EN PRÉSENCE DE MILLIERS DE LIBANAIS
UNE MESSE SOLENNELLE À ROME CLÔTURE
LA “JOURNÉE MARONITE MONDIALE”

Dans le cadre du grand jubilé de l’an 2000 et conformément aux vœux du Saint-Père qui a souhaité que chaque Eglise et chaque communauté fassent un pèlerinage à Rome, les fils de la communauté maronite ont célébré, le mercredi 9 février, la fête de leur saint patron dans la Ville éternelle.


La basilique Sainte Marie Majeure
où le cardinal Sfeir a célébré la messe.

S.Em. le cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, a présidé la célébration de la divine liturgie, en rite syriaque-antiochien maronite dans l’une des quatre grandes basiliques de Rome, celle de Sainte Marie Majeure.
Pour la circonstance, des centaines de maronites ont effectué le pèlerinage à Rome venant du Liban et des quatre coins du globe, pour se regrouper autour de leur patriarche, père de la communauté et célébrer ensemble la Journée maronite mondiale.
Plusieurs manifestations et rencontres ont ponctué l’événement dont le couronnement fut la messe du mercredi 9 février à 17 heures.
Dès 15 heures, les fidèles commencent à affluer à la basilique de Sainte Marie Majeure, sur le modèle de laquelle a été construite la cathédrale Saint-Georges de Beyrouth. Un peu avant 17 heures, la basilique est archi-pleine et les personnes présentes dépassent le nombre de 3.500 à 4.000 fidèles. Au premier rang de l’assistance, avaient pris place le président Amine Gemayel, les ambassadeurs du Liban à Rome et au Vatican, MM. Samir Khoury et Youssef Arsanios; Pierre Hélou, président de la Ligue maronite, entouré de plusieurs membres du comité exécutif; Mansour el-Bone, député du Kesrouan; Giuseppe Cassini,  ambassadeur d’Italie à Beyrouth et des Libanais venus des deux Amériques, d’Australie, du Canada, d’Europe, du Proche-Orient et, bien sûr, de la mère-patrie.
 

La basilique Sainte Marie Majeure 

La basilique Sainte Marie Majeure 

L’importance de l’événement et le grand intérêt que lui accorde le Saint-Père est ponctué par la présence à cette célébration des cardinaux Roger Etchegarey, Carlo Furno, Achile Silvestrini et de Mgr Ré. Dix-sept archevêques venus du Liban, les abbés antonin et mariamite Simon Atallah et François Eid; le R.P. Louis Hage, vicaire général de l’Ordre libanais maronite, le patriarche Kasparian accompagnent Sa Béatitude Mgr Sfeir dans ce pèlerinage jubilaire.


S.Em. le cardinal Sfeir célébrant la messe.

Afin de permettre à tous les fidèles de participer pleinement à l’office divin, le R.P. Mansour Labaki a fait imprimer les chants liturgiques maronites en sept langues: arabe, français, anglais, espagnol, portugais, italien, latin et en arabe phonétique. Deux mille fascicules furent distribués à l’assistance. Quant à la chorale dirigée par le père Khalil Rahmé et formée de moines des Ordres antonin, baladite et mariamite, elle a merveilleusement bien servi cette grande messe solennelle et chanté de beaux cantiques.
A 17 heures, le patriarche Sfeir entre dans la nef centrale, précédé de la croix et accompagné de Mgr Emile Eid, évêque titulaire de Sarepta et procureur général du patriarcat maronite qui, d’ailleurs, a adressé l’invitation à cette grande messe jubilaire pour la Saint-Maron.
Responsable de la basilique Santa Maria Maggioré, le cardinal Carlo Furno, qui fut pendant de longues années Nonce apostolique à Beyrouth, souhaite la bienvenue au patriarche disant: “Il m’est agréable d’accueillir Sa Béatitude le patriarche Sfeir qui a choisi cette basilique pour célébrer ce jubilé”.
 

Mgr Furno, en charge de la basilique 
et ancien Nonce apostolique au Liban,
prononçant son discours.

Plusieurs archevêques maronites ont 
accompagné le cardinal Sfeir à la Cité du Vatican.

S’adressant, ensuite, aux fidèles il leur dit: “Que Dieu bénisse votre communauté, pour qu’elle soit toujours un ferment de progrès, de paix, de salut, dans sa patrie et le monde”.
La messe fut simple, émouvante et pleine de ferveur. Le père Milad Tarabay, qui suit des études musicales à Rome, a “chanté” l’évangile de sa belle voix. Les intentions furent dites en sept langues. Au moment de la Consécration, tous les prélats se sont regroupés autour du patriarche pour prononcer ensemble les paroles sacrées.  Le patriarche Sfeir évoque dans son homélie la vie de Saint-Maron qui a vécu entre 350 et 410 et “a consacré sa vie à la prière, à l’abnégation et au sacrifice”.
Il parle, ensuite, de “la relation entre l’Eglise maronite et Rome qui remonte très loin dans le temps, en dépit des difficultés de communications, autrefois. Les postulants venaient très jeunes étudier au collège maronite dont nous allons, tout à l’heure, inaugurer les nouveaux bâtiments. Il a été édifié en 1584 et a formé des générations de prêtres, d’archevêques et de patriarches, guidant le petit troupeau par la sagesse et une foi authentique. Ceci a permis aux maronites de préserver leur foi en Dieu, leur attachement au siège de Pierre et leur allégeance totale à celui qui y est assis”.
 

