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"Israël
n’a d’autre choix que de revenir à l’arrangement d’avril 96”, soutient
M. Camille Ziadé, député du Kesrouan, avant d’ajouter:“La
solidarité arabe à l’égard du Liban constitue un message
clair adressé à l’Etat hébreu et aux Etats-Unis, qui
doivent réaliser que le Liban ne sera plus désormais seul
dans la bataille opposant les Arabes à leur ennemi commun”.
Le parlementaire kesrouanais estime que le “Cabinet des 16” a échoué dans sa gestion et dans ses promesses de changement promis. “C’est pourquoi, dit-il, le pays a besoin d’un gouvernement politique panaché de technocrates”. |
M. Ziadé met l’accent, tout d’abord, sur l’importance des visites officielles que des responsables arabes de haut rang viennent d’effectuer au Liban, dans les circonstances présentes. “Elles sont autant de messages adressés à l’Etat hébreu et aux Etats-Unis, qui doivent réaliser que notre pays ne sera plus désormais seul dans la bataille.”
L’appui arabe préviendra-t-il de nouvelles agressions israéliennes
contre le Liban?
Ces visites ont, tout au moins, consacré le droit de notre pays
à combattre l’occupation. C’est pourquoi, il faut s’attendre à
ce que les Israéliens réfléchissent par deux fois
avant de s’attaquer à nos infrastructures.
Vous attendez-vous à la reprise des réunions par le
groupe de surveillance de la trêve?
Je crois qu’Israël n’a d’autre choix que de revenir à l’arrangement
d’avril, dont est issu le groupe de surveillance, pour une double raison:
d’abord, la France et les Etats-Unis, dont les représentants en
assurent la co-présidence, y sont attachés, ainsi d’ailleurs
que le Liban et la Syrie. Ensuite, la manifestation de solidarité
arabe et mondiale à l’égard du Liban contraindra Israël
à changer d’attitude.
Il ne faut pas perdre de vue, non plus, que les pertes subies par “Tsahal”
en territoire libanais, exercent de plus en plus de pression sur la scène
intérieure israélienne. De ce fait, toute modification de
l’arrangement d’avril pourrait exposer l’armée ennemie à
plus de pertes en vies humaines et, les kibboutzim, aux frappes de la Résistance,
si notre voisin du Sud exécutait ses menaces contre notre pays.
En tout état de cause, il faut s’attendre à ce que le
président Clinton intensifie ses efforts aux fins d’instaurer la
paix au Proche-Orient, avant l’expiration de son mandat au mois de novembre.
QUID DU RETRAIT ISRAÉLIEN?
Quant au retrait des forces israéliennes, il se réalisera,
avant le 7 juillet, comme annoncé par Ehud Barak, car le Premier
ministre israélien ne peut plus faire marche arrière. Cependant,
il faut craindre que ce retrait s’effectue d’une manière unilatérale,
sans accord préalable avec le Liban et la Syrie, ce qui se répercutera,
négativement, sur l’opération de paix.
On se rappelle qu’en se retirant, unilatéralement, de la montagne
et de l’est de Saïda, Israël avait semé chez nous les
germes de la sédition dont nous avons payé très cher
le prix.
En ce qui concerne les négociations, l’occasion me paraît
propice à leur reprise, en dépit de la dernière escalade.
Pourtant, le facteur temps n’est plus en faveur du processus de paix, car
l’Administration américaine devra consacrer toute son attention
et ses efforts aux prochaines élections présidentielles aux
Etats-Unis.
Dans ce cas, il faudra attendre pour reprendre les négociations,
une nouvelle administration US avec le risque qu’elle soit plus encline
à soutenir l’Etat hébreu...
Comment évaluez-vous le rôle du gouvernement? Qu’en
est-il de la réforme administrative et êtes-vous pour un gouvernement
politique?
Nous avions émis des remarques concernant la formation de ce
gouvernement, sa représentativité et son efficacité.
Nous lui avons donné l’occasion d’agir, puisque nous croyons à
l’opposition constructive. Mais après plus d’un an, la gestion gouvernementale
laisse à désirer.
COALITIONS ÉLECTORALES
Où vous situez-vous dans les coalitions électorales,
d’autant que le Kesrouan-Ftouh et Jbeil forment une seule circonscription?
Quels sont vos alliés?
Il est prématuré de parler de coalitions. Nous sommes
encore à un stade préliminaire de vastes consultations et
je suis en contact avec tous les candidats.
Y aura-t-il une ou plusieurs listes au Kesrouan et à Jbeil
et vous attendez-vous à une participation massive des jeunes?
Les élections supposent l’existence de deux ou plusieurs listes,
ouvrant un véritable choix à l’électeur et consolidant
ainsi la démocratie par une forte participation. J’appelle les électeurs
du Kesrouan et de Jbeil, en particulier les jeunes, à participer
activement au scrutin, ces derniers ayant un rôle essentiel à
jouer car ils sont l’avenir du pays. J’étais parmi ceux qui ont
signé la proposition de loi ramenant l’âge de vote à
18 ans, mais son application est, actuellement, quasi impossible, même
si elle est votée par l’Assemblée. Ceci n’empêche pas
que la bataille électorale soit celle des jeunes, lesquels doivent
voter pour ceux qui satisfont leurs ambitions dans les domaines des libertés,
de l’environnement, du renforcement du système parlementaire et
de l’amélioration de la situation socio-économique, selon
les critères de transparence, de probité, de compétence
et de patriotisme.
INFLUENCE FAMILIALE
Les familles exercent-elles encore une influence sur le processus
électoral?
La solidarité familiale dont jouit un candidat, ainsi que ses
relations et les services qu’il a rendus, sont des critères que
l’électeur prend en considération. Mais les jeunes sont de
plus en plus éveillés, grâce à la culture démocratique
et aux médias qui couvrent l’action des hommes politiques. L’influence
des critères traditionnels diminuera, ce qui se traduira par une
meilleure représentation.
L’électeur au Kesrouan et à Jbeil prendra part aux élections
avec plus de responsabilité et votera pour des candidats connus
pour leur compétence et leur moralité, afin qu’ils œuvrent
au sein des institutions de l’Etat en vue de régler les problèmes
fondamentaux de notre société auxquels le citoyen est quotidiennement
confronté.
Que pensez-vous du projet de loi limitant les dépenses électorales?
J’approuve le principe de la règlementation des dépenses
électorales, mais non la manière proposée par le gouvernement.
D’ailleurs, je donnerai mon avis, lorsque le projet de loi sera soumis
à l’Assemblée.