Editorial



Par MELHEM KARAM 

UNE INITIATIVE QUI SE RENFORCE PAR LES ESPOIRS...
SERA-T-ELLE CONSACRÉE PAR LES ACTES?

Plus grandes qu’une recommandation et plus importantes qu’un message, comme nous nous y attendions. Ainsi ont été les résolutions de la conférence des ministres arabes des Affaires étrangères ayant tenu ses assises samedi 11 mars 2000 à Beyrouth. Qu’importe si la conférence s’est limitée à un jour au lieu de deux, comme cela était prévu? Qu’importe, disons-nous, car ce qui importe ce sont les résolutions, non le temps mis pour les adopter.
Et les résolutions étaient, pour l’une des rares fois, d’un niveau plus élevé que la limite minima de la solidarité arabe. Etant entendu que les résolutions, restent il n’y a pas de mal à dire la vérité, en-deçà de la limité maxima de cette solidarité.
Puis, les choses étaient attendues. Nul ne s’imaginait que des Etats arabes pouvaient manifester de la réserve à l’égard de la “Résistance” et de son droit à résister. Et nul ne s’attendait que les Arabes disent des paroles autres que celles qui ont été dites, jusqu’à ce jour, sur l’unité des deux styles.
Cependant, n’aurait-il pas été préférable que les paroles sur la normalisation eussent été plus fermes et plus claires, telles celles qui ont été dites autour de l’implantation? Comme si les Arabes étaient deux sortes d’Arabes et davantage, dans la position envers le conflit arabo-israélien!
Est-ce trop demander? - Non, pas du tout. La situation des Arabes, aujourd’hui, exige une attitude plus ferme que jamais. Surtout que l’opinion publique internationale et l’opinion publique européenne, spécialement, paraissent plus enclines vers Israël que vers les Arabes.
Il en est ainsi avec les socialistes en France. Avec les socialistes en Italie et les socialistes en Grande-Bretagne sous le gouvernement de Tony Blair.
Ce qu’a dit Gérard Bapt à Beyrouth, et il mérite qu’il soit discuté, est le même que ce qu’avait dit, quelques jours plus tôt, Lionel Jospin au Proche-Orient. Bien qu’il se soit contenté de qualifier de “guerrières” les opérations du “Hezbollah” au lieu d’utiliser le terme “terroristes”, ainsi que l’avait fait Jospin après son lapsus linguae, comme on le relève dans le titre du journal “Le Monde”.
On dirait que la chance du Proche-Orient avec les socialistes français n’est pas grande. En 1924, le “Cartel de gauche” a réussi, ce qui nous a valu au Liban un Haut commissaire comme le général Sarrail. En 1956, les socialistes sous le leadership de Guy Mollet, ont pris le pouvoir français et les radicaux, sous la conduite de Pierre Mendès France, leader des “jeunes barbus”, héritier d’Edouard Herriot, leader des “vieux barbus”.
Il y a eu la campagne de Suez qui a tenté de renverser le pouvoir de Gamal Abdel-Nasser parce qu’il avait nationalisé le Canal. Sans l’Union soviétique, alors amie des Arabes et sans les Américains qui ambitionnaient de supplanter l’Ancien monde dans cet Orient, nul n’aurait pu prévoir ce qu’auraient été, à l’époque, les conséquences.
Aujourd’hui, au temps de la cohabitation en France et au temps des socialistes en la personne de Lionel Jospin à la tête du gouvernement, des paroles que l’on connaît ont été dites, ayant provoqué le comportement des mécontents de Tulkarm à l’université de Bir Zeit. Nous sommes portés, dans le contexte de cette analyse, à poser une seconde fois la question à Gérard Bapt: Nous était-il possible de demander à la Résistance française de supprimer l’arme de la résistance, parce que les Alliés avaient débarqué en Normandie en 1944? Ce jour-là, le général de Gaulle constituait son gouvernement à Alger, avant de gagner Paris pour parachever l’opération de la libération de la capitale française par les soins de ses fils.
Car les soldats nazis avaient occupé les trois cinquièmes du territoire français, avant d’étendre leur occupation à l’ensemble de l’Hexagone. Etait-il possible de demander à la Résistance et à de Gaulle d’arrêter les opérations de la Résistance, parce que les Alliés avaient débarqué en Normandie, pour que nous puissions demander à la Résistance au Liban-Sud d’arrêter ses opérations, parce qu’Israël a promis de se retirer en juillet prochain? Les expériences ne nous permettent pas du tout d’adopter une telle logique.
L’attachement à “l’arrangement d’avril” et la France le sait, parce qu’elle en est un membre essentiel et parce que son ministre des Affaires étrangères de droite, Hervé de Charette, est l’un de ses principaux rédacteurs, l’attachement à “l’arrangement d’avril”, disons-nous, était une position nécessaire et sage, adoptée par les ministres arabes des Affaires étrangères qui en ont fait l’une de leurs résolutions de base lors de leurs assises beyrouthines.
Nous aurions souhaité et puissent les souhaits devenir réalité, que les Arabes voient au-delà de la paix à travers la paix elle-même, pour dire qu’elle est plus grande que leur intérêt et que la recherche d’un rôle. Car la bataille de la paix est une bataille arabo-israélienne au plan arabe. C’est une bataille arabo-arabe dans la vision des Arabes au-delà de la paix.
La conférence a donné, avec une mentalité positive, ce qu’elle a pu donner; ce qui n’est pas peu. Avec l’espoir que les Arabes soient au niveau des grands défis qu’ils vivent ces temps-ci, en prévision de leurs rencontres et résolutions futures, bien que le sommet ne soit pas proche.
Nous ne savons quoi dire de ces aides financières qui restent une promesse à respecter et à tenir. 

Photo Melhem Karam

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