Le
retrait israélien du Liban-Sud et de la Békaa ouest divise
la société israélienne, hostile à l’évacuation
des territoires occupés. De fait, deux plans - “Aube” et “Nouvel
horizon” - différents l’un de l’autre, suscitent une controverse
parmi les militaires et les milieux politiques en Israël, les premiers
étant opposés à un repli total et, les seconds, plaidant
en faveur d’un rapatriement des effectifs au-delà de la frontière
internationale.
La confusion persiste et semble être entretenue, sciem-ment, par
Israël autour du retrait de “Tsahal” des portions du territoire libanais
que ses effectifs occupent illégalement au Liban-Sud et dans la
Békaa-ouest.
Le Cabinet Barak a approuvé, il est vrai, le 5 mars une décision
en faveur du rapatriement des troupes d’ici à juillet - celles-ci
étant stationnées dans une zone de 850 kilomètres
carrés - dans le cadre d’un accord ou non avec le Liban et la Syrie.
Cependant, l’opinion israélienne reste comme toujours divisée
sur cette question et de toute façon les avis sont partagés
au sein du gouvernement, de la Knesset et du peuple israéliens,
celui-ci devant être appelé à trancher par voie de
référendum dont le résultat est loin d’être
garanti...
L’Etat hébreu ne parvient pas à faire l’unanimité
autour du processus de paix; preuve en est que la coalition gouvernemen-tale
a failli éclater quand Barak a reconnu la promesse de Yitzhak Rabin
de se retirer du Golan jusqu’à la ligne du 4 juin 1967.
D’après un dernier sondage, la moitié de la population
israélienne au moins refuse une paix juste et globale avec les Arabes.
Barak après ses prédécesseurs se heurte à l’opposition
et à l’hostilité des “faucons” qui rêvent encore d’Eretz
Israël, dont les limites iraient du Nil à l’Euphrate...
Ainsi, la difficulté à surmonter n’est ni à Beyrouth,
ni à Damas, mais à Tel-Aviv; la belle est bel et bien dans
le camp adverse.
Un quotidien israélien (Haaretz) a semé le trouble dans
les esprits - surtout parmi les familles des militaires qui veulent sortir
leurs fils du bourbier libanais, en raison des pertes en vies humaines
qu’elles déplorent - en annonçant un nouveau plan - “Aube”
- différent d’un autre “Nouvel horizon”. Le premier prévoierait,
selon le journal, le maintien d’un certain nombre de fortins construits
en territoire libanais, à quelques centaines de mètres de
la frontière internationale.
Un porte-parole militaire n’a pas voulu commenter la nouvelle.
Dans le même temps, “Haaretz” fait état de la réticence
de l’état-major quant à un retrait “sans accord préalable”,
car dans ce cas il faut craindre la poursuite des opérations du
“Hezbollah”, la Résistance affirmant qu’elle ne renoncera pas à
la lutte tant qu’un pouce du territoire national est occupé.
D’autre part, un responsable de l’Armée du Liban-Sud a dit que
la milice (pro-israélienne) était prête à porter
les armes pendant cent ans”, laissant entendre que sa structure militaire
resterait en place après le retrait de “Tsahal”.
Cela pourrait être un moyen de faire pression sur le gouvernement
libanais pour le décider à incorporer les éléments
de l’ALS dans l’armée libanaise. L’Etat hébreu, n’a-t-il
pas assuré qu’il ne resterait pas indifférent au sort des
quelque 2.500 miliciens qu’il arme et entraîne?
D’autant qu’une tendance se dessine au sein de “Tsahal” contre leur
accueil en Israël après le retrait de son armée du Liban,
ainsi que l’a avoué le vice-ministre israélien de la Défense... |