HEUREUSEMENT QU’ILS NE SONT PAS EXPLOSIFS
Suite au commentaire publié dans cette rubrique, la semaine
dernière, sous le titre: “Même pas un cocktail Molotov”, deux
lecteurs A.S. et B.T. m’ont fait parvenir ce commentaire dont je publie
un extrait:
“Vous écrivez que les ministres libanais pris dans l’ensemble
ou en particulier ne forment “même pas un cocktail Molotov”, ce que
nous sommes ravis d’apprendre...
“Des mélanges détonants, nous en avons eu plus que notre
quote-part... Nous préférons à n’importe quel explosif,
cette sagesse, ce calme, même cette monotonie...”
Ces lecteurs ont parfaitement raison en ce qui concerne le calme, la
sagesse. Mais ce qui est voulu dans ce commentaire, c’est dénoncer
la passivité du Cabinet en exercice qui donne l’impression d’expédier
les affaires courantes plutôt que de pratiquer une politique dynamique,
active, performante. Ce qui dérange? Cette indolence. Le pouvoir
ne doit pas renoncer aux réformes. Le rôle du gouvernement
est de faire disparaître les causes du mécontentement en utilisant
toute son imagination, toute sa tenacité. Il faut un effort sincère
et avisé des responsables, où il n’y a plus de place à
la complaisance, à la compromission. Telle était mon intention.
***
LE MINISTÈRE DES FINANCES, CLÉ
DE TOUTES LES RÉFORMES
On ne gouverne pas seulement avec de bons sentiments et des idées
justes. La rapidité de l’action s’impose. La vertu d’un Etat est
souvent dans le ministère des Finances, car il possède la
clé de toutes les réformes. Or, ce ministère au Liban
est un véritable panier à crabes. Les erreurs sont humaines
et l’informatisation n’a pas arrangé les choses.
L’ordinateur est, souvent, le bouc-émissaire de nombre de malentendus.
Mais quand l’erreur est décelée, pourquoi faut-il des mois
pour la corriger?
On nous taxe de pessimisme, comme si le journaliste goûtait quelque
sombre plaisir à prédire les catastrophes et à prêcher
les pénitences.
La sévérité de ces jugements ne repose, en réalité,
que sur un profond optimisme à l’égard des moyens du Liban
et des chances qui lui sont offertes. C’est parce que nous pouvons nous
redresser en nous appuyant sur des réalités que nous dénonçons
les illusions.
Voici venu le temps où le Liban doit retrouver sa fierté
et son espérance.
Voici venu le moment où de vieux abus, de vieux privilèges,
longtemps et âprement défendus contre l’intérêt
général, doivent tomber d’un seul coup.
Il ne faut pas que le gouvernement fasse sienne la recommandation que
donne Shakespeare dans “Antoine et Cléopâtre”: “Abandonnez
ceux qui s’abandonnent eux-mêmes.” Les Libanais sont, de plus en
plus, résignés; c’est aux responsables d’agir. Les combats
en retraite ne sont pas nécessairement défaites; au gouvernement
de le prouver.
***
L’EMBALLAGE INTELLIGENT
Aux Etats-Unis et dans les pays de l’Union européenne, “l’emballage
intelligent” vient de faire une entrée fracassante sur les marchés.
De quoi s’agit-il, en fait? Une capsule bleue indique si la chaîne
du froid a été respectée. Si elle ne l’a pas été,
la capsule bleue vire au rouge. Le produit ne doit pas être consommé.
A quand l’introduction de cette capsule au Liban?
Née en 1999... mariée et lettrée!
Les tribulations des Libanais dans le domaine des “cartes d’identité”
sont dignes d’un feuilleton. Nous demandons à toutes les “victimes”
de nous faire part de leurs aventures toujours inédites.
La dernière en date? Madame Thérèse R... a besoin
de sa nouvelle carte d’identité pour renouveler son passeport. La
demande en a été faite - dans le Haut Metn - depuis plus
de deux ans. Or, cette carte ne lui a jamais été remise du
fait que la première prise d’empreintes digitales n’était
pas claire. Une autre avait dû suivre. Puis, une erreur s’est glissée
dans la date de naissance et il avait fallu la faire rectifier à...
Jounieh. Enfin, après maints coups de fil, on les informe que les
cartes de la famille sont prêtes. Monsieur Mansour R..., l’époux,
se rend donc à Jounieh pour les retirer.
Quelle n’est sa surprise de constater que la carte d’identité
de sa femme porte la date de naissance, “née le 9/9/1999”. Il refuse
de la prendre, arguant que c’était ridicule, qu’un “bébé”
de quelques mois ne peut être mariée et lettrée, puisque
la carte porte la signature de sa femme Thérèse. Le préposé
insiste, se fâche et menace. Il demande à l’époux de
prendre immédiatement possession de la carte, de signer le récipissé.
“Allez-vous plaindre auprès du ministère de l’Intérieur;
moi j’en ai marre de cette affaire...!”
Ce sont, en fait, les rôles inversés. C’est au citoyen
de se plaindre de toutes ces erreurs et, pourtant, c’est le fonctionnaire
qui en a marre!
Bien entendu, la carte d’identité ne sert à rien et la
dame est obligée pour obtenir son passeport d’obtenir un nouvel
extrait d’état-civil, un autre extrait de son casier judiciaire
(vierge), des photos certifiées par le moukhtar et le tout dûment
légalisé à... Baabda.
Quand elle arrive au bout de son calvaire, Thérèse R...
dit au préposé de la Sûreté générale
en retirant son passeport: “Quand on pense que mes deux fils ont obtenu
la citoyenneté française, à Paris en moins de deux
ans, sans embarras et que moi, jusqu’à présent, je n’ai pu
obtenir ma carte d’identité, après avoir effectué
des centaines de kilomètres...” Le responsable de la Sûreté
rétorque le plus sérieusement du monde: “Et alors! Chez nous,
il y a des étrangers qui ont obtenu la nationalité libanaise...
en quelques minutes”.
Qui dit mieux?
BOUFFÉE D’OXYGÈNE ET BAIN DE
JOUVENCE
Nous critiquons, souvent, aussi est-il juste d’applaudir la TV quand elle le mérite. L’émission d’Elie Nacouzi sur la MTV ce lundi, a été un véritable bain de jouvence, a apporté une bouffée d’oxygène dans cette atmosphère sclérosée, stéréotypée et poussiéreuse de la vie politique libanaise. Sur le plateau, des moins de 35 ans; cela fait plaisir à voir: Karim Abdallah Racy, Camille Dory Chamoun, Karim Sarkis et David Issa, candidats potentiels aux législatives 2000 analysent, sans complaisance, le contexte politique libanais avec des yeux neufs, jeunes, enthousiastes. Ce qu’ils ont dit? Trop long à présenter dans cette rubrique, mais il suffit de constater que les jeunes présentent un programme vivifiant des principes à respecter. - La fierté nationale et la volonté de défendre le Liban contre toute pression et toute menace. - La volonté délibérée d’être utile et secourable aux plus humbles, aux plus fragiles, aux plus souffrants. - La détermination de bâtir ensemble la demeure libanaise, d’où puissent rayonner les vertus de justice, d’équité, du courage, du savoir et du cœur. Que ceux qui s’inquiètent et guettent se rassurent donc: les jeunes sont décidés à prendre la relève! |