Comme on peut le lire ailleurs dans le compte-rendu de la conférence des ministres arabes des Affaires étrangères, les résultats de ces assises ont été franchement positives.
De fait, les représentants des Etats membres de la Ligue réunis en présence de son secrétaire général, M. Esmat Abdel-Majid, ont proclamé leur soutien au Liban contre les agressions israéliennes; réclamé l’applica-tion de la résolution 425 du Conseil de Sécurité qui exige le retrait d’Israël jusqu’aux fron-tières libanaises internationale-ment reconnues; ont réitéré leur attachement au groupe de sur-veillance de la trêve issu des “ar-rangements d’avril”; réaffirmé le droit du peuple libanais de résister à l’occupant et le droit des réfugiés palestiniens au retour dans leur patrie; invité les pays arabes ayant établi des relations avec l’Etat hébreu de les reconsi-dérer suite aux raids ennemis contre nos infrastructures et à boycotter les négociations multilatérales jusqu’à ce que des progrès soient enregistrés au plan des bilatérales; enfin, un appui financier est promis au Liban pour l’aider à effacer les séquelles des attaques israéliennes...
Tout cela doit satisfaire les Libanais qui ont besoin, dans les circonstances présentes, d’une assistance autant morale que matérielle. Or, un sondage d’opinion organisé dimanche dernier, en même temps que M. Abdel-Majid apparaissait dans le cadre d’une rencontre télévisée sur une chaîne locale (la MTV) donnait les chiffres ci-après: 65% des personnes interrogées ont exprimé leur scepticisme quant à la concrétisation des résolutions prises par les ministres arabes, contre 35% qui se sont montrés modérément optimistes.
En bon diplomate, le secrétaire général de l’organisation pan-arabe ne s’est pas montré surpris par le résultat de ce sondage, en insinuant que bien des précédents dans ce domaine ne portent pas les Libanais à croire à tout ce qu’on leur dit ou promet.
M. Abdel-Majid a utilisé une expression qui rappelle un proverbe connu: Chat échaudé craint l’eau froide...
Cependant, il s’est voulu confiant en l’avenir, “parce que beaucoup de choses ont changé dans le monde arabe” et a demandé à notre peuple “d’avoir confiance en l’avenir”.
La méfiance et la réserve des Libanais sont, pourtant partagées, par plus d’un homme politique. Ainsi, M. Walid Joumblatt a émis l’espoir que “les promesses seront traduites d’une manière pratique”.
De son côté, M. Talal Arslan, autre leader druze a déclaré: “L’exécution des résolutions leur donnera de la crédibilité, notre expérience nous poussant à nous armer de prudence”.
Quant au vice-président du “Hezbollah”, il trouve les résolutions des ministres arabes des A.E. excellentes, tout en les qualifiant “d’incomplètes” sans expliciter pour autant le fond de sa pensée...
Cela dit et ainsi que l’a observé le secrétaire général de la Ligue, les résolutions d’une conférence ministérielle contrairement au sommet, n’ont que la force des recommandations et ne peuvent être contraignantes pour les gou-vernements des Etats membres.
Aussi, M. Abdel-Majid a-t-il proposé et obtenu l’adoption d’une motion en vertu de laquelle la charte de la Ligue - non révisée depuis cinquante cinq ans - serait amendée de façon à rendre obligatoire la rencontre des souverains et chefs d’Etat arabes une fois au moins par an, comme c’est le cas pour les dirigeants des pays membres de l’OUA et de l’Organisation du congrès islamiques.