberté
d’expression, à condition que les forces exercent leur droit d’expression
suivant les constantes nationales, sociales et constitutionnelles, sans
avoir recours à la violence pour imposer leur hégémonie.
A la lumière des convictions, la société détermine
son attitude à l’égard de ces courants. Le mouvement toufayliste
a commencé en revendiquant une présence politique. Je ne
connais pas ses orientations, ni ses intentions futures.
L’absence de développement équilibré est-elle
à l’origine de ces phénomènes?
Elle est l’une de ses causes. La misère et l’absence d’instruction
sont, évidemment, des facteurs aidant à l’émergence
de tout mouvement rebelle ou appelant à la violence. Mais il ne
suffit pas de remédier aux conséquences, nous devons refuser
toute atteinte à la sécurité intérieure et
à la paix sociale, en bannissant tout appel à la violence
et l’utilisation des armes d’une façon illégale. Nous devons
œuvrer en vue de remédier à ces phénomènes
aux conséquences graves.
LA GESTION GOUVERNEMENTALE
Comment évaluez-vous la gestion gouvernementale, beaucoup
se plaignant d’une négligence au plan socio-économique?
Nous devons évaluer l’action gouvernementale en toute objectivité.
Le plan quinquennal détermine les objectifs financiers du gouvernement,
ainsi que les moyens de remédier à la crise économique.
Le gouvernement reconnaît, aujourd’hui, les lacunes de sa gestion
en ce qui concerne le programme de redressement financier, socio-économique
et la réforme administrative. Sur le plan financier, le taux du
déficit budgétaire pour 1999, était de 42 ou 43%,
conformément aux prévisions du gouvernement qui avait déterminé
un taux de 40,3%.
Ainsi, ses prévisions concernant les recettes du Trésor
étaient justes à 90%. De même, le gouvernement considère
qu’il a réussi à freiner le gaspillage. Cependant, le problème
du développement des secteurs économiques reste à
résoudre. Le plan de redressement financier est donc un moyen pour
réactiver l’économie et hausser la croissance. Quant à
la réforme administrative, le gouvernement n’a pas pu établir
les bases sur lesquelles serait constituée une administration saine,
productive, loin de la logique des quotes-parts ou d’autres considérations.
Ceci s’explique par le manque de critères scientifiques lors des
nominations aux postes vacants pour les fonctions de la première
catégorie. Il y a eu même infraction, la proportion de ceux
qui ont été recrutés hors cadre dépassant le
seuil déterminé par la loi. En tout cas, nous souhaitons
que le gouvernement comble les lacunes. Il faut réactiver les rouages
administratifs et le règlement du problème économique
requiert une décision politique. Nous ne pouvons que louer la position
du gouvernement.
QUID DU CONFESSIONNALISME POLITIQUE?
Comment concevez-vous l’abolition du confessionnalisme politique?
Tout le monde est conscient du fait que les fanatismes confessionnels
et idéologiques ne servent que les intérêts personnels,
le système favorisant cela. Taëf a considéré
l’abolition du confessionnalisme politique comme un objectif national.
Aussi, la première Assemblée élue devait-elle procéder
à la constitution d’un organisme national chargé de son abolition.
Si nous aspirons à un système stable et moderne à
l’instar des pays évolués, nous devons changer notre système
politique. L’abolition du confessionnalisme politique est le résultat
de nos expériences vécues depuis 1943. Elle nécessite
une volonté de changement et un dialogue loin des crispations.