LA RÉUNION MINISTÉRIELLE ARABE DE BEYROUTH...
... PRÉLUDE À UN SOMMET ÉLARGI?
Vingt Etats arabes ont donné leur accord et participeront à la session du Conseil politique de la Ligue qui tiendra ses assises les 11 et 12 mars à Beyrouth, en signe de solidarité avec le Liban, alors que les services qualifiés du palais Bustros poursuivent les préparatifs de la conférence ministérielle.

Le président Salim Hoss a annoncé qu’il soumettra à ses homologues arabes un document de travail sur la base duquel ceux-ci adopteront les résolutions finales.
A ce propos, il y a lieu de signaler un problème posé par l’intention prêtée à l’Iran de prendre part à cette réunion, en sa qualité de président de l’Organisation de la conférence islamique, (OCI), en même temps que l’Organisation de l’unité africain (OUA), à titre d’observateurs.
M. Esmat Abdel-Magid, secrétaire général de la Ligue arabe, a précisé que l’invitation avait été adressée, non à M. Kamal Kharazi, chef de la diplomatie iranienne, mais à M. Izzeddine Laraki, secrétaire général de l’OCI, de nationalité marocaine.
Cependant, le Dr Mohamed el-Sadr, vice-ministre iranien des Affaires étrangères, a déclaré au cours d’une conférence de presse tenue mardi à Beyrouth, au terme d’une visite officielle au Liban, qu’en sa qualité de président de l’OCI, le président Mohamed Khatami désignera son représentant à la conférence ministérielle de la capitale libanaise.
Quoi qu’il en soit, les observateurs écartent la possibilité d’une crise entre la République islamique d’Iran et la Ligue arabe, les deux parties ayant conscience de la nécessité de préserver leur solidarité et de coopérer dans les circonstances présentes, pour déjouer les plans et visées d’Israël. D’ailleurs, le président Nabih Berri a annoncé le prochain échange de visites entre les présidents Lahoud et Khatami.

QUID DU DOCUMENT DE TRAVAIL LIBANAIS?
Pour en revenir au document de travail libanais à soumettre à la conférence ministérielle, les avis sont partagés quant à sa teneur. D’aucuns jugent nécessaire d’y inclure un rappel des “obligations financières” des Etats frères envers le Liban, en vertu de décisions prises à ce propos par les sommets arabes, en plus d’une aide destinée à réparer les dégâts causés par les derniers raids israéliens à nos infrastructures.
D’autres préconisent de passer sous silence ce point précis et de laisser aux ministres arabes de le soulever dans le cadre des débats qui seront institués autour des moyens de renforcer la solidarité interarabe. La première position semble devoir prévaloir en définitive.
Quoi qu’il en soit, la conférence ministérielle arabe de Beyrouth a été, cette semaine, au centre des entretiens des milieux officiels à tous les niveaux.
Puis, la visite de S.A. le prince héritier Abdallah d’Arabie séoudite, a constitué une station politique prééminente dans le cadre de la solidarité arabe dont bénéficie, en ce moment, notre pays suite aux raids israéliens. On s’attend que les manifestations de sympathie et de soutien se perpétuent dans les prochaines semaines, suite à la réunion des ministres arabes des A.E. dans nos murs.
D’après des sources fiables, les entretiens que le prince Abdallah a eus à Damas et au Caire, ont déblayé le terrain des obstacles qui entravent ou retardent la tenue d’un sommet arabe.
A ce sujet, les positions syrienne et séoudite se rejoignent, les deux capitales étant d’avis qu’il importe, avant de tenir une conférence des souverains et chefs d’Etat, d’assurer son succès et, surtout, l’application des résolutions et recommandations qui y seront prises, “l’étape actuelle exigeant une action et non des paroles ou des promesses”.
Tout indique que l’on s’achemine vers la tenue d’un tel sommet, d’autant que le fait pour la Knesset d’avoir ratifié un projet de loi prévoyant l’organisation d’un référendum autour de l’éventuel retrait des hauteurs du Golan, complique davantage l’opération de paix.
Le prince Abdallah en a discuté avec ses interlocuteurs libanais et le président Hoss l’a informé, dès son retour du Vatican, de la teneur des entretiens qu’il a eus à Rome avec S.S. Jean-Paul II et avec son homologue italien, M. D’Aléma.
Le chef du gouvernement est revenu satisfait de sa visite dans la capitale italienne et de la catholicité, d’autant qu’il a obtenu le soutien tant du Saint-Siège que du gouvernement italien à la cause du Liban, qualifiant ses pourparlers de “positifs”.

