![]() Vue d’ensemble de la séance. |
![]() Le président Lahoud recevant le ministre omanais, M. Esmat Abdel-Magid, le prince héritier de Qatar et le président Hoss. |
Samedi 11 mars, le Grand Sérail de Beyrouth, siège de
la présidence du Conseil, a vécu un événement
exceptionnel avec la tenue au Liban de la 113ème session des ministres
arabes des A.E. Une effervescence à nulle autre pareille y a prévalu
tout au long de la journée due, certes, à l’importance de
la réunion mais, aussi, au nombre impressionnant de journalistes
qui ont envahi les lieux. Un imposant service d’ordre et de sécurité
avait été déployé dans l’enceinte du Sérail.
Le premier arrivé sera, bien entendu, le président du
Conseil, M. Salim Hoss qui est à son bureau un peu après
huit heures trente. Arrivent, ensuite, vers 10 heures, le secrétaire
général de la Ligue arabe, M. Esmat Abdel-Magid; M. Amr Moussa,
ministre égyptien des A.E.; puis, les chefs et membres des délégations.
Le prince Séoud el-Fayçal clôture le défilé
venant en droite ligne de l’AIB.
La séance est déclarée ouverte à midi et
retransmise en direct sur les chaînes de télévision
locales et, vers le monde, via les satellites.
SÉANCE INAUGURALE
M. Mohamed Saïd as-Sahhaf, ministre irakien des A.E., est le premier
à prendre la parole, pour clôturer la 112ème session
des ministres arabes des A.E. qu’il présidait. Dans un discours
dur et ferme, il dénonce vivement la politique américaine
“hostile aux Arabes” et “favorable à l’Etat hébreu”. “Ce
qui a été pris par la force, dit-il, ne peut être récupéré
que par la force” et appelle à une “coopération continue
entre les pays arabes”.
M. As-Sahhaf cède, aussitôt, sa place à M. Youssef
Ben Alaoui Ben Abdallah, ministre omanais des A.E., qui présidera
cette 113ème session. Dans son discours, il rappelle que les pays
arabes demandent “une paix juste et globale, conformément aux résolutions
242 et 338 du Conseil de Sécurité. Dans le cadre de cette
rencontre, nous affirmons à ceux qui s’imaginent pouvoir brûler
la terre libanaise et tuer ses enfants et son peuple, qu’ils n’échapperont
pas au feu qu’ils auront allumé (...). La résistance du peuple
libanais contre l’occupation israélienne, poursuit-il, est un devoir
légal et un droit légitime; elle équivaut, dans son
essence, à la résistance des peuples d’Europe contre l’occupation
nazie.”
![]() Le président Emile Lahoud a remis au prince héritier de Qatar cheikh Jassem les insignes du Mérite libanais. |
![]() Le ministre Farouk Chareh à Baabda. |
LE LIBAN, FENÊTRE DES ARABES SUR LA CIVILISATION
Le prince héritier de Qatar, cheikh Jassem Ben Mohamed al-Thani,
est le troisième à prendre la parole. Il transmet, en premier
lieu, les salutations de l’émir, cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani
au “Liban pays frère” et appelle à l’octroi d’une aide matérielle
au pays des Cèdres. “Ma présence, parmi vous, dit-il, illustre
l’importance que mon pays accorde à l’unification des rangs arabes
et à l’action commune. De même, elle met en relief la place
privilégiée qu’occupe le Liban dans nos cœurs. Nous sommes
réunis à Beyrouth pour réaffirmer à nouveau
notre solidarité et notre soutien au Liban qui ne doit pas se limiter
aux seuls sentiments. Elle doit s’accompagner de l’octroi d’une aide susceptible
de permettre à son peuple de résister et de surmonter les
difficultés actuelles.
“Le Liban, poursuit-il, a toujours constitué la fenêtre
des Arabes sur la civilisation.”
HOSS: “L’IMPLANTATION, UNE BOMBE À RETARDEMENT”
Puis, la parole est donnée à M. Salim Hoss, Premier ministre
et ministre des A.E. du pays hôte. Dans la première partie
de son discours, il retrace les différentes agressions israéliennes
de ces dernières années contre le Liban en 1993, 96,... et
la plus récente du 7 au 8 février 2000, les pertes humaines
et dégâts matériels qui en ont résulté.
Il exprime, ensuite, l’attachement de Beyrouth aux “arrangements d’avril
96”. “La politique d’intimidation suivie par Israël, soutient-il,
ne pourra en aucun cas nous pousser à accepter une modification
de leur disposition.”
M. Hoss affirme l’attachement du Liban à la résistance
et aborde la question du retrait unilatéral de “Tsahal” du Sud.
“Cela, dit-il, pourrait être une manœuvre; quoi qu’il en soit, nous
souhaitons que ce retrait ait lieu à la suite d’un règlement
pacifique global dans le cadre de la concomitance des volets libanais et
syrien, car nous ne faisons pas confiance aux intentions israéliennes
en cas de retrait unilatéral.”
