EN DÉPIT DE LA CONJONCTURE RÉGIONALE
LES LÉGISLATIVES NE SONT NULLEMENT OCCULTÉES

En dépit du calme tout relatif, le souci sudiste reste en tête des préoccupations officielles, à l’ombre des manœuvres et tergiversations israéliennes tendant à modifier certaines clauses des arrangements d’avril 96, sans perdre de vue la vague de réprobation à laquelle Ehud Barak fait actuellement face, suscitée par les Israéliens hostiles au maintien de “Tsahal” sur notre territoire.

Le Pouvoir et le gouvernement s’activent dans toutes les directions et à tous les niveaux, à l’effet de rechercher la solution requise pour l’étape actuelle. A cette occasion, le président Lahoud a réaffirmé l’attachement du Liban aux arrangements mentionnés et au droit de la Résistance de poursuivre ses opérations anti-israéliennes, jusqu’à la libération complète du Sud et de la Békaa-ouest.
Dans cet ordre d’idées, il importe de souligner le revirement survenu dans la position américaine. De fait, après avoir fait assumer au “Hezbollah” la responsabilité des derniers raids sur nos sous-stations électriques, Washington a reconnu la violation par Israël des arrangements d’avril, en ayant pris pour cible des objectifs civils M. David Satterfield, ambassadeur US, a assuré à l’issue d’entrevues qu’il a eues avec les présidents de la République, de l’Assemblée et du Conseil, que son pays s’employait à réactiver le comité de surveillance de la trêve, boycotté par l’Etat hébreu et, aussi, à relancer les négociations sur le volet syrien, partant de sa conviction que “rien ne peut être fait si le processus de paix continuait à être bloqué”.
Le président Nabih Berri a dit au diplomate américain que les Etats-Unis n’avaient pas déployé des efforts suffisants pour prévenir les raids israéliens sur nos centrales électriques. De plus, il a affirmé que les agressions israéliennes ne pouvaient arrêter l’action de la Résistance, si le processus de paix était dans l’impasse. Les milieux politiques ont vanté l’action autant rapide que ferme entreprise par le chef du Législatif après les récents raids israéliens. En effet, le président Berri a adressé des messages aux présidents des parlements arabes et islamiques, ainsi qu’aux présidents des Fédérations parlementaires mondiales, des parlements européen, francophone et aux parlementaires d’origine libanaise siégeant dans les assemblées législatives de dix-sept pays. Et ce, dans une tentative de mobiliser l’opinion internationale et de l’amener à dénoncer les agressions israéliennes contre le Liban, tout en exerçant des pressions sur l’Etat hébreu pour le contraindre d’appliquer les résolutions internationales - la 425 notamment - relatives au Liban-Sud.
Le président Berri a décidé, d’autre part, de diriger personnellement, la délégation libanaise au congrès des parlementaires arabes qui doit tenir ses assises à Alger le 19 février et de présider la session de l’Union des parlementaires islamiques qui se tiendra à Téhéran le 28 de ce mois.
Par ailleurs, le président de la Chambre a demandé au “comité du 14 mars” d’agir rapidement, aux fins de condamner l’agression israélienne et de dévoiler les objectifs et visées d’Israël.
Quant à la venue précipitée du nouvel ambassadeur de France à Beyrouth, elle a sa signification, d’autant que M. Lecourtier est arrivé au lendemain des raids israéliens en sa double qualité d’ambassadeur de France et d’émissaire du président Chirac, pour transmettre au président Lahoud un message personnel du chef de l’Etat français, en rapport avec la nouvelle agression israélienne. Il y réaffirme l’appui et la solidarité de la France, en vue de l’instauration d’une paix juste et globale au P.-O. répondant aux aspirations des Libanais et ne se faisant pas à leurs dépens.
Le président Lahoud a remercié le président Chirac de ses prises de position en faveur de notre pays et du rôle dont elle s’acquitte à travers le comité de surveillance de la trêve issu des arrangements d’avril 96. Ce que M. Hubert Vedrine, chef du Quai d’Orsay, avait explicité à la faveur d’une communication téléphonique avec le président Salim Hoss.