Des centaines de Libanais venus de la
mère-patrie et de la diaspora ont participé
à la “Journée maronite mondiale”.

Réunion des différentes ligues maronites

Le cardinal Sfeir rappelle, aussi, toute l’affection et l’intérêt que porte Sa Sainteté Jean Paul II au Liban: “Depuis que la guerre s’est déclenchée sur la terre libanaise, il ne se passait pas un mois, ni une semaine, sans que le Saint-Père évoque le drame du Liban, exhortant ceux qui disposent de la solution d’éteindre le feu pour permettre aux Libanais de vivre entre eux et dans la diversité de leur croyance religieuse dans un climat d’entente, d’amour, de coopération et de paix. Il a, également, appelé “à un synode pour le Liban”.
Le patriarche Sfeir explique les conditions pour effectuer le pèlerinage et conclut en bénissant l’assistance, exprimant l’espoir “que ce pèlerinage portera ses fruits pour tous par un renouvellement spirituel, une réconciliation fraternelle, une confiance en soi et dans le prochain, un pardon général pour tous les torts, une coopération sincère entre les citoyens.”
Le patriarche Sfeir était arrivé dans la capitale romaine le 6 février. Cette semaine passée à Rome aura été très riche et intense en contacts, rencontres et dialogues. Il a résidé chez les pères mariamites et reçu, dès le premier jour, la visite du président Amine Gemayel qui a fait le déplacement jusqu’à Rome pour participer avec les maronites à ces journées de prières.
Sa Béatitude a reçu de même des représentants des délégations venues de tous les continents pour participer à la “Journée maronite mondiale”.
Le mardi 7 février, le cardinal Sfeir a été l’hôte, à déjeuner, des pères Antonins dans leur nouveau centre, une ancienne résidence du début du siècle restaurée et entourée d’une grande propriété. Les ambassadeurs du Liban à Rome et au Vatican, ainsi que le président de la Ligue maronite et un grand nombre d’évêques y ont assisté.
Dans une allocution de bienvenue, l’abbé Simon Atallah remercie Sa Béatitude “du soutien, dit-il, que vous assurez à notre Ordre et particulièrement à notre présence antonine à Rome qui, en 2004 célèbrera son premier centenaire.
“Cette présence antonine à Rome constitue pour nous un patrimoine et un héritage qui ad intra se traduit par un bienfait et ad extra par une mission.”


Mgr Sfeir, le président Amine Gemayel et
M. Pierre Hélou au couvent des Antonins à Rome.

