Le président Salim Hoss a annoncé qu’il soumettra à
ses homologues arabes un document de travail sur la base duquel ceux-ci
adopteront les résolutions finales.
A ce propos, il y a lieu de signaler un problème posé
par l’intention prêtée à l’Iran de prendre part à
cette réunion, en sa qualité de président de l’Organisation
de la conférence islamique, (OCI), en même temps que l’Organisation
de l’unité africain (OUA), à titre d’observateurs.
M. Esmat Abdel-Magid, secrétaire général de la
Ligue arabe, a précisé que l’invitation avait été
adressée, non à M. Kamal Kharazi, chef de la diplomatie iranienne,
mais à M. Izzeddine Laraki, secrétaire général
de l’OCI, de nationalité marocaine.
Cependant, le Dr Mohamed el-Sadr, vice-ministre iranien des Affaires
étrangères, a déclaré au cours d’une conférence
de presse tenue mardi à Beyrouth, au terme d’une visite officielle
au Liban, qu’en sa qualité de président de l’OCI, le président
Mohamed Khatami désignera son représentant à la conférence
ministérielle de la capitale libanaise.
Quoi qu’il en soit, les observateurs écartent la possibilité
d’une crise entre la République islamique d’Iran et la Ligue arabe,
les deux parties ayant conscience de la nécessité de préserver
leur solidarité et de coopérer dans les circonstances présentes,
pour déjouer les plans et visées d’Israël. D’ailleurs,
le président Nabih Berri a annoncé le prochain échange
de visites entre les présidents Lahoud et Khatami.
QUID DU DOCUMENT DE TRAVAIL LIBANAIS?
Pour en revenir au document de travail libanais à soumettre
à la conférence ministérielle, les avis sont partagés
quant à sa teneur. D’aucuns jugent nécessaire d’y inclure
un rappel des “obligations financières” des Etats frères
envers le Liban, en vertu de décisions prises à ce propos
par les sommets arabes, en plus d’une aide destinée à réparer
les dégâts causés par les derniers raids israéliens
à nos infrastructures.
D’autres préconisent de passer sous silence ce point précis
et de laisser aux ministres arabes de le soulever dans le cadre des débats
qui seront institués autour des moyens de renforcer la solidarité
interarabe. La première position semble devoir prévaloir
en définitive.
Quoi qu’il en soit, la conférence ministérielle arabe
de Beyrouth a été, cette semaine, au centre des entretiens
des milieux officiels à tous les niveaux.
Puis, la visite de S.A. le prince héritier Abdallah d’Arabie
séoudite, a constitué une station politique prééminente
dans le cadre de la solidarité arabe dont bénéficie,
en ce moment, notre pays suite aux raids israéliens. On s’attend
que les manifestations de sympathie et de soutien se perpétuent
dans les prochaines semaines, suite à la réunion des ministres
arabes des A.E. dans nos murs.
D’après des sources fiables, les entretiens que le prince Abdallah
a eus à Damas et au Caire, ont déblayé le terrain
des obstacles qui entravent ou retardent la tenue d’un sommet arabe.
A ce sujet, les positions syrienne et séoudite se rejoignent,
les deux capitales étant d’avis qu’il importe, avant de tenir une
conférence des souverains et chefs d’Etat, d’assurer son succès
et, surtout, l’application des résolutions et recommandations qui
y seront prises, “l’étape actuelle exigeant une action et non des
paroles ou des promesses”.
Tout indique que l’on s’achemine vers la tenue d’un tel sommet, d’autant
que le fait pour la Knesset d’avoir ratifié un projet de loi prévoyant
l’organisation d’un référendum autour de l’éventuel
retrait des hauteurs du Golan, complique davantage l’opération de
paix.
Le prince Abdallah en a discuté avec ses interlocuteurs libanais
et le président Hoss l’a informé, dès son retour du
Vatican, de la teneur des entretiens qu’il a eus à Rome avec S.S.
