Le Pouvoir et le gouvernement s’activent dans toutes les directions
et à tous les niveaux, à l’effet de rechercher la solution
requise pour l’étape actuelle. A cette occasion, le président
Lahoud a réaffirmé l’attachement du Liban aux arrangements
mentionnés et au droit de la Résistance de poursuivre ses
opérations anti-israéliennes, jusqu’à la libération
complète du Sud et de la Békaa-ouest.
Dans cet ordre d’idées, il importe de souligner le revirement
survenu dans la position américaine. De fait, après avoir
fait assumer au “Hezbollah” la responsabilité des derniers raids
sur nos sous-stations électriques, Washington a reconnu la violation
par Israël des arrangements d’avril, en ayant pris pour cible des
objectifs civils M. David Satterfield, ambassadeur US, a assuré
à l’issue d’entrevues qu’il a eues avec les présidents de
la République, de l’Assemblée et du Conseil, que son pays
s’employait à réactiver le comité de surveillance
de la trêve, boycotté par l’Etat hébreu et, aussi,
à relancer les négociations sur le volet syrien, partant
de sa conviction que “rien ne peut être fait si le processus de paix
continuait à être bloqué”.
Le président Nabih Berri a dit au diplomate américain
que les Etats-Unis n’avaient pas déployé des efforts suffisants
pour prévenir les raids israéliens sur nos centrales électriques.
De plus, il a affirmé que les agressions israéliennes ne
pouvaient arrêter l’action de la Résistance, si le processus
de paix était dans l’impasse. Les milieux politiques ont vanté
l’action autant rapide que ferme entreprise par le chef du Législatif
après les récents raids israéliens. En effet, le président
Berri a adressé des messages aux présidents des parlements
arabes et islamiques, ainsi qu’aux présidents des Fédérations
parlementaires mondiales, des parlements européen, francophone et
aux parlementaires d’origine libanaise siégeant dans les assemblées
législatives de dix-sept pays. Et ce, dans une tentative de mobiliser
l’opinion internationale et de l’amener à dénoncer les agressions
israéliennes contre le Liban, tout en exerçant des pressions
sur l’Etat hébreu pour le contraindre d’appliquer les résolutions
internationales - la 425 notamment - relatives au Liban-Sud.
Le président Berri a décidé, d’autre part, de
diriger personnellement, la délégation libanaise au congrès
des parlementaires arabes qui doit tenir ses assises à Alger le
19 février et de présider la session de l’Union des parlementaires
islamiques qui se tiendra à Téhéran le 28 de ce mois.
Par ailleurs, le président de la Chambre a demandé au
“comité du 14 mars” d’agir rapidement, aux fins de condamner l’agression
israélienne et de dévoiler les objectifs et visées
d’Israël.
Quant à la venue précipitée du nouvel ambassadeur
de France à Beyrouth, elle a sa signification, d’autant que M. Lecourtier
est arrivé au lendemain des raids israéliens en sa double
qualité d’ambassadeur de France et d’émissaire du président
Chirac, pour transmettre au président Lahoud un message personnel
du chef de l’Etat français, en rapport avec la nouvelle agression
israélienne. Il y réaffirme l’appui et la solidarité
de la France, en vue de l’instauration d’une paix juste et globale au P.-O.
répondant aux aspirations des Libanais et ne se faisant pas à
leurs dépens.
Le président Lahoud a remercié le président Chirac
de ses prises de position en faveur de notre pays et du rôle dont
elle s’acquitte à travers le comité de surveillance de la
trêve issu des arrangements d’avril 96. Ce que M. Hubert Vedrine,
chef du Quai d’Orsay, avait explicité à la faveur d’une communication
téléphonique avec le président Salim Hoss.
Le chef du gouvernement devait adresser un message de remerciements
à son homologue français, suite aux efforts déployés
par M. Lionel Jospin à l’effet d’atténuer la tension et de
prévenir de nouveaux raids sur nos infrastructures.