Le chef du gouvernement devait adresser un message de remerciements à son homologue français, suite aux efforts déployés par M. Lionel Jospin à l’effet d’atténuer la tension et de prévenir de nouveaux raids sur nos infrastructures.
Le président Hoss a été informé, dans le même temps, de la décision prise par l’Association arabe de lutte contre la discrimination, d’organiser une manifestation devant l’ambassade d’Israël à Washington, en plus de la marche organisée par l’Institut arabe de Detroit (USA), en signe de protestation contre les agressions israéliennes.
La situation dans la région frontalière a connu un regain de tension, suite au retrait des délégués israéliens de la réunion du comité de surveillance de la trêve, à la suite d’une nouvelle attaque déclenchée par le “Hezbollah” contre les positions de “Tsahal” en territoire libanais faisant un tué parmi les soldats israéliens.
Le retrait des délégués de l’Etat hébreu dudit comité, a été accompagné d’une nouvelle déclaration de Ehud Barak par laquelle le Premier ministre israélien menaçait “de frapper de nouveau”, tout en insinuant que “les arrangements d’avril étaient devenus caducs et sans utilité”.
Le président Hoss a, aussitôt, conféré avec les chefs des missions diplomatiques arabes accrédités au Liban autour des conséquences des raids israéliens et pour demander leur aide en vue de réparer les dégâts causés aux sous-stations électriques de Jamhour, Baalbeck et Deir Nbouh.
A ce propos, M. David Satterfield, ambassadeur des Etats-Unis, a assuré que son gouvernement n’avait pas été notifié de quelques modifications qui seraient apportées aux arrangements d’avril et que, de toute façon, Washington s’employait à réactiver le comité de surveillance de la trêve, en pressant Israël d’y reprendre sa place et, aussi, à déblayer le terrain des embûches qui retardent la reprise des négociations sur le volet syrien.
Cela dit, il va sans dire que la situation au Liban-Sud restera inquiétante, voire explosive, tant que les pourparlers ne sont pas repris entre Damas et Tel-Aviv. Les observateurs estiment que la marge de manœuvre d’Israël se rétrécit chaque jour davantage, en ce sens que ses manœuvres et ses pressions sur le terrain n’ont aucune chance de dissocier les volets libanais et syrien des négociations.
De toute manière, les soucis d’ordre régional n’ont pas détourné l’attention des gouvernants des problèmes qui se posent au plan interne, notamment de l’action menée par les opposants aux fins d’entraver la réforme administrative.
Cette action s’est concrétisée par la pétition établie par le président Rafic Hariri, au bas de laquelle il a recueilli les signatures des membres de son bloc parlementaire et de celui de M. Walid Joumblatt, réclamant de déférer devant la Haute Cour de justice les anciens ministres et les députés impliqués dans des affaires de corruption, d’abus de pouvoir ou de gaspillage des deniers publics, au lieu de les faire comparaître devant les juridictions ordinaires.
Il nous revient, à ce propos, que la présidence de la Chambre s’est abstenue d’enregistrer cette pétition portant vingt-six signatures, après avoir appris que Damas ne voyait pas d’un bon œil une telle démarche et a exigé de ses auteurs d’y renoncer.
Sur un autre plan, le Parquet a opposé une fin de non-recevoir à la requête par laquelle M. Fouad Sanioura, ancien ministre des Finances, conteste la compétence de la juridiction chargée de le juger. M. Sanioura devait comparaître pour la troisième fois le 23 février devant le magistrat instructeur à qui est confié le dossier relatif à l’incinérateur de Bourj Hammoud, dans lequel est, également, impliqué M. Habib Hakim, député du Metn.
Pendant ce temps, la machine électorale de M. Rafic Hariri a commencé à préparer les emplacements où se tiendront les meetings électoraux, en prévision des législatives du mois d’août, tout en propageant des rumeurs malveillantes destinées à discréditer le chef du gouvernement auprès de l’opinion publique et, surtout, de l’électorat beyrouthin...

NADIM EL-HACHEM

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