DÉPUTÉ DE BAABDA PIERRE DACCACHE:
“NOUS DEVONS ÊTRE RÉALISTES AVEC LA LOI ÉLECTORALE CAR RIEN N’Y PEUT ÊTRE CHANGÉ”
Venu à la politique à travers la médecine, le Dr Pierre Daccache s’est taillé une place de choix sous l’hémicycle où il s’est fait une réputation d’homme sérieux et objectif ayant le souci de la chose publique.
Le député de Baabda se réjouit de la prise de position ferme adoptée par le chef de l’Etat à la suite des raids israéliens ayant détruit trois de nos sous-centrales électriques, disant que le président Lahoud a traduit la volonté des citoyens.
Il se réjouit, également, de la décision prise par la Ligue arabe de tenir à Beyrouth la prochaine session du conseil politique au niveau des ministres des Affaires étrangères.
 

Il qualifie de “responsable” la prise de position présidentielle qui, en condamnant les agressions israéliennes, a traduit la volonté des citoyens, ce qui ne s’était pas produit depuis longtemps. Ceci ne surprend pas de la part du président Lahoud qui dirige les affaires étatiques avec autant de compétence que de courage, soucieux d’édifier l’Etat des institutions.

Comment effacer les séquelles de l’agression?
Il faut, tout d’abord, renforcer la solidarité des Libanais et les regrouper autour du président de la République; en d’autres termes, les amener à assumer ensemble la responsabilité nationale.
Ensuite, les Libanais qui en ont les moyens, sont appelés à apporter leur contribution pour remettre en état nos infrastructures.
Enfin, faire prendre conscience de ses responsabilités à la communauté internationale, en dénonçant l’agresseur devant la Cour internationale de Justice.
L’appui arabe et les déclarations des responsables des pays frères à eux seuls ne suffisent pas, bien qu’ils constituent une manifestation de solidarité dont le Liban doit pouvoir tirer profit.

VERS LA PAIX OU UN ARRANGEMENT DE SÉCURITÉ?
Après ce qui est arrivé au cours des dernières semaines, le processus de paix est-il compromis?
Je prévois la reprise des négociations entre la Syrie et Israël, prochainement. Ce qui s’est passé était prévu, voire planifié, autant que les phases des négociations de paix. Telle est la volonté internationale. Tout en admettant que celles-ci pourraient déboucher sur quelque arrangement de nature sécuritaire et non sur une paix véritable.

D’aucuns disent que le sommet arabe qui avait été prévu, il y a quelque temps, a été remplacé par la tenue à Beyrouth du Conseil de la Ligue arabe; qu’en pensez-vous?
La Ligue arabe a bien fait de transposer la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères à Beyrouth où ils pourront proclamer leur solidarité avec le Liban contre l’agresseur israélien et accorder à notre pays un soutien politique et matériel pour l’aider à effacer les séquelles des derniers raids ennemis.
Ceci constitue un message à l’Etat hébreu, pour lui signifier que le Liban n’est pas seul dans la bataille.

Comment avez-vous interprété la visite du président Hosni Moubarak à Beyrouth?
Elle a contribué à briser la solitude du Liban. De même, la réunion dans notre capitale des ministres des Affaires étrangères consolidera la position de Damas qui s’oppose à toute solution militaire au Liban-Sud.

La conférence des ministres arabes des A.E. peut-elle remplacer le sommet?
Nous accueillons favorablement toute rencontre arabe. Mais si un sommet devait se tenir et déboucher sur un échec, qui en assumerait la responsabilité? A vrai dire, les Arabes n’ont pas encore dissipé leurs divergences et unifié leurs rangs, certains d’entre eux ayant signé un traité de paix avec Israël.
Sans solidarité interarabe, le succès du sommet arabe ne peut être garanti. Puis, le Liban devrait y participer à part entière, en tant que l’un des fondateurs de la Ligue arabe.

L’ÉCHÉANCE ÉLECTORALE
Comptez-vous poser votre candidature aux prochaines législatives?
Dans l’état actuel des choses, il n’est pas recommandé de parler d’un tel sujet, la situation sur le terrain étant redevenue explosive.
Quoi qu’il en soit, l’échéance électorale approche et je suis disposé à poser ma candidature pour trois raisons: Primo, continuer à venir en aide à ce peuple qui souffre et résiste. Secundo, contribuer à faire perpétuer le système parlementaire et démocratique libre au Liban. Tertio, appuyer le président de la République dans ses prises de position foncièrement nationales.

Comment jugez-vous la nouvelle loi électorale?
Nous devons traiter avec cette loi avec réalisme et sérieux, d’autant qu’on ne peut rien y changer. Je voudrais, toutefois, formuler certains souhaits: que la neutralité de l’autorité soit assurée et je crois que cela sera garanti grâce à la présence du président Lahoud à la tête de l’Etat; que la carte électorale soit adoptée; enfin, qu’on renonce, une fois pour toutes, aux listes constituées à l’avance.
Notre plus cher espoir est que, sous ce régime, le dernier mot dans le scrutin soit laissé au peuple et à une saine pratique de la démocratie.

Propos recueillis par
JOSEPH MELKANE

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