![]() La cathédale Saint-Georges en 1920. |
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VICTIME DE LA GUERRE
Edifiée en une dizaine d’années, de 1884 à 1894,
selon les plans de l’architecte italien Giuseppe Maggiore, cette cathédrale
métropolitaine est une réplique de la basilique Sainte-Marie
Majeure de Rome, principalement dans sa façade, sa conception architecturale
en forme de croix et son plafond en caissons. Elle a été
consacrée par Mgr Youssef Debs en 1894 et restaurée une première
fois en 1953 avec des modifications importantes (transept coupé
et arcades latérales ajoutées). Elle a abrité les
hauts faits de notre vie nationale avant de connaître la tourmente
des années sombres. Tout au long des deux décennies de guerre,
ce site privilégié, cible facile des artilleurs, a été
à diverses reprises bombardé; puis; occupé, saccagé,
pillé et incendié. La cathédrale a dû subir
plusieurs réparations lors des périodes de rémission,
successivement, en novembre 1976, mars 1977, juillet 78, en 1981 et 82
avant d’être totalement emmurée en 1991 et recevoir ensuite
une toiture métallique, puisque tout le toit s’était effondré
et il ne restait que quatre murs debout.
Aujourd’hui, sur ce vaste chantier où tout le monde s’active
comme dans une ruche laborieuse, c’est une véritable course contre
la montre qui est engagée afin que la cathédrale soit prête
pour la fête de Pâques. Les équipes de travail sont
à l’œuvre 24 heures sur 24, pour que tout soit terminé dans
les délais, la cathédrale Saint-Georges figurant dans le
calendrier des célébrations de l’année jubilaire 2000.
![]() La façade principale et le porche restaurés. |
![]() Sérieusement endommagée durant la guerre, la cathédrale Saint-Georges fait peau neuveau cœur de la cité. |
PLUS DE CINQ MILLIONS DE DOLLARS
Selon les indications communiquées par l’archiprêtre de
la cathédrale, Mgr Louis Hélou qui a pris en 1978 la relève
de Mgr Jean Maroun (tragiquement disparu au début des événements),
le coût global de la nouvelle restauration serait de l’ordre de 5
millions de dollars. Pour mener à bonne fin cette vaste rénovation,
deux comités ont été constitués: un comité
de patronage présidé par l’ancien ministre Michel Eddé
chargé de susciter des donations et de collecter des fonds; et un
comité technique présidé par l’ancien ministre cheikh
Pierre el-Khoury. Il est formé de deux architectes (Pierre el-Khoury
et Khalil Nader), deux ingénieurs civils (Georges Maroun et Antoine
Salamé), deux ingénieurs-entrepreneurs (Maroun Hélou
et Georges Ghossoub). Les travaux sont exécutés par l’entreprise
Alfred Matta et Jacques Matta.
![]() Entièrement restaurée, la cathédrale Saint-Georges va de nouveau recevoir, au centre-ville, des fidèles de tout le Liban. |
![]() Caisson à dorures, un des éléments du plafond. |
Dans le strict respect du style Renaissance de l’époque, la nouvelle
cathédrale retrouve sa forme initiale en croix: transept reconstitué
dans son intégralité avec relèvement des fenêtres.
La nef centrale est surmontée d’un plafond de caissons à
dorures en double cadre, en bois, revêtus de feuilles d’or sur fond
beige. Les murs sont ornés d’un revêtement en stuc et marbre.
Du marbre italien aussi en guise de revêtement du sol. Quant au maître-autel
en marbre massif, il sera surmonté d’un baldaquin style d’époque
aux colonnes torsadées. Le fond de l’abside, derrière l’autel
principal et des absidioles, est recouvert d’une boiserie à rainures
travaillée main par le maître menuisier Georges Hatem, avec
au centre une croix carrée. Derrière l’autel, au fond du
chœur, sera installé le fauteuil du Pape, utilisé lors de
sa visite au Liban. Les murs des deux autels latéraux vont recevoir
deux fresques: l’une ancienne représentant la Sainte-Vierge et les
trois Bienheureux frères Massabki; l’autre, le Christ entouré
des trois saints maronites: Charbel, Hardini et Rafca. Une nouveauté
sera réalisée dans une étape ultérieure: toutes
les fenêtres seront décorées de vitraux; un concours
international a été lancé à cette fin. Le porche
et les façades sont en pierre “ramlé” et “furni” avec du
marbre pour les colonnettes, ainsi que pour les cadres et montures des
portes et fenêtres. Quatre cloches (en remplacement de celles dérobées)
de diverses dimensions avec un poids spécifique selon les tonalités
recherchées, seront installées dont la plus grande pèsera
non moins de 900 kg. Elles seront dédiées à St Maron,
St Charbel, Ste Marina de Tyr et Sœur Rafca.
![]() Ce qui restait de la cathédrale Saint-Georges après la guerre. |
![]() L’impressionnante voûte d’un autel latéral. |
DES FIDÈLES DE TOUT LE LIBAN
Dans la vaste crypte (actuellement occupée par la direction
des Antiquités) seront aménagés un “musée maronite”,
un auditorium (pour les activités socio-culturelles) et des ateliers
d’artisans. Quant au presbytère complètement rasé,
il sera reconstruit ultérieurement.
Entièrement climatisée, pouvant recevoir jusqu’à
800 personnes assises et plus d’un millier debout, la cathédrale
avec son esplanade forment un ensemble imposant de 3.237 mètres
carrés. Aujourd’hui, entièrement rénovée, elle
demeurera au cœur de la capitale le siège de l’archevêque
de Beyrouth et le sanctuaire des fidèles de tout le Liban.