Jean-Paul II et avec son homologue italien, M. D’Aléma.
Le chef du gouvernement est revenu satisfait de sa visite dans la capitale
italienne et de la catholicité, d’autant qu’il a obtenu le soutien
tant du Saint-Siège que du gouvernement italien à la cause
du Liban, qualifiant ses pourparlers de “positifs”.
SOUTIEN ACCRU DU ROYAUME SÉOUDITE...
A son tour, le prince héritier Abdallah a réitéré
le soutien total du royaume à notre pays, tout en se félicitant
de ce que la solidarité arabe en faveur du Liban sera couronnée
samedi lors de la conférence des ministres des A.E., dont on attend
des résolutions constructives.
Les ministres arabes proclameront leur appui à la Résistance
libanaise, la considérant comme “un droit sacré pour débouter
l’occupant israélien et le forcer à se conformer aux résolutions
de la légalité internationale, dont la 425, ainsi qu’aux
principes de Madrid, dont celui de la terre contre la paix.
Rappelons, à ce sujet, les termes du communiqué présidentiel
par lequel le chef de l’Etat a affirmé que “la visite princière
a consolidé l’immunité du Liban face à la main destructrice
d’Israël, tout en consolidant la solidarité interarabe et la
concomitance des volets syrien et libanais, en vue d’une paix juste et
globale permettant de recouvrer les droits spoliés des Arabes, dont
le droit au retour du peuple palestinien de la diaspora”.
... DE JORDANIE, D’IRAN ET D’ITALIE
La visite du prince Abdallah a été suivie de plusieurs
autres, notamment celles de M. Abdel-Ilah el-Khatib, ministre jordanien
des A.E. venu transmettre un message personnel du roi Abdallah II au président
Lahoud; de M. Mohamed el-Sadr, porteur d’un message du président
Khatami et de M. Valiante, président du parlement italien.
Dans le même temps, les milieux officiels se sont préoccupés
des retombées de la décision du Cabinet Barak, en vertu de
laquelle il s’engage à rapatrier l’armée israélienne
du Liban-Sud d’ici au mois de juillet.
Cette décision a été accueillie, comme on s’en
doute, avec scepticisme par le Liban et la Syrie, qui y détectent
une tentative israélienne de dissocier les volets libanais et syrien
pour affaiblir la position des négociateurs arabes, en cas de reprise
des négociations de paix.
Par ailleurs, le président Hoss a reçu une communication
téléphonique de M. Hubert Védrine, chef du Quai d’Orsay,
qui a réaffirmé “la constance de la position officielle française
par rapport au Liban”, tout en assurant qu’aucun changement n’est intervenu
dans cette position, de l’avis même du président Chirac et
du Premier ministre, Lionel Jospin. Cela signifie que les remous suscités
par la malencontreuse déclaration faite en Israël par le Premier
ministre français sont en voie de se tasser...
VERS LA RÉUNION DU COMITÉ DE
SURVEILLANCE?
Sur un autre plan, des nouvelles de source sûre, laissent prévoir
la reprise de ses travaux par le comité de surveillance de la trêve,
suspendus depuis le 8 février dernier. Et ce, suite à une
initiative conjointe franco-américaine, dont les représentants
au sein dudit comité ont effectué des démarches à
Damas, Beyrouth et Tel-Aviv pour relancer les réunions de cet organisme,
ainsi que l’a souligné un communiqué diffusé par l’ambassade
de France.
Dans le même temps, le président Nabih Berri a effectué
une visite sur les bords du Barada où il a eu des entretiens avec
les hauts responsables qu’il a informés des résolutions adoptées
par les conférences des parlementaires arabes et islamiques ayant
tenu leurs assises, dernièrement, à Alger et Téhéran.
De son côté, le président Hoss a échangé
les vues, par téléphone, avec M. Farouk el-Chareh, ministre
syrien des Affaires étrangères, autour des questions d’intérêt
commun ou en rapport avec le processus de paix.