AU TERME DE QUATRE ANNÉES DE RESTAURATION TOTALE
NOUVELLE CONSÉCRATION DE LA CATHÉDRALE
SAINT-GEORGES DES MARONITES, LE LUNDI DE PÂQUES

Ce sera un jour de renouveau, de purification pour ce lieu historique de culte, après 116 ans d’existence et sa vocation confirmée d’être “la mère de toutes les églises du diocèse de Beyrouth”.
On ne peut pas dire qu’elle renaît de ses cendres... mais presque. Sévèrement endommagée, incendiée et profanée durant les douloureuses années de guerre, aujourd’hui entièrement restaurée, la cathédrale Saint-Georges des maronites, Place des Martyrs, sera consacrée par le cardinal Sfeir au cours d’une messe solennelle qui sera célébrée le lundi de Pâques, 24 avril à 17 heures, en présence des patriarches d’Orient, du Légat du Pape, du cardinal de Paris Mgr Lustiger, des évêques de toutes les communautés du Liban et de la grande foule des fidèles.
 

La cathédale Saint-Georges en 1920.

 

VICTIME DE LA GUERRE
Edifiée en une dizaine d’années, de 1884 à 1894, selon les plans de l’architecte italien Giuseppe Maggiore, cette cathédrale métropolitaine est une réplique de la basilique Sainte-Marie Majeure de Rome, principalement dans sa façade, sa conception architecturale en forme de croix et son plafond en caissons. Elle a été consacrée par Mgr Youssef Debs en 1894 et restaurée une première fois en 1953 avec des modifications importantes (transept coupé et arcades latérales ajoutées). Elle a abrité les hauts faits de notre vie nationale avant de connaître la tourmente des années sombres. Tout au long des deux décennies de guerre, ce site privilégié, cible facile des artilleurs, a été à diverses reprises bombardé; puis; occupé, saccagé, pillé et incendié. La cathédrale a dû subir plusieurs réparations lors des périodes de rémission, successivement, en novembre 1976, mars 1977, juillet 78, en 1981 et 82 avant d’être totalement emmurée en 1991 et recevoir ensuite une toiture métallique, puisque tout le toit s’était effondré et il ne restait que quatre murs debout.
Aujourd’hui, sur ce vaste chantier où tout le monde s’active comme dans une ruche laborieuse, c’est une véritable course contre la montre qui est engagée afin que la cathédrale soit prête pour la fête de Pâques. Les équipes de travail sont à l’œuvre 24 heures sur 24, pour que tout soit terminé dans les délais, la cathédrale Saint-Georges figurant dans le calendrier des célébrations de l’année jubilaire 2000.
 

La façade principale et le porche restaurés.
 

Sérieusement endommagée durant 
la guerre, la cathédrale Saint-Georges 
fait peau neuveau cœur de la cité.

PLUS DE CINQ MILLIONS DE DOLLARS
Selon les indications communiquées par l’archiprêtre de la cathédrale, Mgr Louis Hélou qui a pris en 1978 la relève de Mgr Jean Maroun (tragiquement disparu au début des événements), le coût global de la nouvelle restauration serait de l’ordre de 5 millions de dollars. Pour mener à bonne fin cette vaste rénovation, deux comités ont été constitués: un comité de patronage présidé par l’ancien ministre Michel Eddé chargé de susciter des donations et de collecter des fonds; et un comité technique présidé par l’ancien ministre cheikh Pierre el-Khoury. Il est formé de deux architectes (Pierre el-Khoury et Khalil Nader), deux ingénieurs civils (Georges Maroun et Antoine Salamé), deux ingénieurs-entrepreneurs (Maroun Hélou et Georges Ghossoub). Les travaux sont exécutés par l’entreprise Alfred Matta et Jacques Matta.
 

Entièrement restaurée, la cathédrale 
Saint-Georges va de nouveau recevoir, 
au centre-ville, des fidèles de tout le Liban.

Caisson à dorures, un des éléments 
du plafond.

Dans le strict respect du style Renaissance de l’époque, la nouvelle cathédrale retrouve sa forme initiale en croix: transept reconstitué dans son intégralité avec relèvement des fenêtres. La nef centrale est surmontée d’un plafond de caissons à dorures en double cadre, en bois, revêtus de feuilles d’or sur fond beige. Les murs sont ornés d’un revêtement en stuc et marbre. Du marbre italien aussi en guise de revêtement du sol. Quant au maître-autel en marbre massif, il sera surmonté d’un baldaquin style d’époque aux colonnes torsadées. Le fond de l’abside, derrière l’autel principal et des absidioles, est recouvert d’une boiserie à rainures travaillée main par le maître menuisier Georges Hatem, avec au centre une croix carrée. Derrière l’autel, au fond du chœur, sera installé le fauteuil du Pape, utilisé lors de sa visite au Liban. Les murs des deux autels latéraux vont recevoir deux fresques: l’une ancienne représentant la Sainte-Vierge et les trois Bienheureux frères Massabki; l’autre, le Christ entouré des trois saints maronites: Charbel, Hardini et Rafca. Une nouveauté sera réalisée dans une étape ultérieure: toutes les fenêtres seront décorées de vitraux; un concours international a été lancé à cette fin. Le porche et les façades sont en pierre “ramlé” et “furni” avec du marbre pour les colonnettes, ainsi que pour les cadres et montures des portes et fenêtres. Quatre cloches (en remplacement de celles dérobées) de diverses dimensions avec un poids spécifique selon les tonalités recherchées, seront installées dont la plus grande pèsera non moins de 900 kg. Elles seront dédiées à St Maron, St Charbel, Ste Marina de Tyr et Sœur Rafca.
 

Ce qui restait de la cathédrale 
Saint-Georges après la guerre.

L’impressionnante voûte d’un autel latéral.

DES FIDÈLES DE TOUT LE LIBAN
Dans la vaste crypte (actuellement occupée par la direction des Antiquités) seront aménagés un “musée maronite”, un auditorium (pour les activités socio-culturelles) et des ateliers d’artisans. Quant au presbytère complètement rasé, il sera reconstruit ultérieurement.
Entièrement climatisée, pouvant recevoir jusqu’à 800 personnes assises et plus d’un millier debout, la cathédrale avec son esplanade forment un ensemble imposant de 3.237 mètres carrés. Aujourd’hui, entièrement rénovée, elle demeurera au cœur de la capitale le siège de l’archevêque de Beyrouth et le sanctuaire des fidèles de tout le Liban.

JEAN DIAB

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