SOUTIEN ACCRU DU ROYAUME SÉOUDITE...
A son tour, le prince héritier Abdallah a réitéré le soutien total du royaume à notre pays, tout en se félicitant de ce que la solidarité arabe en faveur du Liban sera couronnée samedi lors de la conférence des ministres des A.E., dont on attend des résolutions constructives.
Les ministres arabes proclameront leur appui à la Résistance libanaise, la considérant comme “un droit sacré pour débouter l’occupant israélien et le forcer à se conformer aux résolutions de la légalité internationale, dont la 425, ainsi qu’aux principes de Madrid, dont celui de la terre contre la paix.
Rappelons, à ce sujet, les termes du communiqué présidentiel par lequel le chef de l’Etat a affirmé que “la visite princière a consolidé l’immunité du Liban face à la main destructrice d’Israël, tout en consolidant la solidarité interarabe et la concomitance des volets syrien et libanais, en vue d’une paix juste et globale permettant de recouvrer les droits spoliés des Arabes, dont le droit au retour du peuple palestinien de la diaspora”.

... DE JORDANIE, D’IRAN ET D’ITALIE
La visite du prince Abdallah a été suivie de plusieurs autres, notamment celles de M. Abdel-Ilah el-Khatib, ministre jordanien des A.E. venu transmettre un message personnel du roi Abdallah II au président Lahoud; de M. Mohamed el-Sadr, porteur d’un message du président Khatami et de M. Valiante, président du parlement italien.
Dans le même temps, les milieux officiels se sont préoccupés des retombées de la décision du Cabinet Barak, en vertu de laquelle il s’engage à rapatrier l’armée israélienne du Liban-Sud d’ici au mois de juillet.
Cette décision a été accueillie, comme on s’en doute, avec scepticisme par le Liban et la Syrie, qui y détectent une tentative israélienne de dissocier les volets libanais et syrien pour affaiblir la position des négociateurs arabes, en cas de reprise des négociations de paix.
Par ailleurs, le président Hoss a reçu une communication téléphonique de M. Hubert Védrine, chef du Quai d’Orsay, qui a réaffirmé “la constance de la position officielle française par rapport au Liban”, tout en assurant qu’aucun changement n’est intervenu dans cette position, de l’avis même du président Chirac et du Premier ministre, Lionel Jospin. Cela signifie que les remous suscités par la malencontreuse déclaration faite en Israël par le Premier ministre français sont en voie de se tasser...

VERS LA RÉUNION DU COMITÉ DE SURVEILLANCE?
Sur un autre plan, des nouvelles de source sûre, laissent prévoir la reprise de ses travaux par le comité de surveillance de la trêve, suspendus depuis le 8 février dernier. Et ce, suite à une initiative conjointe franco-américaine, dont les représentants au sein dudit comité ont effectué des démarches à Damas, Beyrouth et Tel-Aviv pour relancer les réunions de cet organisme, ainsi que l’a souligné un communiqué diffusé par l’ambassade de France.
Dans le même temps, le président Nabih Berri a effectué une visite sur les bords du Barada où il a eu des entretiens avec les hauts responsables qu’il a informés des résolutions adoptées par les conférences des parlementaires arabes et islamiques ayant tenu leurs assises, dernièrement, à Alger et Téhéran.
De son côté, le président Hoss a échangé les vues, par téléphone, avec M. Farouk el-Chareh, ministre syrien des Affaires étrangères, autour des questions d’intérêt commun ou en rapport avec le processus de paix.

NADIM EL-HACHEM

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