L’abbé Atallah poursuit: “Notre présence et notre expérience antonines à Rome est dans la ligne de la mission d’Antioche entre les Eglises en Occident et en Orient... Elle est un enrichissement pour les membres de notre Ordre appelés à accomplir la mission attendue sur les plans œcuménique et interreligieux par l’Eglise d’Antioche et, par conséquent, par l’Eglise maronite.”
Le patriarche remercie l’abbé Atallah et les pères Antonins de leur accueil et les félicite pour leur nouveau centre “qui, dit-il, permettra aux fils de cet Ordre de venir y étudier, obtenir des diplômes et rentrer au Liban afin de répandre la connaissance acquise. Telle a toujours été la vocation des moines et du clergé maronites.”
Mardi soir, veille de la fête de Saint-Maron, un grand dîner organisé par l’Ordre libanais maronite et la Ligue maronite dans un restaurant, a groupé autour du cardinal patriarche près de deux cents personnes.
Le R.P. Louis Hage, vicaire général de l’Ordre libanais maronite, a affirmé dans son mot d’accueil: “La joie de vous accueillir est mêlée à une inquiétude qui nous touche profondément avec les échos des bombardements qui détruisent les infrastructures de notre pays et laissent sombrer nos concitoyens dans l’obscurité et le désarroi. Mais nous sommes les fils de la Résurrection. Les raisons de notre espérance, comme elles l’étaient toujours, ne sont pas d’ordre politique. Elles sont fondées sur l’attachement indéfectible à notre identité, à notre foi et à notre passé. Nos ancêtres n’ont-ils pas témoigné d’enracinement, d’une identité propre, d’ouverture et d’universalité?”
Le père Hage retrace le rôle des maronites au fil du temps sur le plan culturel et conclut: “Béatitude, votre présence exceptionnelle à Rome concrétise les liens étroits qui attachent notre Eglise patriarcale au Saint-Siège...”
M. Pierre Hélou évoque, pour sa part, l’importance de cette rencontre à Rome et le dialogue fructueux qui s’est établi entre les représentants des différentes ligues maronites dans le monde, en vue d’une action plus concertée et suivie dans l’intérêt du Liban et de ses fils.
Répondant aux allocutions, le cardinal Sfeir rappelle, tout d’abord, avec humour que la tradition veut que “le patriarche est visité et ne visite pas. Mais nous sommes à Rome et l’adage dit: Quand vous êtes à Rome, faites comme les Romains. Puis, je suis entouré de deux cardinaux: Mgr Carlo Furno qui connaît fort bien le Liban, où il a été longtemps Nonce apostolique et Mgr Killy qui a visité notre pays et en est tombé amoureux.”
Mgr Sfeir poursuit: “Je suis fier de votre présence à tous, maronites venus du Liban et des pays du monde et en cette fête de la Saint-Maron, dans cette Ville sainte et ce jubilé, nous disons: Jamais plus de guerre et il ne faut plus qu’il y ait des conflits au Liban, ni entre maronites, ni entre chrétiens et Libanais. Si nous nous séparons, nous perdons notre cause et par l’union, l’entente, la coordination, nous la gagnons.”
Mercredi midi, les pères Mariamites ont offert un déjeuner en l’honneur du chef de l’Eglise maronite, en présence des cardinaux Furno, Etchegarey, Lopez et NN.SS. Ré et Jean-Louis Tauran et de dix-sept archevêques libanais. Dans son allocution, l’abbé François Eid parle de l’héritage de Saint-Maron “Que ses fils portent toujours en ce début du IIIème millénaire en tant que patrimoine de foi, de fidélité, de martyre, signe de croix, de salut et de prédilection.”
“Les maronites, ajoute-t-il, restent fidèles à cet héritage en demeurant très jalousement attachés à leur liberté, leur foi religieuse et leur universalisme culturel. Ils ont façonné le Liban pour qu’il soit un pays d’accueil et d’ouverture entre toutes les familles qui le forment.”
Pour l’abbé Eid, la géographie du Liban est tel un mystère liturgique: “La montagne est un lieu de transfiguration et de rapprochement à Dieu, la grotte un ermitage naturel, l’olivier donne l’huile du baptême, la vigne donne le vin du sacrifice et, les champs, le froment pour le pain. Ce pays est devenu un sanctuaire naturel où ils ont vécu et veulent vivre leur liberté.”
Mercredi 9 février au soir, après la messe, le patriarche a inauguré le collège pontifical maronite que préside Mgr Emile Eid, en présence du cardinal Achile Silvestrini. Ce fut, aussi, une occasion pour renouveler, en présence d’un nombre impressionnant de Libanais, les liens indéfectibles entre l’Eglise maronite et le Saint-Siège.
Jeudi 10 février, à 11 heures et pour couronner le pèlerinage et la “Journée maronite mondiale”, S.S. Jean-Paul II a accordé une audience à S.Em. le cardinal Sfeir. Le soir, l’ambassadeur du Liban au Vatican et Mme Youssef Arsanios offraient une réception en l’honneur des Libanais présents à Rome. Pour la Ligue maronite, cette semaine fut des plus fructueuses. “Nous avons réussi, affirme son président, M. Pierre Hélou, à réaliser un de nos objectifs prioritaires: réunir à Rome les principales ligues maronites dans le monde, à commencer par la Fondation maronite internationale qui vient d’être créée et est appelée à jouer un rôle très actif.”
Au cours des journées de lundi et mardi 7 et 8 février, les membres du comité exécutif de la Ligue ont tenu de longues réunions avec les délégués des ligues maronites venues des Etats-Unis, d’Australie, du Canada, du Mexique, du Brésil, d’Equateur, d’Europe, du Koweït et de Bulgarie, les débats ayant été autant animés que constructifs.
La Ligue maronite a, aussi, eu deux rencontres au Vatican avec NN.SS. Jean-Louis Tauran et Ré. Les représentants de toutes les ligues maronites ont rendu visite au cardinal Sfeir pour un entretien fructueux et rencontré le président Amine Gemayel.
Au cours de la semaine, le chef de l’Eglise maronite a participé aux travaux de la commission poste-synodale, pour rendre compte de ce qui a été fait en matière d’application de l’Exhortation apostolique au Liban.
Une semaine riche pour les maronites du Liban et du monde entier dans la Ville éternelle où, dès mardi matin 8 février, chacun était tendu vers le Liban pour avoir des nouvelles des bombardements israéliens.
Les conversations d’ordre politique sur la situation et l’avenir du Liban, les problèmes auxquels il est confronté, étaient présents à cette semaine. On parlait des prochaines législatives au point que quelqu’un a demandé: “Formez-vous des listes à partir de Rome?”
Mais quels que soient les problèmes et les difficultés que connaît le pays, le jubilé est signe d’espoir. L’abbé Simon Atallah exprime le sens de ce jubilé en ces termes: “Cette célébration présidée par le patriarche maronite à Rome est, avant tout, signe d’universalité. Il n’appartient pas à une Eglise mais à toutes les Eglises et le Saint-Père a tenu à ce que l’Eglise maronite tienne une célébration liturgique à Rome pour marquer cette universalité et l’importance de l’Eglise maronite d’Orient et de son rôle auprès de tous les peuples de la région.”

NELLY HÉLOU

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