Il rappelle le refus du Liban de l’implantation palestinienne sur son
sol, reprenant les termes utilisés, à maintes reprises, par
le chef de l’Etat: “Si cette question n’est pas réglée, elle
sera une bombe à retardement qui menacera la paix au Liban et dans
la région.”
M. Hoss conclut: “Le Liban se tourne vers ses frères arabes,
pour qu’ils soient solidaires de sa cause en condamnant les agressions
et menaces israéliennes continues, en décidant l’octroi des
aides et le respect des promesses antérieures, afin de lui permettre
de faire face aux pertes matérielles humaines, économiques
énormes causées par l’agression.
“Nous espérons que les pays arabes frères seront prêts
à reconsidérer leurs liens avec Israël, y compris la
normalisation de leurs relations, ainsi que la participation aux négociations
multilatérales si l’Etat hébreu poursuit ses attaques contre
le Liban. Ceci serait un message, sans équivoque, à Israël
lui signifiant que l’agression contre le Liban serait dirigée contre
tous les Arabes.”
![]() Les délégations égyptienne et marocaine. |
![]() Le prince Séoud el-Fayçal. |
ABDEL-MAGID: UN MESSAGE À L’OPINION
INTERNATIONALE
Au tour de M. Esmat Abdel-Magid, secrétaire général
de la Ligue arabe, de prononcer son allocution, exprimant tout d’abord
sa joie et sa fierté pour la tenue de cette 113ème session
sur la terre libanaise et dans sa capitale Beyrouth “qui résiste
face aux forces de l’expansion et de l’agression, cette terre qui se dresse
tout haut par sa profonde civilisation et la ténacité de
ses fils. Cette rencontre de solidarité avec le Liban, poursuit-il,
vise à adresser un message clair à l’opinion internationale
pour affirmer qu’une paix juste et globale garantit la sécurité
de tous. Israël doit réaliser que la sécurité
qu’il prône, ne peut être imposée par la force, ou en
menaçant de brûler la terre du Liban, ou bien en se dérobant
de ses engagements et en créant des crises. Cette sécurité
n’est possible que par un engagement clair envers les fondements du processus
de Madrid de 1991 et sur la base des résolutions 242, 338 et 425
du Conseil de Sécurité de l’ONU.”
Les chefs des délégations des vingt-deux pays arabes
ayant participé à cette rencontre vont, à tour de
rôle, se succéder à la tribune.
Premier à s’exprimer, M. Farouk Chareh, ministre syrien des
A.E., sera bref mais plus que précis dans ses propos.
“Après cette réunion à Beyrouth, affirme-t-il,
Israël est, désormais, dans l’incapacité d’isoler le
Liban, quelle que soit la teneur de la dernière décision
de son gouvernement (...). Le Liban-Sud est devenu un symbole de la résistance
des Arabes et de leur dignité, la résistance libanaise à
l’occupation israélienne jouissant du soutien de tous les Arabes
sans exception.”
Cheikh Sabah al-Ahmed al-Jaber as-Sabbah, ministre koweitien des A.E.,
condamne vivement les agressions israéliennes contre le Liban et
rappelle la nécessité de venir en aide à ce pays frère
avant de conclure: “La paix dont nous avons fait un choix stratégique,
ne peut se réaliser que par la reprise des pourparlers sur tous
les volets, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité
de l’ONU. Elle doit être globale et équitable.”
SÉOUD EL-FAYÇAL: APPUI CONSTANT
AU LIBAN
L’émir Séoud el-Fayçal, chef de la diplomatie
séoudienne, entame son intervention en mettant l’accent sur le sens
et l’importance de la tenue de cette rencontre à Beyrouth, “étant
donné les défis et les menaces auxquels ce pays frère
fait face”. Il rappelle, ensuite, que le “royaume séoudite a une
politique constante d’appui et de soutien au Liban.
“La communauté internationale, poursuit-il, devrait, non seulement,
condamner les agressions israéliennes répétées
contre l’infrastructure et la population du Liban, mais, également,
prendre les mesures qui s’imposent pour mettre un terme à de telles
agressions.”
A propos de la décision du gouvernement israélien de
se retirer du Liban en juillet, il affirme: “La décision est importante,
mais doit être accueillie avec prudence et vigilance, afin de s’assurer
des véritables intentions de l’Etat hébreu. D’ailleurs, l’attitude
d’Israël à l’égard du Liban, ajoute-t-il, constitue
un test pour le sérieux et la crédibilité d’Israël
à l’égard de l’ensemble du processus de paix.
“La paix globale et durable, conclut-il, ne pourra se réaliser
que par la concomitance de tous les volets arabes des pourparlers.”
![]() Arrivée de cheikh Sabah al-Ahmed, ministre koweitien des A.E. |
![]() Le ministre omanais a présidé la 113ème session, portant la tenue officielle et le poignard à la hanche. |
AMR MOUSSA, POUR UN SOMMET ARABE
M. Amr Moussa, ministre égyptien des A.E., évoque, lui
aussi, la question du retrait israélien du Liban-Sud: “Cette décision
est judicieuse, dit-il, mais doit avoir lieu dans le cadre de l’application
des résolutions 425 et 426 du Conseil de Sécurité.”
