Le cadre était d’un sublime dépouillement. Bâtie en 1862, l’église fut totalement pillée et détruite durant les années de guerre. Dernièrement, ses murs furent magnifiquement restaurés, mais l’intérieur est vide et même le sol n’est toujours pas dallé. Il y règne, je ne sais quoi de mystique qui vous décroche du monde de la matière.
Feyrouz en communion totale avec la Passion du Christ.
FEYROUZ UNE FIGURINE VÊTUE DE NOIR
Dans ce cadre d’une sublime sobriété, ayant pour seul
décor une grande croix en laser illuminant le mur central, en dessous,
à la place de l’autel, une énorme boule de fil barbelé
rappelant la couronne d’épines du Christ, à côté,
trente-trois cierges symbolisant son âge et un prie-Dieu recouvert
d’un linceul rouge, où Feyrouz, vénérable, simple,
telle une figurine vêtue de noir, s’est agenouillée et a entonné,
accompagnée de sa chorale, les plus beaux chants sacrés des
rites maronite, syriaque et byzantin.
Une foule émue, massée à l’intérieur et
à l’extérieur de l’église (plus de mille personnes)
l’a accompagnée avec ferveur. Sa voix de plus en plus pure, limpide,
puissante et pathétique comme venant du ciel, a chanté la
passion et la mort du Christ. Nos larmes ont coulé quand elle a
chanté: “Aujourd’hui il fut crucifié, “? Mère du Christ”,
“Mon Bien-aimé, dans quel état es-tu”, “Je suis la Mère
affligée”, “Mon Peuple et ami”, etc.
La foule l’a religieusement accompagnée, a prié avec
elle et l’a longuement applaudie et ovationnée.
La dame en noir, altière et émue a salué et remercié
avant de quitter sur un long tapis rouge déroulé sur les
amas de pierres.
Ses fans et fidèles n’ont pas hésité à
grimper sur les colonnes et balustrades pour mieux l’apercevoir et l’acclamer.
Croyante, Feyrouz a su, grâce à sa voix unique, encore plus
envoûtante par l’effet de la prière et des chants religieux,
faire passer dans le cœur de tous le message du Christ, son amour et la
pérennité du christianisme dans un Liban multiconfessionnel.