M. Mohamed Madi.
Après l’événement “Beyrouth capitale culturelle
pour le monde arabe en 1999”, quelle priorité le ministère
de la Culture et de l’Enseignement supérieur souhaite donner à
l’action culturelle en l’an 2000?
M. Mohamed Madi, directeur général du ministère
de la Culture et de l’Enseignement supérieur, est, lui-même
écrivain, critique littéraire et poète, ayant déjà
publié plusieurs ouvrages et recueils.
“Il est vrai, aujourd’hui, dit-il, on peut considérer que le
Liban est de nouveau dans le circuit culturel international. Beyrouth a
retrouvé sa vocation de plate forme culturelle du Proche-Orient.
“Cependant, il n’y a pas de priorité, proprement dite, pour
les manifestations culturelles et artistiques pour l’an 2000. Il n’y a
pas, non plus, de calendrier programme pré-établi comme pour
1999. Les manifestations et activités seront organisées au
fur et à mesure. Cela dépendra des circonstances et, surtout,
du climat de sécurité.
Par ailleurs, un certain nombre de manifestations avaient déjà
été programmées pour cette année. Elles auront
lieu en temps et lieux prévus surtout que Beyrouth est, également,
considérée comme capitale culturelle du monde arabe pour
l’an 2000.”
Est-il prévu de consacrer un budget à l’organisation
de manifestations artistiques, de prestige, telles:
- Le Salon du printemps qui est devenu une tradition depuis environ
50 ans?
- L’organisation d’expositions d’œuvres d’artistes libanais à
l’étranger dans le cadre des échanges culturels avec les
pays occidentaux et les pays arabes.
- L’organisation d’expositions d’artistes étrangers connus au
Liban?
“Si le programme définitif des manifestations qui devront se
dérouler au cours de cette année n’est pas encore établi,
c’est parce que nous attendons de connaître le chiffre du budget,
réservé au ministère de la Culture et sa publication
dans le journal officiel.
“De toute façon, enchaîne le directeur général,
en 1999 une démarche de promotion et, en même temps, de démocratisation
de l’art, a mené à l’organisation d’un trop grand nombre
de manifestations, qui ne répondaient pas toutes aux critères
de qualité exigés, aussi préférons-nous pour
le moment, laisser le temps au public de respirer et prendre un peu de
recul pour organiser un nombre plus restreint de manifestations artistiques
et culturelles de qualité.
“Bien sûr, le ministère accorde son appui aux différents
festivals de niveau international qui sont les rendez-vous tant attendus
de la saison d’été tel le Festival de Baalbeck, ceux de Beiteddine
ou de Byblos, etc...
“Quant au “Salon du printemps”, il va être reporté à
l’automne et portera, désormais, le nom de “Salon d’Arts Plastiques
du ministère de la Culture”. Ce sera un salon mixte, comportant,
d’une part, un certain nombre d’œuvres faisant partie de la collection
du ministère et qui seront chaque année renouvelées,
(puisque nous avons entrepris de restaurer toutes les œuvres qui ont été
détériorées et endommagées durant les années
de guerre ) aux côtés d’un certain nombre d’œuvres d’artistes
connus et celles de jeunes talents.
“Peut-être, pourrons-nous l’année prochaine organiser
la Première Biennale de Beyrouth avec la participation des pays
arabes et du bassin méditerranéen, mais il faut attendre
un climat politique et sur le plan de la sécurité plus favorable.
Ceci n’empêche que le Liban est prêt à participer, officiellement,
aux Biennales organisées à l’étranger. Un budget spécial
est réservé à ce genre de manifestations.”
Et Mohamed Madi d’affirmer: “La création du Musée national
d’Art moderne devra avoir lieu à Tripoli dans la capitale du Liban-Nord.
On est toujours au stade de préparation de l’exécution en
collaboration avec l’Unesco. C’est sur un vaste terrain, offert par la
famille Karamé, que sera construit ce musée suivant les critères
les plus modernes. Evidemment, dans un second temps, il est prévu
de construire un musée à Beyrouth, mais le lieu et le terrain
ne sont pas encore trouvés.”
Il apparaît au plus haut niveau que les diverses formations universitaires
relevant du domaine des Beaux-Arts: les Arts plastiques, décoratifs,
graphiques, publicitaires, appliqués, audiovisuels et cinématographiques...
sont devenues, aujourd’hui des plus productives par rapport au marché
du travail et contribuent largement à la promotion économique
des pays développés ou en voie de développement. Or,
au Liban, les étudiants qui se spécialisent dans ces divers
domaines ne bénéficient plus du régime général
des bourses de l’enseignement supérieur, pourquoi?
Le directeur général de répondre: “C’est bien
simple, c’est un problème de restriction de budget qui ne nous permet
plus, du moins pour le moment, l’octroi de bourses universitaires, que
ce soit pour les spécialisations dans les domaines des Beaux-Arts
ou pour tous les autres domaines, en général. Par contre,
nous avons reçu des bourses, de spécialisations universitaires
et post-universitaires, octroyées par certains pays étrangers
tels: le Mexique, l’Inde, la Chine, le Canada, Cuba... Les étudiants
désireux de bénéficier de ces bourses peuvent présenter
un dossier au ministère de la Culture et de l’Enseignement supérieur.
Leur candidature sera retenue suivant la qualité de leur dossier.”
Avant de conclure, Mohamed Madi affirme: “Le Liban est l’un des pays
les plus riches en matière culturelle et cette richesse, due aux
esprits créatifs de ses citoyens, lui assure une ouverture à
toutes les cultures du monde.”