Parlant de la situation qui prévaut au Liban-Sud, il affirme:
“Tant qu’il y a une occupation, il y aura une résistance. C’est
une position immuable à laquelle nul ne saurait s’opposer.”
En conclusion, M. Moussa appelle “à la tenue prochaine d’un
sommet, dans l’espoir de réunir tous les Arabes, afin de parvenir
à une vision d’avenir dans les domaines politique, économique
et sécuritaire, à la lumière des changements radicaux
qui toucheront le monde et la région.”
Toutes les autres interventions tourneront autour de ces mêmes
thèmes, exprimant une pleine solidarité avec le Liban, une
nette condamnation des agressions et menaces israéliennes, un attachement
au processus de paix selon les normes internationales et la simultanéité
des négociations par rapport aux volets libanais, syrien et palestinien.
SÉANCE À HUIS CLOS ET CLÔTURE
La séance d’ouverture est levée autour de 15h15. Les
chefs et membres des délégations sont les hôtes à
déjeuner du Premier ministre Salim Hoss, dans l’une des fastueuses
salles du Sérail. Y ont pris part, aussi, les présidents
des Ordres de la Presse et des journalistes MM. Mohamed Baalbaki et Melhem
Karam; les rédacteurs en chef des médias et certains ministres.
Quant aux journalistes, et reporters, ils ont eu droit à un buffet
préparé par “Mie dorée”.
Point de repos pour les participants. Juste après le déjeuner,
la séance à huis clos s’est ouverte à 16h30 et durera
jusqu’à 19h30. Elle est consacrée à l’étude
du document de travail présenté par le Liban et à
l’élaboration du texte du communiqué final.
A noter qu’entre les deux séances, l’émir Séoud
el-Fayçal, MM. Farouk Chareh et Amr Moussa ont tenu une réunion
pour rapprocher les points de vue et aboutir à un dénominateur
commun.
Pour les journalistes, l’attente commence et les spéculations
vont bon train. Les ministres arabes vont-ils se mettre d’accord? Y a-t-il
des divergences? Le communiqué final sera-t-il diffusé ce
soir ou bien le travail se prolongera-t-il jusqu’à dimanche?
Les choses en sont à ce point au moment où le ministre
syrien des A.E. quitte la réunion peu après 18 heures. M.
Chareh est, alors, littéralement assailli par les journalistes au
grand désespoir du service de sécurité.
M. Chareh se contente de dire qu’il a quitté, “car il a un contact
à faire, qu’il n’y a pas de divergences mais que le communiqué
final ne sera pas publié ce soir.”
Le même scénario se répète, lorsqu’un peu
plus tard, le prince héritier de Qatar sort de la réunion.
Le service d’ordre lui fraye, difficilement, un passage parmi les journalistes
désireux d’avoir plus d’informations. Cheikh Jassem répond
“qu’il s’est retiré, car il a un rendez-vous avec le chef de l’Etat
à Baabda.”
Le troisième ministre à sortir est l’Emirati qui nie
l’existence de divergences. A partir de 19h10, les ministres commencent
à quitter, signe que la séance est levée.
A 19h30, le Premier ministre Salim Hoss, le secrétaire général
de la Ligue arabe Esmat Abdel-Magid et le président de la 113ème
session, le ministre omanais des A.E. Youssef Ben Alaoui Ben Abdallah donnent
lecture du communiqué final devant un parterre impressionnant de
représentants des médias, dans une des grandes salles du
Grand Sérail.
Le soir, les ministres arabes des A.E. étaient les hôtes
à dîner du chef de l’Etat au palais présidentiel, en
présence d’un grand nombre d’officiels.
MELHEM KARAM:“L’AUBE DE LA LIBERTÉ SE LÈVERA, SI LONGUE QUE SOIT LA NUIT DE L’OCCUPATION” A l’occasion de l’anniversaire du 14 mars, journée de solidarité
avec la cause du Liban-Sud et de la Békaa-ouest, M. Melhem Karam,
vice-président de l’Union des journalistes arabes, président
de l’Ordre des journalistes libanais, a salué “la prise de position
historique et nationale des dignitaires de l’Etat ayant à leur tête
un chef transcendant, nationaliste dans ses aspirations, le président
Emile Lahoud, ainsi que le peuple, la Résistance et l’Armée.
Ils ont pu par leurs sacrifices et l’unité de leur attitude, infliger
une défaite à l’occupant israélien qui se prépare
à se retirer du territoire libanais, dans l’une des plus importantes
démonstrations des partisans de la liberté, de la dignité
et du droit, contre l’occupant tyrannique qui renie tous les pactes, les
normes internationales et la Charte internationale des droits de l’homme,
tout en se vantant de pratiquer une démocratie falsifiée,
dont le masque est tombé à Cana, à Al-Mansouri, à
Nabatieh Faouka, Saïda et Arab Salim.
HOMMAGE À L’ARMÉE ET À
LA RÉSISTANCE
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