Le président Hoss a été informé, dans le
même temps, de la décision prise par l’Association arabe de
lutte contre la discrimination, d’organiser une manifestation devant l’ambassade
d’Israël à Washington, en plus de la marche organisée
par l’Institut arabe de Detroit (USA), en signe de protestation contre
les agressions israéliennes.
La situation dans la région frontalière a connu un regain
de tension, suite au retrait des délégués israéliens
de la réunion du comité de surveillance de la trêve,
à la suite d’une nouvelle attaque déclenchée par le
“Hezbollah” contre les positions de “Tsahal” en territoire libanais faisant
un tué parmi les soldats israéliens.
Le retrait des délégués de l’Etat hébreu
dudit comité, a été accompagné d’une nouvelle
déclaration de Ehud Barak par laquelle le Premier ministre israélien
menaçait “de frapper de nouveau”, tout en insinuant que “les arrangements
d’avril étaient devenus caducs et sans utilité”.
Le président Hoss a, aussitôt, conféré avec
les chefs des missions diplomatiques arabes accrédités au
Liban autour des conséquences des raids israéliens et pour
demander leur aide en vue de réparer les dégâts causés
aux sous-stations électriques de Jamhour, Baalbeck et Deir Nbouh.
A ce propos, M. David Satterfield, ambassadeur des Etats-Unis, a assuré
que son gouvernement n’avait pas été notifié de quelques
modifications qui seraient apportées aux arrangements d’avril et
que, de toute façon, Washington s’employait à réactiver
le comité de surveillance de la trêve, en pressant Israël
d’y reprendre sa place et, aussi, à déblayer le terrain des
embûches qui retardent la reprise des négociations sur le
volet syrien.
Cela dit, il va sans dire que la situation au Liban-Sud restera inquiétante,
voire explosive, tant que les pourparlers ne sont pas repris entre Damas
et Tel-Aviv. Les observateurs estiment que la marge de manœuvre d’Israël
se rétrécit chaque jour davantage, en ce sens que ses manœuvres
et ses pressions sur le terrain n’ont aucune chance de dissocier les volets
libanais et syrien des négociations.
De toute manière, les soucis d’ordre régional n’ont pas
détourné l’attention des gouvernants des problèmes
qui se posent au plan interne, notamment de l’action menée par les
opposants aux fins d’entraver la réforme administrative.
Cette action s’est concrétisée par la pétition
établie par le président Rafic Hariri, au bas de laquelle
il a recueilli les signatures des membres de son bloc parlementaire et
de celui de M. Walid Joumblatt, réclamant de déférer
devant la Haute Cour de justice les anciens ministres et les députés
impliqués dans des affaires de corruption, d’abus de pouvoir ou
de gaspillage des deniers publics, au lieu de les faire comparaître
devant les juridictions ordinaires.
Il nous revient, à ce propos, que la présidence de la
Chambre s’est abstenue d’enregistrer cette pétition portant vingt-six
signatures, après avoir appris que Damas ne voyait pas d’un bon
œil une telle démarche et a exigé de ses auteurs d’y renoncer.
Sur un autre plan, le Parquet a opposé une fin de non-recevoir
à la requête par laquelle M. Fouad Sanioura, ancien ministre
des Finances, conteste la compétence de la juridiction chargée
de le juger. M. Sanioura devait comparaître pour la troisième
fois le 23 février devant le magistrat instructeur à qui
est confié le dossier relatif à l’incinérateur de
Bourj Hammoud, dans lequel est, également, impliqué M. Habib
Hakim, député du Metn.
Pendant ce temps, la machine électorale de M. Rafic Hariri a
commencé à préparer les emplacements où se
tiendront les meetings électoraux, en prévision des législatives
du mois d’août, tout en propageant des rumeurs malveillantes destinées
à discréditer le chef du gouvernement auprès de l’opinion
publique et, surtout, de l’électorat beyrouthin...