DÉPUTÉ DE BAABDA JEAN GHANEM:
 “ON NE PEUT ÉLABORER UNE LOI ÉLECTORALE PARFAITE AVEC UN SYSTÈME CONFESSIONNEL”

S’étant spécialisé en France, le Dr Jean Ghanem est venu à la politique 
à travers la médecine.
Sa présence à la Chambre des députés lui a permis de se rapprocher davantage des gens et de partager avec eux leurs soucis.
 

Des négociations syro-israéliennes qui ont été bloquées de nouveau après deux rounds n’ayant débouché sur aucun résultat concret, il juge malaisé leur aboutissement, étant donné l’intransigeance israélienne, en dépit des médiations et des initiatives entreprises par plusieurs émissaires américains et européens.
Il va sans dire, ajoute-t-il, que le premier rôle revient ici aux Etats-Unis, suivis de la France et de la Grande-Bretagne, autrement dit de l’Europe.

Justement, comment jugez-vous les médiations française et britannique?
L’émissaire français qui a rencontré Barak avant de gagner Damas, a affirmé aux responsables syriens que le Premier ministre israélien est sérieux dans sa détermination à évacuer le Liban-Sud et la Békaa-ouest. Cela signifie une tentative de dissocier les volets libanais et syrien et, partant, de susciter des troubles au Liban, ainsi qu’en Syrie, tout en affaiblissant la position de l’un et l’autre pays.
Quant à l’émissaire britannique, qui est un ami personnel de Barak, il a soutenu que celui-ci est résolu de se retirer du Golan, sans pouvoir le proclamer en public, en raison du courant hostile au retrait au niveau de la rue israélienne et pour ne pas compromettre sa position au plan interne.
Je voudrais ajouter que si la Syrie n’avait pas obtenu des engagements formels de la part du président Clinton et des Européens, selon lesquels Barak compte se retirer jusqu’à la ligne du 4 juin 1967, elle n’aurait pas accepter de se rasseoir à la table des négociations.

PAS DE PROPOSITIONS AMÉRICAINES CONCRÈTES
Que pensez-vous du document de travail que le président Clinton a soumis aux négociateurs syriens et israéliens à Shepherdstown?
Ce document ne comporte pas de propositions concrètes, surtout en ce qui concerne la question des frontières, bien que Damas ait insisté dès le début sur le retour d’Israël aux frontières du 4 juin 67.
De fait, la Syrie a apporté des modifications au document mentionné, en insistant sur le retrait total et à l’élimination des colonies de peuplement des hauteurs du Golan, la ligne du 4 juin 67 devant être considérée comme une frontière définitive entre les deux pays.
De plus, la partie syrienne confirme la concomitance des volets syrien et libanais, exige un règlement équitable du problème des réfugiés palestiniens, la suppression des armes nucléaires chimiques et biologiques du Proche-Orient et un partage équitable des eaux.
De même, elle admet l’installation d’une station de pré-alerte sur le mont Hermon que superviserait une force formée de contingents étrangers, des officiers de liaison syriens devant leur être attachés pendant une période de cinq ans.

Quelle a été votre analyse des incidents de Dennieh et votre position à leur égard?
Ces incidents en dépit de leur laideur, ont renforcé la confiance entre les Libanais et leur Armée, celle-ci ayant prouvé sa capacité d’assumer le rôle sécuritaire qui lui incombe.
Il y a lieu de relever la simultanéité de ces incidents avec la relance des négociations de paix sur le volet syro-israélien, ceux qui ont fomenté ces troubles étant des ennemis de la paix, pour la raison qu’elle torpille leur projet séditieux.

L’INITIATIVE PRÉSIDENTIELLE
Comment jugez-vous la nouvelle loi électorale?
Je reprends, à son sujet, ce qu’a dit le président de la République, à savoir qu’on ne peut élaborer une loi parfaite dans un système confessionnel.

Qu’auriez-vous à dire à propos du report au 12 février des élections en vue de la constitution du bureau du Conseil économique et social?
Il semble que le confessionnalisme contamine toute chose. En effet, la liste constituée laissait entrevoir l’image des quotes-parts confessionnelles.
Nous souhaitons que le Conseil économique et social soit mis à l’abri du confessionnalisme pour qu’il puisse s’acquitter comme il se doit de sa mission et atteindre les objectifs pour lesquels il a été constitué.

NOUVEAU TRACÉ DES FRONTIÈRES AU SUD?
Quels sont vos renseignements à propos d’un nouveau tracé des frontières qu’Israël tenterait d’imposer au Liban-Sud?
Il faut, tout d’abord, s’assurer de l’authenticité de ces rumeurs et, dans l’affirmative, entreprendre une action à l’échelle internationale, notamment auprès du Conseil de Sécurité qui a élaboré la résolution 425.  Quoi qu’il en soit, les échos qui nous parviennent de la zone frontalière suscitent l’inquiétude. Etant entendu que le tracé des frontières s’est opéré à deux reprises: d’abord, en 1922, suite à un accord franco-britannique; puis, en 1949 après l’accord d’armistice.
Tous les plans concernant le tracé des frontières, se trouvent auprès de la direction pour les affaires géographiques de l’Armée libanaise. Le commandement militaire de Yarzé est censé s’assurer de ce qu’accomplissent les Israéliens dans la région frontalière où ils ont éliminé, semble-t-il, les frontières lors de leur invasion de notre territoire en 1978.

Le Liban devrait-il exiger des dédommagements pour les pièces que les Israéliens auraient subtilisées dans nos sites archéologiques?
Nous devrions réclamer leur restitution, des reproductions de ces pièces ayant paru dans des revues spécialisées en Europe et en Israël, ce qui nous permet de les reconnaître.

Propos recueillis par
JOSEPH MELKANE

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